Déni

Chapitre 26

Bien que j'avais envoyé un rapide message à Mia pour la prévenir que je ne rentrais pas, j'ai dû subir son inquiétude le lendemain matin. 

Même si elle s'en était doutée, elle avait commencé à s'inquiéter lorsqu'elle n'avait plus eu de nouvelle de moi et qu'il avait commencé à être tard. Je n'avais pas pensé une seule seconde que mon silence allait l'inquiéter. Pourtant, c'était légitime. Il faisait nuit depuis un moment, il était tard et je ne l'avais pas prévenue. Naturellement elle m'a appelé en voyant que je ne répondais pas à ses messages. Je n'ai pas pu répondre à son appel, je ne l'avais pas vu puisque mon téléphone s'était retrouvé par terre dans le salon accompagné de certains de mes vêtements. Pour être honnête, même si je l'avais vu, je ne suis pas certaine que je lui aurais accordé de l'attention. J'avais mieux à faire.

Toujours est-il que je lui ai envoyé un message, plus tard.

Le lendemain, j'ai été en cours comme si de rien n'était. Et j'ai accepté - pas le choix - de subir ses foudres. Mia en colère c'était quelque chose, mais Mia inquiète, en colère et de bon matin, c'était comme une souris aveugle, sourde, unijambiste (enfin, avec des pattes, une du coup on a compris) et manchote devant le meilleur chat chasseur affamé. Autrement dit: vous êtes en danger, en très grand danger mais vous ne pouvez pas fuir alors vous attendez votre mort lente et douloureuse.
Mais si non, Mia est une bonne personne.

Nous étions déjà jeudi soir, de ce fait, nous avons occupé toute notre journée à la préparation de cette soirée pour la préparation de ce week-end. Je ne recommencerai pas cette phrase, c'était compréhensible.

C'était la première fois que je devais prévoir un évènement avec plus de deux personnes, c'est à dire, plus que pour Mia et moi.

Notre week-end commencera dès la sortie des cours vendredi. Et ceci ne peut pas commencer sans la case "présentation d'Axelle à mes parents". Je les avais appelé plutôt pour leur annoncer tout d'abord que j'étais en couple, mais surtout que je l'avais invitée chez moi. D'après Assia, ils étaient ravis et sont très impatients. 

Vendredi, donc demain, Axelle nous conduira chez moi - oui, elle aussi a le permis c'est super je suis la seule qui l'ai loupé. Je ferai les présentations et nous passerons une soirée tranquille. Le lendemain, nous irons nous promener, je ne sais pas encore où. Mia et Joyce nous rejoindront en fin d'après midi. Mes parents nous laisseront la maison samedi soir, ils n'ont pas réussis à convaincre ma sœur d'aller avec eux, ce qui veut dire que je devrais la garder. Enfin, Zach arrivera en début de soirée et tout pourra commencer. Pour être honnête, ça ne va pas être aussi fou que je le laisse croire, on va juste manger, faire un petit jeu, regarder un film peut-être et nous irons tous dormir pour être en forme le lendemain, surtout pour Joyce.

Le chemin en voiture avec Axelle me parut bien long. On n'a presque pas parlé de tout le trajet. Elle était tendue. Je l'étais aussi. J'avais sentis ma gorge se nouer de plus en plus. Mon ventre, qui accueillait habituellement des milliers de papillons - parce que ce n'est pas vraiment un mythe - était alourdis, crispé, boulonné, nauséeux. C'était le stress. En faite, j'angoissais totalement. La rencontre avec la famille est une étape cruciale pour un couple. Sans doute l'étape la plus terrifiante - sans compter la demande en mariage et tout ce qui s'en suit, mais on y est pas encore. J'ai peur, non pas parce que c'est une fille, mais parce que c'est une humaine pour qui je ressens des sentiments forts d'amour. Mon attirance pour le même sexe n'a rien à voir la  dedans. Mes parents m'ont toujours dis que l'attirance venait d'une personne, d'un cœur et non du sexe ou du genre. "On tombe amoureux d'une personne, pas d'un corps". m'ont-ils répétés plusieurs fois. Que ça aurait été une fille ou un garçon, ou même une personne non-binaire n'aurait rien changé à mon angoisse. Moi, Jade, la personne qui accepte le moins les contacts sociaux est tombée amoureuse d'une personne pour qui elle ferait tout. Axelle est parfaite, je sais qu'ils vont l'adorer. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal, et pourtant, ma peur ne veut pas partir.