10. Je ne peux pas te laisser faire

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Deux mois. Plus que deux mois et je pourrai retrouver la joie de marcher, même de me lever sans contraintes. Je suis consciente que c'est important pour le développement correct de mon enfant que je reste le plus couchée possible, mais c'est en train de jouer sur mes nerfs. Ma patience atteint ses limites. Heureusement, Lilou, Alizée et Sky se montrent inventives et ne perdent jamais un instant pour essayer de me faire sourire.

- Comment tu vas aujourd'hui ? me demande Lilou.
- Pour le moment, ça va. C'est aujourd'hui que j'ai mon examen pour voir si la toxine dans mon ventre a été éliminée. Je stresse, dis-je d'une traite.
- C'est normal, elle me répond. Est-ce que tu sais comment c'est arrivé tout ça ?
- Et bien... je souffle. Je crois, oui. J'ai mis du temps à retrouver mes souvenirs, mais ça y est. Au tout début de ma grossesse, quand je n'étais pas encore au courant. Adrien m'avait donné un rendez-vous pour régler deux trois papiers administratifs. Il est revenu avec deux verres, mais la boisson avait un goût inhabituel. Il m'a juste dit que c'était parce que je ne l'avais jamais goûtée.
- Je vais le tuer, grince Alizée. Il aura vraiment tout détruit, ce couillon.

Je souffle. C'est digne de mes sœurs ça. Digne de toute personne normalement constituée soutenant sa famille. Mais sache, ma tendre Ali, que je ne peux pas te laisser faire. Pas avec lui en face.

Il est temps que je passe à la douche, c'est bientôt l'heure de partir. Enfin nous allons savoir si les toxines ont été éliminées avec le traitement que j'ai eu à prendre. Je stresse, même si je sais que ce n'est pas conseillé, mais je ne peux pas m'en empêcher. Aujourd'hui, j'ai envie que ce soit Miguel qui m'aide. Il arrive torse nu et me porte jusqu'à la salle de bain, je ne peux m'empêcher de sourire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? il demande.
- T'es beau, je réponds.

Ça le fait rougir. J'adore le complimenter comme ça, quand il ne s'y attend pas. Une fois arrivés, je m'accroche à lui pour rester debout sans tomber et le regarde dans les yeux, émue.

- T'es sûre que ça va ? il me redemande.
- Je.. je souffle, essuyant une larme sur ma joue. Wow, je pensais pas que ça me toucherait à ce point. T'imagines, ce soir soit on perd tout, soit on...
- Gagne notre pari sur la vie... il complète. Oui, c'est fou. Tu es une battante, je suis super fière de toi, de vous ! Peu importe le résultat !

Je baisse la tête. Très dur d'admettre que cet enfant que je ne voulais pas, j'y tiens maintenant plus que tout. Je n'ai pas envie d'apprendre un problème, ça me tuerait. Miguel ne dirait rien, il n'a jamais caché que j'étais sa priorité sur notre enfant, mais moi... Que je te hais Adrien....

Les larmes commencent à dévaler mes joues, sans que je puisse les contrôler. Miguel me serre dans ses bras, désemparé. La panique se lit sur son visage.

- Je le déteste... j'arrive à lâcher entre deux sanglots. Je le hais...
- Qui ?
- Adrien... je suis sure que c'est à cause de lui tout ça.

Son visage s'assombrit. Il veut le tuer, lui aussi. Je le sais.

- N'y pense plus, il me souffle avant de m'aider à monter dans la douche.
- Merci d'être là... je réponds.

Alors que je lâche sa main, je le vois enlever son pantalon pour me rejoindre. Chouette. J'adore ces moments rien qu'à nous.

Une fois prêts, nous nous rendons chez le médecin, à l'hôpital. Nous sommes accueillis par la même infirmière que d'habitude, toujours aussi adorable. Le médecin arrive vite. À peine eut-il franchi les portes qu'une flaque tomba entre mes jambes. Mon teint vira au blanc.

- C'est pas possible... je murmure, en recommençant à pleurer.

Mes jambes flanchent, le médecin m'allonge en vitesse et passe son appareil sur mon ventre.

- Je suis désolée Elsa, elle me dit. Cela dit, ta fille a eu raison....
- C'est une fille ? demande Miguel, les yeux brillants.
- Exactement, répond la médecin.
- Pourquoi elle a raison ? je les coupe.

Elle s'assoit et nous pointe l'écran.

- Elle n'était plus viable dans ton utérus, les toxines ne sont pas parties. Je crois que....

Un blanc s'installe, tout le monde se regarde avec malaise.

- Il faut faire une césarienne d'urgence. Emmenez la au bloc ! crie t-elle aux infirmières.

Michou se relève et me regarde, paniqué. Ni lui ni moi ne comprenons. Que se passe t-il ?

Une fois l'opération faite, la médecin, Mme Flynn, revient voir Miguel qui n'a pas pu m'accompagner. Ce dernier se lève timidement.

- Venez, je vais vous expliquer, dit-elle en l'accompagnant dans la salle de réunion.

Ils s'assirent et elle commença :
- Alors... déjà, votre fille est née, elle va bien. Elsa reprend doucement ses esprits en salle de réveil. Elles ne sont pas ensembles car les toxines ont provoqué des irrégularités dans le développement, on a donc amené votre fille faire des examens.

Miguel souffle, abasourdi. Mme Flynn continue:
- On s'est rendus compte, en faisant la césarienne, une ouverture du ventre pour faire sortir le bébé, que la grossesse était en fait gémellaire, c'est à dire qu'ils étaient deux dans son ventre. Cependant, le deuxième bébé a du mourir tôt pendant la grossesse, probablement au moment de ses premiers symptômes, mais ne jamais se décrocher, et à pourri à l'intérieur du corps. Quand j'ai dis que votre fille avait eu raison de déclencher l'accouchement maintenant, c'est parce qu'elle savait que le mélange de la pourriture et des toxines l'aurait tuée.

Miguel ne dit plus rien, il se contentait d'hocher la tête. Ça le touchait plus qu'il ne le voulait.

- Je peux les voir ? finit-il par demander.
- Elsa oui, votre fille, pas maintenant. Elle est très prématurée, et doit rester en couveuse. Je vous amène à Elsa.
- Je veux bien, répondît-il. Ça va nous faire du bien.
- Je pense aussi.

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Hello ! Que pensez-vous de ce premier (dixième) chapitre de partie ? Des propositions sur l'état de santé de la fille d'Elsa et Michou ?
J'attends vos retours ! ♥️

S'il ne fallait que toiWhere stories live. Discover now