Chapitre 5

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⚠️⚠️ Propos ou actes pouvant heurter votre sensibilité, je vous ai prévenue. Je suis responsable de ce que j'écris pas de ce que vous lisez⚠️⚠️

Je referme aussi doucement que possible la porte d'entrée puis sur la pointe des pieds j'avance dans le noir. Je ne suis pas rentré tout de suite après que nous avons découvert la boussole, j'ai traîné, enfin plutôt erré c'est le terme qui convient le mieux quand on ne sait pas quoi faire et où aller.

La lumière du salon s'allume sur ma mère en peignoir, les cernes lui tombent jusqu'aux chevilles, son chignon qui d'habitude est impeccable est défait, son regard est aussi noir que mon sous-vêtement. Par contre, aucune ride visible. Je soupire déjà au savon qu'elle va me passer.

— Où étais-tu ?

— Partout et nulle part à la fois.

— Tu pars chez les Cameron pour dîner, je t'ordonne de revenir juste après pour rencontrer ton avenir et tu disparais jusqu'à minuit ?! Sort de ses gongs ma mère. C'est ton avenir qui est en jeu Aïkida quand est-ce que tu vas le comprendre ?! Je m'efforce à ce que tu ne manques de rien et tu n'arrives pas à rentrer à l'heure ! Tu es privée de sortie. Tu resteras ici sous nouvel ordre.

— Non ! Tu ne peux pas faire ça !

— Je suis ta mère ! Sa voix part dans les aigus. Tu ne me réponds pas ! J'ai eu honte aux côtés de monsieur Kolmer ! Te rends-tu comptes de ce que tu as fait ?! Ton avenir était servi sur un plateau d'argent !

— Mon avenir je te le fou dans le cul aussi profondément que possible ! Craquais-je.

Ma tête tourne sur le côté, ma joue me brûle. Ma propre mère vient de lever la main sur moi ?

— J'ai honte un peu plus chaque jour de ce que tu deviens. Crache sans vergogne ce qui me sert de mère. Monte dans ta chambre.

Je cours jusqu'à cette dernière ou mon frère m'attends. Je claque la porte derrière moi et je me jette sur lui. Il m'entoure de ses bras protecteurs.

— Où étais-tu ? Je t'ai cherché de partout.

— Est-ce vraiment important ?

Il se met à souffler mais ne bouge pas pour autant.

— Je n'ai pas honte de toi, moi. Reste comme tu es et tout se passera bien.

Je sanglote mouillant son tee-shirt au passage. Sa main caresse doucement mes cheveux.

— Maman n'est pas autant dure avec toi. Tu ne peux pas comprendre.

— Parce que je fais tout pour ne pas la contrarier.

— Je ne suis pas un mouton Topper. Je n'ai pas envie d'être celle qu'elle a envie que je sois. Tu devrais rester toi-même, comme maintenant et pas être ce connard avec tout le monde.

— Tu veux dire les Pogues ? J'ai bien vu ton regard quand je me battais avec John B.

— Tu aurais pu le tuer. Et je ne sais même pas si tu en aurais été capable.

Il se détache de moi les sourcils froncés.

— Tu penses vraiment ce que tu dis ?

— Topper, quand il s'agit d'eux tu es complètement différent et aveugle.

— Tu n'essaies pas de les défendre par hasard ?

Il secoue légèrement la tête lorsqu'il se rend compte que je ne lui répondrai pas puis il sort de la chambre sans un mot. Je continue à pleurer m'adossant à la porte.

Je fais honte à ma mère.
Je me faisais déjà honte de moi-même depuis trois ans mais je ne pensais pas qu'un jour je ferais honte à quelqu'un d'autre qu'à moi-même. Sûrement pas à ma mère. De la chair et de mon sang.

J'essuie d'un revers de main mes larmes et je me traîne à quatre pattes jusqu'à ma table de nuit où je déniche un briquet. Beaucoup trop de sentiments me submergent depuis le début de l'après-midi. Je me dois de les canaliser. Je baisse mon pantalon puis j'écarte les jambes pour regarder la tâche qui déforme ma peau sur ma cuisse. J'allume le briquet et je l'approche de ma tâche. Lorsque le feu entre en contact avec ma peau, je sers les dents. Personne n'ira regarder ici, personne à part moi. Ni vue, ni connue. Merci la série qui m'a montré cette idée.

La douleur surpasse mes sentiments comme un calmant.
Elle peut être accablante, en grandissant je n'ai jamais su trouver ma voie, alors j'ai trouvé cette astuce. Je me sens souvent médiocre et toujours perdue. Je n'ai jamais compté pour personne depuis bien longtemps.

Je sais que ce n'est pas bon ce que je fais, que c'est mal. Que ça ne m'aide pas au contraire, mais c'est ma seule échappatoire.

La douleur physique est-elle plus grave que celle psychologique ? Pour une personne normale je pense qu'elle choisirait la douleur psychologique qui est la plus grave, mais pour moi c'est celle physique, je me dois d'y croire pour ne pas souffrir, après chaque personne est différente.

Je me relève remettant le briquet à sa place. J'attrape de nouveaux vêtements pour les remplacer d'avec ceux d'aujourd'hui. Ce soir, je ne dormirais pas ici.

J'ouvre ma fenêtre avant de me glisser dehors. Bon dieu c'est haut. J'attrape la branche d'arbre en face de moi et je mis pends jusqu'à arriver sur une branche solide ou je descends avec une facilité dont j'ai acquise durant les nombreux murs que j'ai effectués au cours de ma vie. Je finis par avancer à travers le jardin.

Bientôt trois ans que je me brûle et toujours au même endroit, prétextant une tache de naissance. Une raison particulière ? Oui bien que cette brûlure me permet de me canaliser, j'arrive à le faire lorsque mes pensées dérivent sur la soirée ou tout a commencé. Une soirée où tout a changé. Une soirée dont je ne me souviens de rien.

Mes pieds ont fini par me conduire sur le proche de John B. Je soupire avant de faire demi-tour.

— Kida ?

Outer Banks - Tome 1Where stories live. Discover now