Outer Banks - Tome 1

Chapitre 11

   Après peut-être une quarantaine de minutes j'arrive enfin chez moi. Je n'ai même pas la force de monter à l'arbre et j'imagine que ma mère sait que je ne suis plus dans ma chambre depuis bien longtemps puisque la nuit tombe.

   J'entre pour la première fois de la journée dans mon chez-moi où je devrais me sentir en sécurité.

— Aïkida c'est toi ? Sa voix semble inquiète mais bien moins lorsqu'elle fait son apparition et qu'elle voit l'état dans lequel je suis actuellement. Tu as osé faire le mur pour finir comme... Ça ? Croise-t-elle les bras. Il n'y a que sur la terre des Pogues que l'on peut être aussi sale. Pourquoi y étais-tu ?

— Je n'y étais pas. Maman je suis fatiguée émotionnellement parlant alors s'il te plaît, pouvons-nous avoir cette discussion demain ?

   Elle me regarde de haut en bas puis me fait un signe de la main de partir. Je monte la première marche puis la deuxième.

— Je m'inquiète pour toi tu sais.

   Je continue à gravir les marches.

— Aïkida ?

   Je m'arrête en montrant que je suis toute ouïe.

— Je suis désolée pour hier, j'étais tellement en colère, je n'ai pas mesuré mon acte. Mais tu es toujours puni.

   Puni ou pas je ressortirais.

— Il ne suffit pas d'être désolé maman, ne recommence pas sinon je ne reviendrais pas.

   Je finis de monter et je m'enferme dans ma chambre mon ventre cri famine alors je redescends pour me préparer un sandwich.

— Kida. Tonne la voix de mon frère du haut des escaliers. Monte.

   Je soulève un sourcil dû à son ordre. Je m'adosse au plan de travail, prenant une bouchée de mon sandwich. Provocante ? Oui.

— Kida je ne rigole pas.

— Tu me vois rire là ?

— Tu veux vraiment que maman le sache ?

   Il a piqué ma curiosité. Je le suis jusqu'à sa chambre.

— Tu traines avec eux maintenant ?! T'as pas trouvé mieux que les Pogues ?!

— Mais... Qu'est-ce que tu racontes ?!

— Arrête ! Tu peux mentir à maman mais pas à moi ! Deux jours que tu es avec eux ! Je ne veux pas te revoir avec eux tu m'entends !

— T'es pas mon père Topper ! Et puis comment tu le sais ?!

— Ce n'est pas important ! Ce qui l'est en revanche c'est que tu traines avec des saletés !

   Je grogne de frustration. Sarah était au courant que j'étais avec John B c'est sûrement elle. C'était la seule.

— Je traine avec qui je veux ok ? Je suis heureuse avec eux. Je suis moi-même.

— Heureuse tu dis ? T'as une gueule de déterrée, tu fais peur à voir, t'es sale jusqu'à la moelle ! Ils salissent aussi ta réputation !

— Je m'en fous de ma réputation !

— Kida, je veux seulement ta sécurité. Ne traîne plus avec eux d'accord ?

— On verra bien. Ce que je décide ou non.

— Si je dois en parler à maman pour que tu arrêtes je le ferai.

— Ne me menace pas Topper.

   Je claque sa porte derrière moi et j'entre dans la salle de bain. Cette journée est là pire de ma vie. J'ai failli mourir deux fois. Je crois me rapprocher d'eux mais une partie de moi-même a été découverte à mon insu et exposée sans mon consentement, je me dispute avec eux et une fois chez moi Topper me menace. J'ai plutôt une belle vie en fait.

   Je soupire lorsque l'eau chaude rentre en contact avec ma peau. J'enlève la crasse accumulée au cours de la journée. J'espère ne plus vivre une nouvelle fois ce genre d'aventure. J'espère aussi qu'ils n'ont pas eu d'ennuis depuis que je suis partie. Je me suis beaucoup braqué quand JJ a abordé le sujet mais il m'a pris au dépourvu aussi. Quelle idée lui est passé par la tête de le dire devant Pope ? Il aurait pu au moins garder le secret cet imbécile. Il m'a peut-être aidé à plusieurs reprises aujourd'hui mais ce n'était pas une raison de rentrer dans ma vie privée comme ça.

   Plus vite j'irais me coucher plus vite cette journée sortie des enfers se terminera.

   Je sors de la douche me séchant et enroulant une serviette autour de moi. Mes cheveux gouttent alors j'en fais deux tresses. Lorsque je sors de la salle de bain, Topper est appuyé sur le mur d'en face.

— Aller Kida, écoute-moi s'il te plaît.

   Je l'ignore arrivant jusqu'à ma porte ou j'actionne la poignée en l'entrouvrant.

— Je veux simplement que tu prennes conscience que traîner avec des Pogues va te tuer à petit feu.

— J'ai plus vécu en deux jours à leurs côtés qu'en trois ans à tes côtés Topper alors arrête de parler comme ça d'eux devant moi. Si j'ai envie de jouer au golf avec vous, je le fais non ? Alors si j'ai envie de jouer dans la boue avec eux, je le fais aussi. Dis-le à maman mais rien ne changera et tu le sais.

   Il soupire passant la main dans ses cheveux.

— Je ne veux pas te croiser avec eux sinon—

— Bonne nuit.

   Je m'engouffre dans ma chambre sans plus de cérémonie. La discussion tourne en rond et nous n'aurons jamais la même opinion. Je tourne sur moi-même mais je manque de m'écrouler tellement j'ai eu peur. Je mets une main sur mon cœur comme si ça allait le calmer.