𝓜𝓲𝓪, 𝓼𝔀𝓮𝓮𝓽𝓱𝓮𝓪𝓻𝓽 (𝔽ℝ)

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒𝟐

Les garçons avaient terminé de lire le petit livre que Mia avait écrit. C'était seulement quelques pages de feuilles reliées et une histoire racontée à la troisième personne sous forme de conte de fée, néanmoins cela était l'expression entière de sa vie et de ses sentiments.

Avec des mots d'enfant bien sûr, mais ça l'était toujours.

Donc les garçons avaient appris plusieurs choses sur la fillette ; les camarades de classe méchants, les hommes mauvais qui avaient fait parti de la vie de Mia, ses difficultés depuis son plus jeune âge, les activités sportives qui l'avaient aidé à canaliser son énergie d'enfant...

Et puis le plus important, elle avait décrit la façon dont elle s'était sentie par rapport à tout ça, et c'était juste déchirant.

- Notre petite princesse a vécu bien plus de choses que ce que je pensais... lâcha Tommy avec un air pensif.

- C'est vrai, elle ne nous avait pas tout dit, ajouta Matthew.

- Non, mais ça c'est parce qu'elle a du mal à parler. En tout cas c'est vraiment une bonne chose qu'elle ait réussi à nous dire tout ça, déclara Anthony tout en posant le petit livre peint en rose sur la table basse.

Le jeune homme se déboutonna le bouton du haut avant de s'enfoncer à nouveau dans sa place.

- I swear, this kid is stronger than anyone I know, déclara Matthew tout en se relevant.

- C'est sûr que la pauvre a vraiment pas eu de chance... fit Tommy. D'ailleurs faudra que Leo le lise aussi, il est toujours le dernier au courant.

- C'est pas notre problème, il n'a qu'a s'intéresser à sa vie aussi. Et puis je sais qui devrait le lire.

- Qui ? demandèrent Anthony et l'adolescent presque en même temps.

- Notre père. Il se prend pour le roi du monde, il pense qu'il sait tout sur tout... mais vous pensez qu'il va réagir comment quand il va apprendre que sa fille s'est fait maltraitée par tout le monde sauf sa mère ? Enfin je sais pas moi, peut-être qu'il va au moins se comporter différemment avec elle.

Anthony s'apprêtait à répondre, mais il se ravisa assez rapidement.

Son frère n'avait peut-être pas tout à fait tort finalement... et puis après tout, que pouvait-il faire contre elle... ce n'était pas de sa faute.

Mais tout de même, s'il connaissait la vérité, cela pouvait être pour lui un moyen de la blesser.

- Il faut qu'on y réfléchisse, on verra... souffla l'aîné avant de se relever.

Sur ce, le jeune homme souffla avant de s'en aller prendre sa douche.

*

Le lendemain après-midi, Mia finit les cours et comme à son habitude attendit devant l'école pour que l'un de ses frères vienne la chercher.

Le matin même, elle avait emporté avec elle le petit "livre" qu'elle avait fait afin de le montrer à Lola.

Mais alors que son amie était partie en avance, cette dernière se retrouva à attendre plantée toute seule... jusqu'à ce qu'une main vienne se poser sur son épaule.

Soudain, après un léger sursaut, la petite se retourna avant de faire face à son camarade de classe Paul.

Sachant que cet enfant faisait parti de ceux qui avaient embêté Mia, le directeur de l'école monsieur Philippe surveilla la conversation de loin.

- Salut ! s'exclama Paul.

- Salut, j-je croyais que t-tu p-pouvais pas m-me parler à-à cause de...

- En fait elle est partie avant moi du coup je voulais aller te voir.

- Okay, répondit simplement Mia.

- Du coup... ça va ? demanda timidement le garçon.

- Oui, o-oui ça va et t-toi ? 

- Oui ça va ! Je voulais te dire que je voulais trop qu'on rejoue dans le parc ensemble, comme la dernière fois... c'était trop bien ! En plus t'es trop gentille... et t'es jolie, aussi.

La fillette gloussa avec un grand sourire.

- M-merci ! M-moi aussi j-je v-veux bien rejouer avec t-toi.

- Quand tu veux !

Les petits s'apprêtaient à poursuivre la conversation, mais ils se firent bientôt interrompre par un homme de grande taille qui s'approcha de Mia.

Lorsque cette dernière se retourna, elle le reconnut immédiatement.

C'était son père.

Avant qu'elle ne puisse dire un mot, le directeur de l'école les rejoint.

- Bonjour monsieur Brown ! Quel plaisir de vous revoir, s'exclama monsieur Philippe.

L'homme ôta son chapeau avant de venir serrer la main de son interlocuteur avec une poignée ferme.

- Monsieur Philippe, c'est un plaisir pour moi aussi. Alors, comment se passe l'école pour ma fille ?

Daniel n'était pas au courant de tout ce qui s'était passé à l'école, et ni monsieur Philippe ni les frères de Mia n'avaient envie de le mettre au courant.

- Oh bien écoutez pour le moment tout se passe très bien. Je suis ravi que vous ayez choisi notre école pour y inscrire votre enfant !

- A vrai dire c'est mon fils Anthony qui s'est chargé de lui trouver une école, mais je voulais absolument qu'elle ait une éducation française, et puis cet établissement est excellent en terme d'apprentissage.

- Je vous remercie pour ce compliment...

Sur ce, Paul en profita pour dire au revoir à Mia puis il s'extirpa.

Alors, le père de Mia et le directeur discutèrent encore pendant un petit moment avant de finalement se dire au revoir.

La petite était surprise que ce ne soit pas l'un de ses frères qui soit venu, néanmoins elle ne dit rien par crainte de l'homme.

- J'ai prévenu tes frères que je viendrai te chercher. Ce soir j'ai un dîner avec des collègues qui veulent te rencontrer, alors je t'emmène avec moi.

Sa voix était effrayante et autoritaire... et son expression, son expression ne donnait en aucun cas envie de le contester.

Mia n'était vraiment pas rassurée à l'idée de partir, mais elle ne pouvait rien dire. De ce fait, elle serra les dents et suivit son père qui l'entraîna jusqu'à sa voiture.

Et le pire dans tout ça, c'est que personne ne pouvait l'empêcher de l'emmener avec lui.

Parce que c'était son père, et qu'il avait tous les droits sur elle.