Chapitre 23

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Mon lundi soir se résume à l'organisation de notre week-end. On devrait se retrouver juste avant la compétition et passer la soirée tous ensemble. Mia et Joyce viendront dormir chez moi le samedi soir.

La journée de mardi n'a pas été beaucoup plus intéressante.

Notre dernier cours s'acheva enfin. Axelle sort déjà de la salle alors je me dépêche de ranger mes affaires pour la rejoindre.

Je cours jusqu'à sa hauteur et me fait violence pour ne pas l'embrasser là, maintenant, tout de suite. Je me rapproche tout de même au plus proche d'elle. Nous pressions le pas, impatiente de nous retrouver enfin seule à la merci de notre désir mutuel, puissant et incontrôlable.

"Excusez-moi, je peux vous poser une question? Nous demande un jeune garçon de notre âge. Je le reconnais comme étant un étudient de notre promo.

- Quoi? Répond Axelle mi-désintéressée mi-agacée.

- Vous êtes ensemble? Enfin, vous sortez ensemble?

- Je ne suis pas sûr que ça te regarde.

- Non. Je réponds précipitamment. Bien sûr que non. Je m'écarte d'elle, prise de panique. On est pote, juste pote.

- Ah, j'aurais cru. Vous êtes super proche alors..

- Alors non. Je ne suis pas.. pas ça. Me mêle pas à eux. On traine juste ensemble de temps en temps, rien d'exceptionnel. 

- Bon, je dois y aller. J'ai pas le temps de traîner moi. À plus. Axelle s'en va sans même me lancer un regard.

- Axelle attend! On est pote, rien de plus et occupe-toi de tes affaires. Je le pousse doucement de mon passage et essaie de la rejoindre. Axelle! Je la retiens par le bras en laissant une bonne distance entre nous.

- Je dois y aller. Elle ne me regarde même pas. Je vois dans ses yeux fuyant que je l'ai blessée.

- Je suis désolée. Je..

- Tu n'es pas prête je sais.

- Ça n'a rien à voir.

- Si. Tu m'as dis que tu étais prête, ce qui n'ai visiblement pas le cas. Je ne veux pas te presser, mais dans ce cas soit honnête et ne me dis pas le contraire pour me faire plaisir parce que c'est plus blessant qu'autre chose.

- Je suis désolée. J'ai paniqué, je ne le pensais pas.

- Je sais. Je ne peux pas continuer comme ça. Je sais que ce n'est pas de ta faute et je comprends. Mais je ne sais pas si je pourrais le supporter une nouvelle fois. Tu avais le même regard de dégoûts que ceux qui m'ont insultée pendant des semaines. Je sais que tu ne le penses pas, mais ça reste blessant. Tu n'es pas obligée d'attaquer pour te protéger, tu pouvais juste répondre simplement.

- Je ne recommencerai plus, je suis désolée.

- Jade.. Je m'attache à toi et je préfère qu'on en reste là pour le moment. Mon cœur rate un battement. 

- Axelle, non, je..

- C'est déjà difficile, et encore plus en sachant que j'ai des sentiments pour toi, que je suis en train de tomber amoureuse...

- Tu es.. amoureuse.. de moi..?

- Reconcentre-toi sur toi-même. Apprends à t'accepter, à t'aimer telle que tu es. On verra après. Au revoir Jade." Elle me tourne le dos et part. 

Je mets un temps avant de mettre de l'ordre dans mon esprit. Ses mots résonnent dans ma tête. Je refuse d'y croire. Les larmes s'échappent de mes yeux et coulent sur mon visage. Je cours pour la rejoindre. Je sors du bâtiment et regarde autour de moi: elle n'est plus là. Je me décide alors à aller chez elle. Je ne peux pas abandonner. Je cours jusqu'à son appartement, tout en essayant de l'appeler. Je laisse un message vocal et je lui envoie deux autres messages écrits. Un pour lui présenter mes excuses, l'autre pour lui demander si on pourrait parler. 

Lorsque j'arrive devant chez elle, je la rappelle, sans succès. Je vois qu'elle ne m'a pas répondu. Je sonne à sa porte, sans réponse. Je m'assoie devant, toujours en pleurant. Le ciel s'est assombrie, la pluie commence à tomber. Pourtant, je n'abandonne pas. Je reste, je l'attends. J'ouvre mon sac et en sors une feuille et un crayon. Je lui écris un mot. Je lui dis tout ce que je ressens, ce que je pense. Je lui explique ce qu'il se passe dans ma tête, même si j'ai moi-même du mal à me comprendre. Une fois finis, je glisse la feuille dans sa boîte aux lettres et je rentre chez moi.

Le chemin me paraît plus long que d'habitude. Mes pas traînent et j'ai du mal à rester debout. Une fois à mon appartement, je me dirige directement vers ma chambre. J'entends vaguement Mia me parler. Je ferme la porte de ma chambre à clé et je m'effondre sur mon lit. Voyant qu'Axelle ne m'a toujours pas répondu, j'éteins mon téléphone et le pose sur ma table de nuit. 

Je suis étalée sur mon lit depuis une bonne petite heure. Mia a essayé de rentrer en contact avec moi plus d'une dizaine de fois. La seule réponse qu'elle a reçu c'est quand je lui ai dis de me laisser tranquille. Elle est encore plus obstinée que moi et elle revient toutes les dix minutes.

Le silence accompagné de la pluie ne m'apaisant plus, j'ai finis par mettre mes écouteurs avec ma musique au volume maximum. La cinquième vague de pleurs m'attaque et je m'enfonce dans mon oreiller en espérant sans conviction que ça passera plus vite. À bout de force après avoir frappé mon matelas et hurlé dans mon oreiller, je m'allonge sur le côté en serrant très fort ma peluche.

Ma crise de larmes se calme et je sens quelqu'un s'installer à côté de moi et me prendre dans ses bras. J'enlève mes écouteurs et me retourne. Je vois Mia qui me regarde inquiète.

"Je suis là, ça va aller. Puis je me rappelle que je m'étais enfermée, je la regarde surprise puis je jette un œil à ma porte. J'ai forcé la serrure. Si tu as cru que j'allais rester sans rien faire c'est mal me connaître.

- Je pouvais toujours espérer.

- L'espoir fait vivre. Je lui souris faiblement. Alors, tu veux en parler? 

- Je..

- Si non, on peut juste regarder un film. C'est toi qui vois.

- On regarde Titanic?

- Même pas en rêve, je ne le regarderai pas une fois de plus même pour te faire plaisir.

- D'accord.. une prochaine fois..

- Non non, j'ai été gentille, je t'ai soutenue mais je ne le regarderai pas pour la dixième fois!

- Ça fera un chiffre rond. S'il te plaît!

- Jamais! et arrêtes de faire ta tête de chien battu! J'ai dis non!"

Après notre débat sur le film à regarder, elle part préparer le salon pendant que je pars prendre une douche. En revenant, la télé est allumée, elle a placé un petit plateau avec des jus de fruits, des gâteaux apéros, du saucisson et du fromage. Je m'installe à ses côtés et le film commence.

"Je te préviens maintenant, c'est la dernière fois qu'on le regarde. Pas question de revoir Jack en agonie sur sa planche de bois.

- Racontes pas la fin! Ça vient juste de commencer!

- Tu n'es pas sérieuse là? Tu le connais par cœur le film!"

DéniWhere stories live. Discover now