𝓜𝓲𝓪, 𝓼𝔀𝓮𝓮𝓽𝓱𝓮𝓪𝓻𝓽 (𝔽ℝ)

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒

La petite Mia ouvrit les yeux en panique.

Cette nuit, elle avait encore rêvé de sa mère...

Elle se leva alors de son grand lit en bois massif avant de s'installer dans le petit fauteuil d'enfant qu'on lui avait mis près de la baie vitrée. Mia était une intelligente petite fille, elle savait que si la chambre était déjà aménagée pour elle lors de son arrivée, c'est que ses frères savaient déjà depuis un petit moment qu'elle allait venir ici.

A l'extérieur, c'était calme, sombre, et les nuages se déplaçaient doucement au rythme du vent. Alors, la petite sentit un sentiment de paix l'envahir. Elle était là, seule avec ses pensées, cherchant l'étoile de sa défunte maman.

Mia repensa alors à son arrivée dans cet appartement.

Personne ne lui avait encore parlé de son père, et personne ne lui avait répondu pour le frère qui était absent. Et malgré sa curiosité, elle n'avait pas envie de poser de questions. Son envie de savoir l'ayant trop souvent mené à de mauvaises choses...

Cela faisait maintenant deux ou trois jours qu'elle était là, et elle commençait petit à petit à prendre ses aises.

Tony travaillant de jour au bureau, Matt de nuit à l'hôtel appartenant à l'entreprise, et Tommy étant encore au lycée, les trois garçons s'étaient tour à tour relayé la garde de la petite durant ces derniers temps.

Avec Anthony, Mia se sentait assez à l'aise. Elle n'avait pas de problème avec le fait de rester avec lui.

En revanche, lorsqu'il s'agissait de Matt et Tommy, c'était tout une autre histoire.

Elle demeurait assez timide avec le plus jeune des frères qui ne préférait ne pas trop forcer avec elle, tant dis qu'avec l'autre, elle était assez mal à l'aise. Il fallait admettre que Matthew n'était pas très doué avec les enfants, et puis c'était une personne qui devenait assez vite défaitiste.

Mia se sentait alors comme si elle était un problème pour lui, mais elle ne se doutait pas que c'était tout le contraire.

Mais alors qu'elle continuait de regarder le ciel, la petite sursauta brusquement lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit.

- Sweetheart, pourquoi est-ce que tu ne dors pas encore ? marmonna doucement la voix pas très réveillée de Tony.

La petite mit quelques instants à se remettre de ses émotions.

- J-j'ai rêvé de maman...

Les yeux du jeune homme s'attristèrent. Il sentait son cœur se briser lorsqu'il voyait sa petite dans cet état.

Alors, il s'approcha et s'accroupit près d'elle.

- C'me here, dit-il en ouvrant ses bras.

La petite hésita, puis vint se réfugier contre le corps tout chaud de son frère. Le jeune homme n'était vêtu que d'un bas de pyjama, alors Mia pouvait sentir toute sa chaleur corporelle émaner de son corps de grand homme musclé.

- Tu veux dormir avec ton grand frère ? demanda Anthony à l'enfant en faisant référence à lui-même.

La petite se décolla de lui, baissa les yeux et se mit à jouer avec ses mains. La seule personne avec qui elle avait dormi, c'était sa maman.

Mais elle acquiesça, parce qu'après des rêves comme ça, elle ne voulait pas rester seule.

- Alright, viens avec moi mon ange.

Le jeune homme souleva la petite et l'amena dans sa chambre. Une chambre très moderne et ordonnée.

Ensemble, ils se couchèrent.

Et pour la première fois depuis des semaines,

Mia se sentit bien lorsqu'elle s'endormit emmitouflée dans les bras d'une personne qui l'aimait.

*

Le lendemain c'était au tour de Matthew de garder la petite, Anthony ne voulant toujours pas embaucher d'inconnu pour s'occuper d'elle.

Il n'était toujours pas à l'aise à l'idée de devoir rester avec elle pendant plusieurs heures d'affilées,

Mais après tout, ce n'était pas la petite bête qui allait manger la grosse.

De ce fait, voyant que la petite n'était pas très intéressée par la télé, il lui donna des feuilles et des crayons de couleur.

Et là, elle s'était réveillée.

Pendant ce temps, il se reposait tranquillement sur le canapé. La nuit avait été dure pour lui, le bar de l'hôtel n'avait fait que de tourner et il y avait eu plusieurs services à gérer.

Il n'était pas le gérant à part entière de l'hôtel, mais au vu de ce qu'il possédait, il y avait de très grosses responsabilités.

Mais alors qu'il était sur le point de s'endormir sur le canapé pendant que sa sœur s'occupait sur la petite table en face de lui, quelque chose attira l'attention du jeune homme qui se redressa aussitôt.

Son dessin, c'était sa mère.

Leur mère.

Et il était magnifique pour un dessin fait par une enfant de son âge.

- Oh, sweetheart... chuchota-t-il dans un son presque inaudible.

Il sentait le mal-être de cette enfant, mais se sentait tellement impuissant...

Matthew avait le don pour ressentir les émotions des autres, car lui même avait beaucoup souffert. Et cela ne faisait pas très longtemps qu'il était sorti de son calvaire.

Il n'avait pas su sauver son plus grand amour de la mort, et avait sombré dans l'addiction.

Le sexe, le tabac, l'alcool, et même la drogue... Matthew avait tout tenté pour oublier celle qu'il aimait, mais en vain.

Et à cause de ça, il avait complètement merdé. Merdé avec ses études, merdé avec ses amis, merdé avec ses frères... Anthony avait dû se battre avec lui pour le calmer.

Finalement, après quelques mois, sa douleur s'était attisée et il avait fini par se calmer. Mais certaines de ses vieilles mauvaises habitudes étaient restées.

De plus, c'était devenu un homme assez froid et mélancolique. Et ça, Mia l'avait bien senti.

- Elle te manque, maman ?

La voix du jeune homme fit sursauter la petite qui n'osa pas se retourner vers lui. Elle se contenta alors de simplement hocher de la tête.

- Tu sais, je l'ai connu pendant les seize premières années de ma vie et...

A cet instant, la petite arrêta son activité et se tourna vers le jeune homme afin de l'écouter. Matthew était de quelque peu déstabilisé, mais il décida néanmoins de poursuivre.

-...Et tu lui ressemble beaucoup, je trouve.

La petite sembla réfléchir pendant un instant.

- O-on a le même papa, toi et moi ?

Sa question sembla surprendre le jeune homme, mais il décida néanmoins de lui répondre.

- Oui, Anthony, Tommy, toi et moi nous avons tous le même papa.

La petite sembla à cet instant réfléchir à une autre question.

- Alors pourquoi tu ne m'aime pas ?