1. Il m'a libéré des miens

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Ça y est, c'est l'heure de notre quart de finale. Le public derrière Michou est incroyable, je sais que ça le porte. Ses yeux brillent dès qu'il passe la porte de la salle de répétitions, j'aime le voir sourire.
On s'est rapprochés, et de voir à quel point il s'est ouvert, le petit jeune de 19 ans qui commençait DALS avec sa réserve et sa timidité, ça me fait plaisir. J'ai gagné sa confiance, j'ai tout gagné.

- Cette semaine, lui dis-je, on danse un contemporain. On va danser sur le titre « Pas beaux » de Vitaa et Slimane.

Son regard s'éclaire sur le nom de la danse, mais le titre de la musique le fait redevenir sérieux. Son visage se ferme, je comprends que c'est un sujet qui le touche.
- Ça parle de ce que je pense ? me demande t-il.
- De se sentir mal dans sa peau, oui, je réponds.

Il s'assoit sur notre canapé noir, les yeux brillants. Je prends sa main, la serre et le regarde. Il est fragile, je le sais ça, je sais qu'il s'ouvrira à moi et que c'est la plus grande preuve de confiance que je peux recevoir de sa part.

- Tu sais, quand j'ai commencé les vidéos, j'avais 13 ans. J'étais en surpoids, avec appareil dentaire. Pas spécialement celui que les autres trouvaient beau quoi. J'étais mal dans ma peau, ça me libérait de me filmer.
Sa voix est tremblante, sa respiration se saccade. Mon cœur se serre. Il me montre une vidéo, je ne peux pas m'empêcher de sourire :
- Je ne te reconnais pas !
- J'ai bien changé, il me répond.

Je souris et le prend dans mes bras. Ça nous fait du bien à tous les deux, ces moments. Son sourire s'agrandit, qu'est-ce que j'aime le voir comme ça.
- Du coup ce contempo, ça va te donner une revanche sur les moqueries ! Écoute la chanson, et on commence après.

Les premières notes résonnent, je le sens perplexe. Cette danse sera belle, je le sais. On va briller.
Je lui montre les premiers mouvements, il reste sur la réserve. Son travail acharné le fait progresser vite. Je suis fière. Les heures s'enchaînent et il ne lâche pas. Quand vient l'heure de s'arrêter, il me regarde avec les yeux brillants.

- Ça va être beau, il sourit. Merci Elsa.

On se prend dans les bras, je le sens fébrile. Je sais qu'il s'est construit une carapace, on le fait tous, mais là... mon petit Miguel est fragile, encore plus cette semaine.

Je reste seule dans la salle après qu'il soit sorti, pensive. C'est Fauve qui me tire de mes pensées :

- Coucou bichette, comment ça va ?
- L'après-midi a été intense.. je réponds doucement.
- Pour lui aussi, elle me regarde. Il tremblait quand je l'ai vu sortir, je crois qu'il a pleuré.

Mon cœur se serre en entendant ces mots.

- Ne t'en fais pas ma biche, il est fort ton p'tit Michou, dit-elle en me prenant dans ses bras. C'est une très belle histoire que vous racontez, j'imagine bien que ça te tiens à cœur de l'aider. On s'attache tous énormément à nos partenaires, les aider à se libérer de leur démons, c'est l'une des plus belles facettes du métier.
- Il m'a libéré des miens... je souffle.
- Vous avez un lien très fort, tout le monde l'a vu, et c'est ça qui vous aide. Vous êtes de beaux artistes.

Je souris en détournant le regard. Et si c'était plus ?

- J'avoue que j'ai du mal, dis-je. J'ai du mal à savoir ce que je ressens, et je vois que lui aussi. Il s'est énormément ouvert, et, je sais pas.. c'est comme si maintenant je lisais en lui comme en moi. On est fusionnels.

Fauve sourit et me serre dans ses bras.

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Petit chapitre très court qui pose le commencement de l'histoire. La suite se passe après l'émission. J'espère que ça vous plaira.

S'il ne fallait que toiWhere stories live. Discover now