17. Perth - Bon Iver

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Il n'arrivait pas à sortir Rose de sa tête. Peu importait que ce soit lui qui ait instauré une nouvelle distance entre eux, Scorpius était tout bonnement incapable de cesser de penser à elle. Merlin seul savait pourtant ce qu'elle pouvait l'exaspérer...

À plusieurs reprises, il se demanda s'il avait eu raison de s'éloigner un peu. Surtout lorsqu'il voyait le préfet-en-chef lui tourner autour. Toutefois, il savait qu'il n'était pas encore prêt, qu'il avait besoin de prendre un peu de recul sous peine de s'oublier complètement. Et puis, il continuait à veiller sur elle de loin, ce n'était pas comme s'il l'ignorait purement et simplement. Cela lui avait permis de remarquer que Hugo et elle paraissaient plus proches que jamais, ce qui semblait leur profiter à tous les deux. Seul Albus avait l'air dérouté.

    - Tu crois que Rose m'en veut parce que je sors avec Kathryn ?

Ils venaient de terminer leur entraînement hebdomadaire et remontaient en direction du château. La pluie qui avait perduré pendant toute une semaine s'était calmée, ne laissant plus que quelques nuages dans le ciel. Ces derniers s'y attardaient paresseusement, vidés de toute leur énergie à arroser la terre. L'Écosse ressortait purifiée de ce déluge. Les nuances prédominantes de vert et de bleu resplendissaient sous la lumière encore timide du soleil et ce cadre idyllique était encore plus éclatant en fin de journée, quand s'ajoutaient les couleurs chatoyantes du crépuscule. Poudlard était un écrin de beauté.

    - Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'étonna Scorpius, haussant légèrement les sourcils.

    - Je ne la vois quasiment plus ces derniers temps...

    - Elle est souvent avec Hugo. Et toi avec Kathryn.

    - Ouais... on t'abandonne un peu, résuma Albus avec une expression empreinte de gêne.

Il était vrai que Scorpius passait plus de temps seul cette année que toutes les précédentes. Mais cela ne l'ennuyait pas.

    - J'ai grandi dans un manoir pour moi tout seul, s'esclaffa-t-il, je sais m'autogérer. Je t'en veux pas de passer du temps avec ta copine. Je te lâcherai sans scrupule quand j'en aurai une.

Albus le poussa d'une bourrade et ils éclatèrent de rire.

    - D'ailleurs... comment ça se passe avec Rose ? interrogea le jeune Potter d'un ton qui se voulait dégagé.

    - Ah, Rose... soupira Scorpius.

Il se passa une main dans les cheveux, les yeux fixés sur la pelouse.

    - Honnêtement, je ne sais pas ce que je suis censé faire... Quand je lui ai dit de prendre tout le temps qu'il lui fallait pour réfléchir, je savais qu'elle pouvait autant me dire « ok, on essaye » que « non, je ne veux pas aller plus loin ». Mais je ne me suis pas rendu compte qu'au fond de moi, je pensais déjà avoir une chance. J'avais l'impression que notre relation évoluait réellement. Et que... peut-être... elle ressentait la même chose que moi, mais qu'elle avait besoin de plus de temps pour l'accepter.

Scorpius se débattait avec les mots. Il avait toutes les peines du monde à analyser et exprimer clairement le fatras qu'était devenu son esprit.

    - En fait, je me suis aperçu que j'avais beau me répéter qu'elle pouvait toujours m'envoyer promener, que c'était sa décision et son droit, j'arrivais pas à ne pas espérer. Et à penser comme ça, ça me fait de plus en plus de mal, parce que malgré tout, plus ça va et plus je doute que ce soit réciproque. Je me suis déjà trop accroché, tu vois ?

Sans l'avoir vraiment décidé, ils s'étaient tous les deux arrêtés. Quelques mètres les séparaient encore de l'entrée du château. Scorpius se frotta la nuque, soudainement embarrassé d'avoir confié tout cela. Albus n'arrangeait rien en le dévisageant, l'air décontenancé.

L'enfer est pavé de pommesWhere stories live. Discover now