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Peut-être suis-je maudite ? Peut-être que je porte le mal en moi, et que je le répands autour de moi ? Pourquoi il fallait que ça tombe sur moi ... et pourquoi c'était lui qui y passait ...
Je reste là, au milieu d'un rude combat, alors que tout le monde s'entre-tue, alors que le sang s'étend sur le sol et les murs. Les cris, les armes qui se plantent dans la chair de chacun, les pleurs, les corps inanimés sur le sol, les explosions, les bâtiments qui, pour la plupart, s'effondrent ... une vraie guerre.

Je regarde Mr. Compress et lui ferment délicatement les yeux du bout de mes doigts. Je le couche à l'intérieur d'une boutique, à l'abris de tout ce qui pouvait détruire son corps. Je repars au combat, le coeur déchiré.
Sans même réfléchir, je me rue sur Hawks, qui m'esquive de justesse.
Nous nous livrons un combat sans merci, dans lequel l'un de nous devait mourir.
Les attaques s'enchaînent, sans relâche, quand soudain, je le vois baisser sa garde. C'est maintenant ou jamais.
Je lance, de mes deux mains, une centaine de fils, qui viennent directement enfermer les ailes d'Hawks. Sans perdre une seconde, je relance d'autres fils qui, cette fois, viennent s'enrouler autour des mains d'Hawks.
Paralysé, Hawks se débat, en vain.
Tout à coup, j'entends un cri, qui semblait être celui de Dabi.
Je me retourne et le voit à terre, assis, face à Endeavor.

Puis, soudainement, me vient un flashback.
"N'oublie pas ... de porter ... ta bague ... chaque jour ..."
Ça ne devait plus arriver, plus jamais.
J'abandonne Hawks et court le plus vite possible vers Dabi, mais quelqu'un m'en empêche.

- Je ne peux pas te laisser faire, me dit Aizawa. Pas cette fois.

Je le regarde pendant un léger instant et commence à me débattre.
Instantanément, il s'empare de son ruban et l'enroule autour de ma gorge.
J'essaye alors de le couper, mais la mémoire me revient : le ruban d'Aizawa contient une substance qui le rend impossible à couper. Quelle idiote ...
Malgré la force qu'il emploie, je me débat et essaie tant bien que mal à me débarrasser de ce ruban.
Je commence à suffoquer ... c'est donc comme ça que ça va se finir ?

- Aizawa ... je ... suis en ... ceinte, ai-je dit avec le peu de force qu'il me restait.

Seulement un instant après avoir dit cela, je me rends compte de l'inutilité de ce que je venais de dire. Et donc quoi ? Je suis enceinte et il compte me laisser la vie sauve ? M'épargner ? Mais quelle imbécile je suis ...

Avec stupéfaction, ma respiration n'est plus coupée et l'air circule de nouveau dans mes poumons. Je tombe à genoux et reprend ma respiration, presque avec exagération. Mes mains autour de ma gorge, je regarde le sol avec incompréhension, puis tourne ma tête vers Aizawa.
Il me regarde, debout, les yeux écarquillés, reculant de trois pas.
Il récupère son ruban et reste là, figé, sans rien dire, à regarder le sol d'un air vide. Je ne saurais jamais pourquoi il m'a libérée.

J'en profite alors pour me relever et partir rejoindre Dabi, qui entre temps, s'était relevé. Au moment où je m'approchais de Dabi, je le vois se ruer sur Endeavor, ses flammes dominant ses mains.

- ON RENTRE, ON RENTRE ! crie Shigaraki.

Quoi ? Maintenant ?
Dabi s'arrête net et me voit. Il court alors vers moi tout en esquivant les attaques de son père.
Il me prend la main et se dirige vers le portail qu'avait créé Kurogiri.
Je retire ma main avec force et lui dit :

- Il faut que j'aille faire quelque chose avant.
- Shirô, on a pas le...

Je ne l'écoute plus. Tout autour de moi ne semblait plus qu'être une illusion, un cauchemar. Je cours, cours, sans m'arrêter et c'est à bout de souffle que j'arrive devant la boutique où j'avais couché Mr. Compress.
Je passe mes bras en dessous de ses bras et commence à avancer. Afin de le protéger des projectiles et débris de bâtiments qui peuvent être éjectés et s'écraser sur nous, je sors de la boutique dos au champ de bataille.
Puis une douleur insoutenable s'empare de ma jambe gauche. Je pousse un énorme cri avant de lâcher Mr. Compress et m'effondrer.

- Tu comptes quand même pas t'enfuir si facilement ? me dit Hawks avec une de ses plumes ensanglantée dans sa main. J'ai eu tellement de mal à t'avoir, c'est pas pour te laisser filer entre mes doigts.

De son autre main, il m'attrape violemment les cheveux et relève ma tête.

