Chapitre 22

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Le suspect avait fini par avouer et il avait été déféré. La journée de travail tirait à sa fin et les policiers quittaient le commissariat les uns après les autres. Cassandre n'était pas ressortie de son bureau. Avant de partir, Pascal alla la voir. Cassandre était absorbée par la paperasse accumulée sur son bureau. Il frappa à la porte ouverte, elle releva la tête.

- Il ne reste plus que vous, commissaire.

- Ah ? bien, je fermerai, vous pouvez y aller.

Voyant qu'il ne bougeait pas :

- Il y a un problème, capitaine ?

- Je ne sais pas, à vous de me le dire... Est-ce que ça va ?

- Oui, souffla-t-elle pour le rassurer devant sa mine inquiète. Mais je dois finir ça avant de rentrer.

- Ça peut peut-être attendre demain ?

- Ou pas !

- Est-ce que ça veut dire que vous avez pris votre décision ?

- Pascal, arrêtez de me mettre la pression, ça ne m'aide pas !

- Désolé, fit-il d'un air penaud. Il ne savait pas quoi faire. Insister ne semblait pas une bonne idée... Ne rien faire ? Elle coupa court à ses hésitations :

- Bonne soirée, Pascal ! Elle le fichait clairement à la porte...

- Bonne soirée, commissaire, conclut-il d'un air déçu.

Le lendemain matin, la journée commença tôt. Un indic venait de fournir une information importante, Cassandre réunit son équipe dans son bureau pour mettre au point l'organisation de la matinée. Il fallait commencer par interpeller deux suspects pour les interroger.

Là, Cassandre marqua un temps d'arrêt. Tout le monde s'en rendit compte, mais personne ne broncha. Les policiers étaient suspendus à la décision de leur commissaire. Pascal se garda bien d'intervenir cette fois, c'était à elle de prendre la décision, il ne pouvait pas lui forcer la main à chaque fois. Leurs regards se croisèrent. Florence lut de l'inquiétude dans celui de Pascal et de ses collègues.

- OK, Jean-Paul et Nicky vous vous chargez de Husson. Pascal, vous venez avec moi, on va cueillir Tessier !

Elle y participait : le soulagement de chacun était perceptible et n'échappa pas à Cassandre, mais elle n'en montra rien.

L'intervention se déroula sans anicroche et les interrogatoires qui suivirent les interpellations furent fructueux. Cassandre annonça qu'elle allait au palais de justice voir le procureur pour faire le point.

- Pascal, vous venez avec moi !

Tout le monde fut surpris. Et inquiet, elle n'avait nullement besoin de la présence de Pascal s'il s'agissait simplement de faire le point sur l'enquête en cours ; un simple coup de téléphone aurait même pu suffire. Mais le procureur avait toujours la lettre de démission de Cassandre et le délai de réflexion qu'il lui avait octroyé tirait à sa fin. Fallait-il y voir un lien ? Cette question trotta dans la tête de chacun, mais personne n'osa la poser. Surtout de peur que la réponse ne leur plaise pas...C'est Pascal qui s'y colla :

- Pourquoi ? Vous n'avez pas besoin de moi, pour ça...

- Parce que je vous le demande, capitaine. Considérez ça comme un ordre !

Il n'eut pas d'autre choix que de la suivre.

Dans la voiture, Pascal n'osa pas demander davantage d'explication. Cassandre semblait déjà suffisamment nerveuse comme ça. Inutile d'en rajouter, elle le lui avait clairement fait comprendre la veille. Alors le trajet jusqu'au palais de justice se déroula dans un silence pesant.

Dans le bureau du procureur, après les salutations d'usage, Florence fit le point sur l'enquête en cours. Puis, inévitablement, le procureur posa LA question :

- Bien, commissaire, maintenant il va falloir prendre une décision ferme et définitive. Cette lettre de démission ? je la transmets ou je la déchire ?

Le temps que Florence mit à répondre parut une éternité à Pascal. Il avait pratiquement arrêté de respirer tellement il redoutait la réponse.

Florence afficha un sourire et annonça :

- Je crois que vous allez devoir me supporter encore un peu...vous pouvez la déchirer !

Le procureur sourit à son tour. Pascal n'essaya même pas de masquer son soupir de soulagement. Florence se tourna alors vers lui, elle vit son visage se détendre, un sourire l'illuminer et son regard intense rempli de tendresse. Une sensation de sérénité l'envahit. Elle avait pris la bonne décision, elle en était certaine maintenant.

Les deux policiers quittèrent le bureau. Dans l'escalier qui les menait vers la sortie, Florence saisit le bras de Pascal pour passer le sien dessous. Pascal se tourna vers elle, avec un large sourire que Florence lui rendit. Ils étaient en train de retrouver cette complicité qui leur avait tant manqué à tous les deux ces dernières semaines.

En bas de l'escalier, Florence retira son bras et se planta face à Pascal, l'air sérieux. Brutalement, Pascal prit peur. Avait-il rêvé cette proximité retrouvée ? Florence perçut le voile de tristesse qui venait d'obscurcir le regard de Pascal, elle lui sourit tendrement pour le rassurer.

- Je voulais seulement vous remercier, encore une fois. D'avoir été là, malgré tout...

Cette fois, ce fut le regard de Florence qui se voila.

- Ah, non, Florence, vous n'allez pas revenir là-dessus !

- Je n'ai rien dit...

- Non, mais vous l'avez pensé très fort !

- Parce que vous lisez dans mes pensées maintenant ? répondit-elle en retrouvant le sourire.

- Si seulement ! fit-il en souriant également.

Florence leva les yeux au ciel, secoua la tête et ils éclatèrent de rire tous les deux.

Dans le hall du palais de justice, leur éclat de rire résonna et fit se retourner les quelques personnes qui se trouvaient là. Le bonheur et la complicité qui se dégageaient de ce couple faisait plaisir à voir !

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