CHAPITRE 4 - Angoisses

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Repenser à mes parents est horrible pour moi, je les revois encore se faire assassiner devant mes yeux de la pire des façons, ma mère nous regardait en murmurant un je t'aime du bout de ses lèvres. Astrid hurla lorsque la milice appuya sur le bouton, les larmes aux yeux nous virent nos parents se consumaient devant nos yeux. Je collais mes mains sur la vitre qui me séparaient de mes parents, sans les entendre je devinais leurs cris de douleurs.

Ils résonnaient en moi.

Je ne veux pas m'en souvenir, mais c'est la dernière fois que nous avons pu les voir et cette image est tellement gravé dans ma tête, qu'il ne se passe pas une nuit sans un cauchemar, pas une nuit sans qu'Astrid se mette à sangloter de douleur et tout cela depuis trois ans.

Trois années de torture mentale.

Je pense qu'être flageller sur place publique fais moins mal qu'une torture mentale continue.

Demandez à Peter il vous le dira surement, ce pauvre garçon à perdu ses parents ainsi que le reste de sa famille dans la guerre. Il a aussi beaucoup de problèmes avec la milice. Pourtant, c'est un brave garçon qui as la main sur le cœur et fait toujours en sorte d'écouter et aider les autres, mais non seulement de les faire rire.

Les gens qui sourient le plus sont ceux qui au fond d'eux souffrent le plus.

Ils ont juste déjà utilisés toutes les larmes qu'ils pouvaient créer et sont lassées au point de ne plus rien ressentir.

Je sais que ma situation n'est pas simple, je me suis souvent demandés si la vie servait vraiment à quelque chose, si on n'était pas juste des marionnettes pour amuser ceux qui nous dirigent ?

Pourquoi sinon faire autant d'horreurs et de prôner la souffrance et le malheur. Je me suis tout de même fais promettre de ne jamais me donner la mort et de faire en sorte d'être heureuse pour mes parents qui eux n'ont pas pu le faire. Ces sombres pensées, je suis loin d'être la seule à les avoir et je vous assure que je ne veux la pitié de personne, je ne suis pas la plus à plaindre et je ne veux pas l'être.

Néanmoins, je pense chaque jour à rendre Astrid heureuse et la faire sortir de son cauchemar continu. Certains interdissent à ceux qui n'ont pas perdu d'être cher de se plaindre ou de s'apitoyée sur leur sort. Comme s'il existait des problèmes moindres. On ne peut pas juger la douleur des gens sans l'avoir vécu, malgré le fait que je vive la même chose que ma jumelle je ne ressens pas tout pareil.

Je me sentis prise d'un vertige, ce genre de pensées ne mènent jamais à rien de bon. Je haletais. Je ne m'étais même pas rendu compte à quel point ma respiration s'était accéléré. Fichues crises d'angoisses. Ma mère m'aidait à les gérer plus petites, mais maintenant j'étais seul. Et voilà que je m'enfonce encore plus dans les ténèbres de mes pensées.

Je m'assoyais contre le mur et fixant le lit en face de moi, je comptais à voix basse mes respirations pour tenter de me calmer. Au moment où je parvenais à bouger, un grand frisson me parcourra le corps et une grosse larme roula sur ma joue droite. Je priais pour que personne ne m'entende. J'étouffais mes sanglots.

Ce genre de situation arrivait très souvent. Je pensais, un peu trop et voilà je me retrouvais piégée dans l'horreur de mes pensées.

J'essayais de le montrer le moins possible, mais vous savez quand la terreur vous ronge au plus profond de vous et que vous n'avez pas d'autre choix que de l'accepter vous pouvez en devenir fou. Je crois qu'une personne qui ne vit pas tout cela me trouverait sans aucun doute folle et rigolerais beaucoup de ma façon de penser.

J'entendis l'horloge sonnait, je me devais d'être à l'heure à mon premier diner. Je me forçais à prendre une grande inspiration pour me calmer. Je comptai à trois tout doucement et me releva. J'attrapais un bout de tissus posés sur le bureau pour m'essuyais le visage. D'un pas décidé, je passais le pan de la porte et m'orientais dans le grand couloir jusqu'à la pièce principale.

Monsieur Mauril était déjà attablé et sa femme lui servait généreusement du plat : une espèce de purée de patate avec des morceaux de viande. Monsieur Mauril se permit bien sûr de me faire une remarque sur mon retard d'une minute. Son adorable femme tenta de lui expliquer que ce n'était pas grave, mais celui-ci ne voulait rien entendre. Il lui hurla qu'elle était stupide et pris le soin d'ajouter : "comme toutes les femmes d'ailleurs, vous n'êtes bonne qu'as faire à manger".

Ces paroles réveillèrent une haine en moi, comment est-il encore possible de tenir de tels propos après toutes ces luttes qui avait était faites dans les années 2030 ? Je me tus. Aucune envie de me confronter à un tel type. Le reste du repas se déroula dans le silence, les seules fois où il fut brisé, ce fut pour entendre les plaintes de monsieur Mauril.

Lorsqu'il nous en a autorisé nous avons quitté la table et je me suis dirigé directement dans ma chambre. Je fermais la porte à clef au cas où ce fou voudrait rentrer pendant la nuit... J'enfilais alors le pyjama blanc et me glissais dans les draps. La sensation du drap frais qui effleurés ma peau me rassura. Le matelas était moelleux, je n'avais pas dormi dans un de ces cocons depuis le début de la guerre, je pense. Je ne voulais pas rechuter dans d'affreuses pensées alors je me concentrais à haïr monsieur Mauril intérieurement. Il avait en effet chez lui tout pour déplaire, je ne parle pas physiquement même si déjà là ce n'est vraiment pas fameux, mais plutôt de son caractère. Il est hautain, se croit supérieur à tout et tout le monde, maudis les rebelles, mais aussi le gouvernement. Il est bipolaire, agressif, n'as pas un vocabulaire très élargi si l'on peut dire.

Ce soir-là je mis peu de temps à m'endormir tant le matelas étais bon. Mais la nuit n'en fut pas plus facile pour autant...

REBELS - tome 1 / Édité Where stories live. Discover now