L'art dans la peau - [Tome 3] Sur le tapis rouge

Chapitre 6 :

Nos regards se posent sur les boutiques, les monuments et les touristes. Nous sommes émerveillés et heureux d'être ici, ça, c'est sûr. Après quelques heures de recherche, nous trouvons l'hôtel. Nous entrons à l'intérieur et je m'approche du guichet. J'informe l'homme que j'ai un rendez-vous avec Fred et qu'il a réservé une chambre pour moi. L'homme connaît le nom du réalisateur qui est plutôt célèbre et me donne la clé de ma chambre. Il m'annonce qu'il va appeler Fred pour le prévenir de mon arrivée. J'acquiesce. Je monte les escaliers, suivie de Liam, et je me dirige vers ma chambre respective. Quand nous entrons dans la pièce, je réalise quelque chose. Il n'y a qu'un lit. Je me mords la lèvre.

— C'est vrai, tu devais venir toute seule, normalement, remarque Liam.

J'acquiesce.

— Je ne l'ai pas précisé à Fred.

Liam secoue la tête.

— Ce n'est pas grave, rassure-toi. Je dormirais sur le canapé.

Il montre du doigt le petit canapé installé dans un coin de la pièce. C'est à mon tour de secouer la tête.

— Non, attends, il faut que tu sois bien installé. On dormira dans le même lit. Il est assez grand.

Je ne réalise pas ce que j'ai dit mais quand Liam me regarde et semble gêné, je réalise et je me sens gênée à mon tour.

— Bah oui... je ne te laisserais pas dormir sur le canapé, tu as le droit de dormir confortablement comme moi... je murmure.

Cet instant de gêne s'efface quand mon téléphone sonne. C'est Fred. Je porte le combiné à mon oreille.

— Bonjour, Eva, j'ai été prévenu de ton arrivée.

— Bonjour, Fred, je dépose mes bagages et je descends.

— Parfait, je t'attends.

Puis, je raccroche. Je demande à Liam de me suivre et nous nous retrouvons dans le hall. Fred s'approche de moi et me serre la main. Il serre à son tour celle de Liam.

— Je ne te connais pas, toi. Tu as envoyé ton CV ?

Liam sourit.

— Non, non, je l'accompagne.

Fred acquiesce et me regarde, souriant.

— Ah, petit-ami ?

Je secoue la tête.

— Non, c'est juste un ami.

Fred acquiesce et nous demande de le suivre. Nous sortons alors de l'hôtel. Liam marche à côté de moi et me chuchote à l'oreille.

— Dis donc, je suis chanceux.

Je ris.

— Oh oui, très. Mais je sais que tu serais un mauvais petit-ami donc, non, tu n'auras pas ta chance, dis-je.

Liam sourit.

— Ça fait plaisir, merci.

— Je te taquine, Liam, je réponds.

— Je le savais, ne t'inquiète pas.

Nous échangeons un regard. J'essaye de comprendre ce que Liam voulait dire quand il disait qu'il était chanceux. Est-ce qu'il plaisantait ou est-ce qu'il disait la vérité à propos de moi ? Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage parce que le réalisateur m'interpelle. Il nous amène sur la place Montmartre et me présente l'équipe. Je serre la main des costumiers, des figurants, des autres réalisateurs, des autres acteurs. Je les salue avec joie et je leur explique que oui, en effet, c'est moi, Eva, celle qui va jouer le personnage principal dans ce film.

— Eva, je vais t'expliquer comment ça va se dérouler, commence Fred. Je vais te donner les scripts, tu as cinq jours pour réviser la première partie du film. Nous commencerons déjà à tourner, ensuite, quand tu devras apparaître à l'écran, tu joueras et les jours suivants, tu réviseras la suite des scripts. Nous avons trois semaines pour tourner notre film, nous aurons assez de temps.

J'acquiesce, souriante.

— Merci encore de m'avoir choisie.

Fred sourit à son tour. Il me donne les scripts à réviser. Je jette un œil aux feuilles et je commence à lire le début. Liam me donne un coup de coude.

— Ne va pas trop vite, tu as encore le temps. On peut faire un tour jusqu'à ce qu'il fasse nuit ? dit mon ami, en souriant.

Je lève les yeux au ciel et je plie mes feuilles en deux pour les ranger dans mon manteau. Je salue Fred et l'équipe. Fred me demande de venir demain devant la Tour Eiffel pour pouvoir discuter et voir le début du tournage. J'acquiesce et Liam m'emmène vers les boutiques. Nous jetons un œil à l'intérieur et Liam me montre une petite figurine de la Tour Eiffel. Il me force à rentrer et se dépêche d'acheter deux figurines : une pour moi, l'autre pour lui. Je souris, heureuse. Je suis contente d'être ici. Je me plais à Paris. J'aperçois un restaurant et j'insiste pour nous acheter deux gaufres. Nous emportons notre goûter et nous le dévorons tout en marchant dans la magnifique ville de Paris. Soudain, Liam s'approche de moi et passe un doigt sur ma joue, je me fige, perplexe. Quand il voit ma réaction, il recule, gêné.

— Euh... Tu avais un peu de sucre...

J'acquiesce et je termine ma gaufre sans parler. Je tourne la tête, cherchant à masquer ma gêne. Un silence résonne autour de nous.

— J'avais toujours rêvé d'aller un jour à Paris, déclare Liam.

— C'est vrai ?

Liam sourit.

— Je m'imagine toujours ici, avec ma guitare en train de jouer dans des bars et de recevoir les compliments des gens.

— Ça t'arrivera, ne t'inquiète pas, dis-je.

— Toi, tu as de la chance, tu as déjà réalisé ton rêve.

Je souris.

~

Épuisés, nous rentrons dans notre chambre. J'enlève mes chaussures que je pose près de la porte. J'accroche mon manteau sur le porte-manteau et je m'allonge sur mon lit, mes scripts à la main. Liam s'installe sur le canapé et commence à jouer de la guitare.

— Tu ne dors pas sur le canapé, dis-je.

— Tu ne veux que mon bien à ce que je vois.

Je soupire.

— C'est normal. Je t'ai forcé à venir. Il faut que tu sois bien installé aussi.

— Tu ne m'as pas du tout forcé. Je voulais venir avec toi, m'informe Liam.

Quelques notes résonnent dans la pièce. Je sens que je vais m'endormir. Alors, je pose mes scripts sur la table de nuit. Je ramène la couverture jusqu'à mon menton et je suis prête à m'endormir quand je sens une présence à côté de moi. Liam vient se coucher aussi. Il murmure des excuses et je le rassure en disant que ce n'est rien. Je ne suis même pas encore en train de dormir. Liam éteint la lumière et me souhaite une bonne nuit. Je fais de même.

Je ferme les yeux quelques instants puis je les ouvre quand je sens un corps se coller à moi et une main se poser sur moi. Son bras me réchauffe. Alors, sans réfléchir, je pose ma main droite sur la sienne et je ferme les yeux. Un sourire apparaît sur mon visage.