- En plus avec un mort ? T'étais vachement optimiste. Enfin, tu dois être habituée à voir ton cercle d'amis diminuer à cause de moi. Je vais t'épargner ce lourd fardeau ...

Il lève alors sa plume, prêt à me trancher la gorge.
Soudain, une source de chaleur envahit mon dos, suivi d'un cri d'Hawks.
Complètement sous l'emprise de la douleur, Hawks me lâche et, en me retournant, je vois Dabi qui avait brûlé les ailes d'Hawks.
Je relève le corps de Mr. Compress en lui passant son bras droit autour de ma nuque, tandis que Dabi prenait son bras gauche.
Tous deux avançons, au milieu d'innombrables corps pleins de sang.
Je lâche le bras de Mr. Compress et laisse Dabi passer le portail avec Mr. Compress.
Je regarde derrière moi, observant attentivement les dégâts que nous avions fait, et voit Aizawa, le dos appuyé contre une parois. Il me regardait.
Je souris et pénètre le portail de Kurogiri.

Une fois passée et le portail refermé, Dabi avait déjà allongé le corps de Mr. Compress sur le comptoir.
Il l'avait débarrassé de tous le sang et s'apprêtaient à le déshabiller afin de le laver et l'habiller avec de nouveaux vêtements.
Tandis que Kurogiri et Dabi l'emmène dans la salle de bain, je m'assois sur le canapé, effondrée et abattue par la douleur.
Revoyant la mort de Mr. Compress, les larmes montent à nouveau.

- Ce n'est pas de ta faute, me dit Shigaraki. Tu as fait de ton mieux et tu ne pouvais pas le sauver. Hawks l'avait touché au cœur, c'était perdu d'avance.
- J'ai l'impression de répandre la mort autour de moi, dis-je la voix tremblante. Si j'avais eu un peu plus de temps, j'aurais pu le soigner.
- Mais avec quoi ?
- Je sais pas, n'importe quoi, répondis-je.

Un silence s'installe et Dabi revient tandis que Kurogiri lave Mr. Compress.
Il s'approche de moi et me dit :

- Pour l'instant, on ne peut rien faire d'autre que soigner nos blessures. Viens avec moi.

Nous nous dirigeons vers notre chambre et Dabi prend la trousse de secours.
Dabi avait une grande entaille au niveau de l'estomac, mais pas assez profonde pour être mortelle et une autre entaille dans la paume de sa main droite.
Tandis que moi je m'en sortais avec une profonde entaille qui m'avait transpercé le mollet, une brûlure en dessous de mon sein gauche et quelques griffures.

Après s'être soignés, Dabi me prend dans ses bras.

- C'est fini, ne t'en fais pas, me dit-il.
- Je veux arrêter tout ça, je veux arrêter de me battre, je veux arrêter de voir mes proches mourir, je veux tout arrêter, dis-je tandis que je serré Dabi dans mes bras. Je veux vivre la vie que tu m'as promise.
- Tu l'auras, je te le promets, me murmure-t-il. Mais tu es sûre que tu veux tout arrêter maintenant ?
- Oui. Mais je veux d'abord pouvoir assister à l'enterrement de Mr. Compress.

On se détache l'un de l'autre et allons dans le salon, ou Mr. Compress était habillé. Nous nous approchons et lui disons tous Adieu, à notre manière.
Puis viens mon tour.
Je regarde attentivement son visage ferme et pâle, il y a peu si animé et joyeux. Je caresse discrètement son visage et ajuste le col de sa chemise, revoyant le faible baiser qu'il m'avait donné en guise de dernière volonté. Je lui baise le front et recouvre son visage du même drap blanc qui avait couvert Twice.
Nous nous serrons tous dans les bras et, au moment où j'enlace Kurogiri, je sens un souffle dans mon oreille :

- Merci d'avoir accompli sa dernière volonté, il a dû être si heureux.

Nous nous détachons et, tandis que je regarde Kurogiri d'un air interrogateur, il me serre la main puis s'éloigne.
Comment a-t-il su ?

Quelques heures plus tard, vers 20h, Dabi, Shigaraki et Kurogiri portent le cercueil de Mr. Compress. Nous avions décidé de l'enterrer dans ce fameux jardin où il y avait ce kiosque qu'il aimait tant. Nous creusons sa tombe et y déposons son cercueil avec délicatesse. Nous encerclons la tombe et fermons tous les yeux.
L'image de sa tête qui retombait sur mes cuisses, son dernier souffle ...
Je m'approche un peu plus de sa tombe et y dépose un bouquet de lys, comme celles qu'il m'avait offert, ce soir-là, sur la colline.
Pendant que Kurogiri remplit le trou de la terre que nous avions extraite, je reste à côté de lui.
Bon voyage, Atsuhiro.

À suivre ...

Le temps te le dira (Dabi x OC)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu