Chapitre 9

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— Vas-y, ils te rattraperont.

— Toi d'abord.

— Je passerais après toi. Grouille-toi.

   Je me mords la lèvre quelques secondes ne bougeant pas d'un pouce puis je passe la moitié de mon corps à travers la fenêtre et de gros bras musclés m'attrapent par les aisselles, il me tire à travers la fenêtre puis une fois sortie en entière, il me stabilise pour que je me remette sur pied.

— Merci. Murmurais-je par peur qu'ils nous entendent.

   Le blond hoche simplement la tête puis John B qui venait lui aussi de sortir attrape ma main et nous courons jusqu'au poulailler. Une fois à l'intérieur, je me retrouve entre Kiara et JJ. La pogue pleure déjà tandis que mes larmes à moi commencent à couler, j'ai essayé de les retenir comme je pouvais, mais trop d'émotions traversent mon corps en peu de temps. Je vais faire une overdose d'émotion si je ne les canalise pas en douleur. Des sanglots traversent ma bouche sans que je puisse les retenir. Kiara attrape ma main dans la sienne nous soutenant toutes les deux.

— Putain Pope fait lui fermer sa gueule...

— Je fais comment ?!

— Caresse le, parle le lui, fais quelque chose ! Couine Kiara resserre sa main dans la mienne.

   JJ attrape le poulet avant de lui tordre le cou. Je ferme les yeux en essayant d'enlever ses images de ma tête. Un autre sanglot arrive dans ma gorge mais emmitouflé par la main de quelqu'un sur ma bouche. J'ouvre doucement les yeux pour rencontrer ceux du blond, ils sont magnifiques. Son torse est collé contre mon bras et sa main ne bouge pas de ma bouche, j'attrape son bras de ma main libre comme si c'était un porte-bonheur. Son autre bras, il le pose sur mes épaules me rapprochant encore plus de lui.

   Pour la première fois je n'ai pas peur d'un contact et qui au contraire m'apaise.

   Kiara quant à elle ne semble pas avoir besoin de quelqu'un puisqu'elle ne fait aucun bruit. Puis mes yeux se baissent sur nos mains puis sur la sienne de libre, enfin plus très libre puisqu'elle est dans celle de John B.

— Bon Ratter qu'est-ce que tu fous on y va !

   La voiture démarre et s'en va sans plus de cérémonie. Nous ne bougeons pas pendant quelques minutes, voulant être sûr qu'ils soient partis.

   Mon cœur continue à marteler ma cage thoracique tandis que mes poumons ne semblent plus fonctionner normalement. Je pousse de toutes mes forces JJ pour qu'il me lâche et je sors le plus vite possible en dehors du poulailler cherchant ma respiration.

   Je tourne en rond me tenant les cheveux. Ils sortent tous un par un sans un mot m'observant comme si j'étais un alien.

   Celle qui fait un pas vers moi et ensuite me prend dans ses bras c'est Kiara. J'accepte volontiers l'encerclant de mes bras. Elle continue à pleurer sur mon épaule et je fais de même. Après une grosse minute nous sommes calmées alors nous nous séparons.

— Ça va aller Kida ? Demande Kiara.

— Vous vous êtes donné le mot pour me surnommer ou quoi ? Essayais-je rire.

   Apparemment ils ne sont pas dupes de mon état parce que personne ne rit, tous restent sérieux.

— Pauvre poulet...

   Ah ! Cette fois JJ esquisse un tout petit sourire suffisant pour que je le remarque.

— Écoutez... Vous avez peut-être l'habitude mais pas moi... Vous êtes super gentils et même si je ne fais pas partie de votre bande vous ne m'avez abandonné à aucun moment depuis ce matin et je vous remercie... Toute cette merde nous a sûrement un peu rapproché mais là... Je... Ça fait beaucoup depuis hier et je ne suis pas sûr de le supporter...

   Je renifle le moins gracieusement possible. Mes émotions s'embrouillent, il faut que je m'en débarrasse.

— Attendez cinq minutes je reviens.

   Je les laisse en plan et je cours dans la maison, je fouille des tiroirs et au bout du cinquième j'en ressors des allumettes. Ça fera l'affaire. Je baisse mon pantalon, m'assoie au sol et j'en fais craquer une. Je ferme les yeux lorsque le feu mord ma chair. Je ne grimace pas, j'ai l'habitude. Après que mes émotions soient remises à zéro je me relève, je remets mon pantalon puis je jette l'allumette.

   Lorsque je les retrouve, ils sont dans le vanne qui est en marche.

— Tu montes ?

   Je lui souris et je m'installe à l'arrière. Je croise le regard de JJ mais très vite il le détourne. Je fronce légèrement les sourcils. Pas son genre de fuir alors sûrement pas un regard.

— Ça paraît évident non ? Il rentre sur la route. Un héritage familial. Il n'y a pas de meilleur endroit pour cacher un message, il savait que la boussole me reviendrait.

— Ouais c'est possible. Conçoit Kiara.

— Ou alors t'es en train de te construire un scénario pour te sentir mieux. Pour éviter de tomber dans la dépression. Annonce Pope sans détour.

— Vous savez ce que je fais quand je suis déprimé ? De la bonne weed et un bon gros joint et tout va beaucoup mieux.

   Je baisse légèrement les yeux vers ma cuisse à fleur de peau suite au traitement que je lui ai donné.

— Nous avons chacun nos astuces. Soufflais-je peux sûr que quelqu'un l'entende.

— Il a utilisé la boussole pour m'envoyer un message.

— Si ça te permet d'y croire... Concède Kiara.

— Eh ça va je n'ai pas besoin d'une psychothérapie je ne suis pas en train de délirer.

— Il n'y a rien de mal à délirer mec. Mais là c'est—

— Mon père a disparu. Okay ? Il a disparu. Vous ne savez pas ce que ça fait quand la personne qu'on aime le plus au monde disparaît et qu'on a aucune idée de ce qu'il est arrivé. De se réveiller chaque matin en se demandant où il peut bien être...

— Ça fait presque un an...

— Et alors ? Défendis-je John B. Un an, trois ans, six ans il se posera toujours la question s'il ne le retrouve pas. Vivant ou mort.

   Aucun bruit ne survient après mon intervention. Après peut-être dix minutes JJ prend la parole.

— Il sait peut-être fait kidnapper. C'est une possibilité.

— Ouais, il est peut-être dans un sous-marin russe en train de se faire interroger par le KGB. Continue Pope.

— Absolument ! Ou alors sur l'Atlantide...

   Je lève les yeux au ciel. Ils n'aident pas.

— John B, quel message tu penses qu'il t'a laissé ?

— Redfield. Le phare de Redfield. C'est l'endroit préféré de mon père.

   Le vanne s'arrête justement devant ce phare. Nous descendons tous et nous nous mettons à le regarder. Je n'ai pas envie de monter tous ces escaliers.

Outer Banks - Tome 1Where stories live. Discover now