De toi à moi (with love) - [Sous contrat Black Ink Editions]

Chapitre 1

Ma sœur n'avait pas changé : toujours aussi grande, mince et bronzée. Au moment où elle m'aperçut au loin, elle ne put s'empêcher de me faire des grands signes, au cas où je la louperais et ferais demi-tour pour rentrer à Paris.

Mon énorme sac rouge sur l'épaule, ma valise à roulettes sur les talons, je lui fis rapidement un petit geste de la main pour lui montrer que oui, je l'avais bien vue.

Une fois près de moi, elle me toisa de ses yeux bleus, comme elle le faisait si souvent lorsque j'étais petite et qu'elle s'apprêtait à me faire une leçon de morale :

 — Non, ce n'est pas une erreur d'être venue, et oui, tu risques de ne jamais vouloir repartir !

 — Je n'ai rien dit Alex, détends-toi.

Je luis souris malgré tout, tandis qu'elle me dévisageait d'un œil réprobateur :

— Oui, mais tu as une de ces têtes !

— Excuse-moi de ne pas être incroyablement sexy après 12 heures de vol. Et si j'étais sûre que tout ceci était une erreur, je ne serais pas ici, maintenant, avec toi.

Elle me sourit enfin et m'enlaça brièvement :

 — Il faut se dépêcher, Julian attend dans la voiture.

Elle détourna les talons et je dus accélérer le pas pour la suivre à travers l'aéroport de Los Angeles, qui était toujours aussi vaste et bruyant. Il faisait encore plus chaud qu'à Paris, et je me félicitais intérieurement d'avoir opté pour ce short en jean et ce débardeur blanc.

Une fois à l'extérieur, un léger vent frais effleura ma peau et je poussai un grand soupir de soulagement : j'étais enfin arrivée, ce long voyage éprouvant ne serait plus qu'un lointain souvenir.

Julian nous attendait devant sa voiture, garée à moitié sur le trottoir, à moitié sur la route. Il me gratifia d'un grand sourire chaleureux et me prit dans ses bras avant de s'emparer de mes valises.

 — Tu aurais pu l'aider, lança-t-il à Alex.

Sa remarque m'amusa :

— Elle ne pouvait pas, elle était trop occupée à essayer de me perdre à travers l'aéroport.

Ma sœur me lança alors un regard mauvais :

— Si je n'avais pas voulu de toi, je ne t'aurais pas fait venir !

— Je crois qu'elle plaisantait, ne mords pas, dit Julian en lui ébouriffant les cheveux, ce qui la renfrogna davantage.

J'aimais beaucoup Julian. J'avais fait sa connaissance lors de mon précédent voyage à Los Angeles, et il m'avait fait tout de suite bonne impression. Alex et lui s'étaient rencontrés il y a quelques années, dans cette ville. Lui, américain originaire du Texas, avait le même projet que ma sœur : monter sa propre agence artistique. De leur profonde amitié était née ATA – Artistic Talent Agency – , une société qui selon les derniers dires d'Alex commençait à devenir particulièrement rentable.

Une fois installée dans la voiture, à l'arrière, j'eus tout le loisir de l'observer. Avec ses cheveux blonds bouclés, sa chemise bleu clair et ses lunettes marrons, il avait une classe folle.

— Alors, Charlie, comment s'est passé ton voyage ? Me demanda-t-il, alors qu'il venait de s'engager sur l'autoroute.

Son anglais était teinté d'un accent texan assez prononcé, qui lui donnait sans conteste un certain charme. L'idée de communiquer principalement dans cette langue me réjouissait, tant j'étais frustrée de ne pas la parler davantage à Paris. Je me rappelais du plaisir que j'avais pris lors de mes voyages à Londres, le plus souvent en tant que jeune fille au pair, à évacuer ma langue natale de mon esprit. C'était sûrement ce qui m'enthousiasmait le plus : à part avec Alex, l'anglais serait dorénavant ma langue.