7. No one knows - Queens of The Stone Age

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Scorpius secoua la tête comme pour se réveiller puis, sans réfléchir, il abandonna ses affaires pour se lancer à sa poursuite.

   - Rose ! appela-t-il.

Elle marchait au pas de course, les talons de ses chaussures martelant la pierre et ses boucles rebondissant dans son dos.

    - Par Merlin, Weasley ! Laisse-moi t'expliquer !

Il venait de parvenir à sa hauteur quand elle fit volte-face. Elle était suffisamment proche de lui pour qu'il puisse compter les taches de rousseur éclaboussant ses pommettes. Ses yeux lançaient des éclairs.

    - Mais m'expliquer quoi ! Ça me parait plutôt clair !

    - Non justement ! Tu crois franchement qu'Albus serait devenu mon meilleur ami si j'étais vraiment l'abruti que tu penses que je suis ?

L'argument fit mouche assez longtemps pour qu'il puisse s'engouffrer dans la brèche.

    - J'avais onze ans. J'étais con et influençable. Mon grand-père...

Scorpius passa la main dans ses cheveux. Par Merlin, il avait redouté que ce soit ça qui ait provoqué sa rancune. Mais il avait été tellement persuadé que tout ce temps passé avait réussi à gommer cet ignoble souvenir, à inverser l'impression qu'il avait donné à l'époque...

Il se revit, quelques jours après leur rentrée en première année, accompagnant Albus jusqu'à la bibliothèque pour retrouver sa cousine. Il lui avait parlé d'elle avec engouement, que trop ravi de lui présenter. Quand ils étaient parvenus jusqu'à elle, Scorpius avait découvert une gamine à l'épaisse chevelure rousse et aux joues rebondies. Elle l'avait accueilli avec un large sourire dévoilant ses dents traversées d'un étrange chemin de métal. Pendant près d'une heure, Scorpius était resté silencieux, imperméable aux rires de ses compagnons, mais elle n'avait pas paru se décourager et s'était évertué à essayer de l'intégrer à leurs bavardages.

Jusqu'à ce que la conversation ne dévie sur la culture moldue, dont leur grand-père commun était passionné.

Ce qu'il avait été stupide... À l'époque, il venait de passer une bonne partie de l'été chez Lucius et Narcissa Malefoy. Et Lucius lui avait longuement narré ce qu'avait été leur famille, la décrivant comme une merveille d'élégance et de raffinement, puis leur déchéance, en insufflant tout son ressentiment dans ses propos. Et surtout, il avait voulu lui inculquer ses abominables convictions sang-pur. Du haut de ses onze ans, Scorpius n'avait pas remarqué que son grand-père ne lui parlait de cela que lorsqu'ils étaient seuls, loin des oreilles de Narcissa, Drago ou Astoria. Il avait été terriblement malléable. Et il avait prononcé ces mots. Il avait prononcé ces mots abjects devant Rose, une sang-mêlé dont la mère née-moldue avait subi le cruel racisme lié à son statut pendant la guerre, dont les grands-parents maternels étaient d'humbles dentistes moldus.

    - Mon grand-père m'avait monté la tête. Rose, je suis sincèrement désolé d'avoir dit ça. Ce n'étaient pas mes mots. Je ne pense pas comme ça. Je ne suis pas comme ça.

Elle le toisa. Il était sincère. Plus que sincère. S'il avait su, il lui aurait présenté des excuses depuis bien longtemps.

    - Ça ne change rien, déclara-t-elle malgré tout, en croisant les bras et en pinçant les lèvres.

Son ton claqua avec la dureté d'un fouet. Scorpius contracta la mâchoire. À quoi bon se justifier ? Tous les mots, toutes les excuses qu'il pourrait prononcer, aussi franches soient-elles, ne changeraient rien. Tout simplement parce qu'elle ne voulait pas changer d'avis sur lui.

L'enfer est pavé de pommesWhere stories live. Discover now