Chapitre 2

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Le lendemain, ma journée fut particulièrement remplie. A peine réveillée, je me levai et m'habillai rapidement, prête à profiter de la ville incroyable où je me trouvai. N'ayant pas encore de voiture, Alex me prêta la sienne, cela ne la dérangeait pas d'aller au bureau avec Julian. D'ailleurs, je me rendis compte très vite qu'il fallait m'en procurer une : à Los Angeles, les transports en communs n'étaient ni pratiques, ni commodes.

Vêtue d'un short beige et d'un haut clair, j'arpentai, une bonne partie de la matinée, les grandes artères de cette capitale californienne. Je n'avais pas de but précis ; l'idée de visiter les lieux touristiques que je connaissais déjà ne m'attirait guère. J'avais seulement l'envie inexplicable de parcourir les différentes rues de la ville, afin de m'imprégner de cette atmosphère si particulière propre à la cité des anges.

Los Angeles était constituée étrangement. Il n'y avait pas réellement de centre-ville, seulement des quartiers situés les uns à côté des autres ; pour la plupart, il était question de zones résidentielles, plus ou moins luxueuses ; pour les autres, il s'agissait de buildings, centres commerciaux et grandes artères touristiques. Il y avait également certains quartiers modestes, moins somptueux mais particulièrement vivants.

Quand je vis l'océan, je ne pus m'empêcher de trouver rapidement une place de parking afin de profiter du cadre maritime. Sur le rivage, mes baskets à la main, je trempai mes pieds dans l'eau, observant le rythme régulier des vagues plutôt que la foule amassée sur le sable fin.

Si jamais ce poste m'était destiné, si jamais je devais rester ici quelques années pour travailler, je pourrais y être à ma place. Pour la première fois depuis mon arrivée, je ressentais l'envie d'y habiter. Vraiment. C'était sans aucun doute cette grande étendue bleue qui me faisait cet effet. L'océan m'apaisait et me réconfortait.

De retour à la maison, j'allai sur l'ordinateur d'Alex. Depuis mon départ, je n'avais pris contact avec aucun de mes amis laissés en France. Je restais ainsi quelques heures à poster des messages, à répondre à mes mails, mais surtout à discuter avec Damien.

C'était un très bon ami, et accessoirement mon ex copain. J'avais été en couple avec lui pendant mes deux premières années de fac. Pour être honnête, ce n'était pas vraiment le grand amour, mais il y avait toujours eu, entre nous, une grande complicité.

Quand il avait quitté la région parisienne, afin de poursuivre des études de journalisme, nous nous étions tous les deux rendus compte que notre couple ne tiendrait pas ; mais notre amitié oui, et c'était ce qu'il se passait depuis. D'ailleurs, il ne faisait que m'encourager à voler de mes propres ailes, et mon départ à Los Angeles était pour lui une grande opportunité à ne pas rater.

Il devait être 19 heures lorsque Alex rentra à l'appartement.

Elle posa son sac à main sur la commode de l'entrée, avant de se planter devant moi :

— Ne me dis pas que tu es restée toute la journée ici, alors que tu te trouves à Los Angeles ?

— Je suis revenue il n'y a pas longtemps, lui répondis-je doucement, tout en continuant de fixer l'écran d'ordinateur. Où est Julian ?

— Il m'a déposée, puis il est reparti en ville. Je crois que Rebecca l'attendait.

— Qui ?

— Rebecca, sa copine, m'expliqua-t-elle en insistant sur chaque syllabe, comme si j'étais une demeurée.

— Attends ... il ne se passe toujours rien entre toi et ...

— Ferme-là Charlie, me coupa Alex, mettant ainsi fin à ce sujet qui semblait indéniablement la mettre mal à l'aise. Allez, bouge tes fesses, j'ai quelques endroits à te montrer. Et tu n'as pas intérêt à dire non !

— Ressortir ne me dérange pas. Mais avec toi, je ne sais pas trop ...

— Je t'ai demandé de bouger tes fesses !

Tout en me donnant cet ordre, elle attrapa un coussin et me le balança à la figure. Bien décidée à riposter, je m'emparai d'une étrange peluche posée sur la table où je m'étais installée, et la brandit d'un air menaçant :

— Ne me cherche pas, Alexandra...

Elle détestait quand je l'appelai par son prénom, car je le faisais toujours dans l'intention de la provoquer.

Elle me regarda d'un air mauvais, avant de me rétorquer :

— Je te cherche si l'envie m'en prend. Et si tu m'appelles encore une fois Alexandra, je te fous à la porte !

Pour toute réponse, je levai les yeux au ciel, mais me levai de ma chaise. Cela ne faisait aucun doute : je venais de retrouver ma très chère sœur.

Alex m'emmenait voir un ami à elle, qui tenait un bar à Echo Park. Dans la voiture, nous ne discutions pas. Assise sur le siège passager, je la fixai en train de conduire, ce qui était plutôt drôle. Nerveuse, elle ne pouvait s'empêcher d'insulter la moitié des voitures qui avaient le malheur de se trouver sur son chemin.

Tout le monde nous disait constamment que nous ne nous ressemblions pas du tout. Physiquement d'abord : alors qu'Alex avait les cheveux foncés, je les avais très blonds ; ses yeux étaient bleus, les miens noisettes ; sa peau, hâlée et couverte de tâches de rousseur, contrastait avec la mienne, pâle et uniforme. Elle mesurait presque 1m80, je faisais dix centimètres de moins.

Je ne pouvais nier qu'elle était plutôt jolie : malgré ses airs de garçon manqué, et son absence de maquillage ou de quelconque signe de coquetterie, elle avait un charme sûrement dû à son tempérament.

Quand son téléphone sonna, elle le décrocha rapidement, tout en continuant de conduire.

— Alexandra Serra, j'écoute, dit-elle machinalement.

Elle resta silencieuse quelques secondes, comme interloquée par ce que lui disait son interlocuteur.

— Il a quoi ? Non mais attends, tu rigoles ?

Elle semblait énervée, et elle ne put s'empêcher de lâcher un juron.

— Passe-le-moi ... Quoi ? Dis-lui que c'est moi au téléphone ...Comment ça, il ne veut pas ? S'il refuse de me parler, à quoi je sers ? ... Quoi, tout de suite ?... Ok, attends deux secondes...

Elle repoussa le téléphone de son oreille et se tourna vers moi :

— J'ai un problème à régler, ça ne te dérange pas si on passe à Pacific Palisades ?

— Heu ... non ... Enfin tu peux me reposer à la maison si tu veux, lui répondis-je.

—Je préfère y aller directement. Si jamais c'est trop long, je t'appellerai un taxi de là-bas.

Je hochai la tête. De toute façon je n'avais pas le choix. Je ne savais pas exactement ce qu'elle devait régler comme problème, mais j'allai devoir la suivre, de gré ou de force.

Pacific Palisades ... C'était sûrement l'un des plus beaux quartiers de la ville, rempli de maisons hors de prix habitées pour la plupart par des hommes d'affaires influents ou par des célébrités.

Quel problème pouvait-elle bien régler là-bas ? Soudain, je crus deviner.

Elle resta encore quelques instants au téléphone, toujours aussi agacée, puis ajouta avant de raccrocher :

— Ok ... dis à Jared que j'arrive tout de suite.

Mon intuition était bonne. Sans réellement savoir pourquoi, je commençai à me sentir mal à l'aise. J'allais me rendre chez lui. Tout de suite.



De toi à moi (with love) - [Sous contrat Black Ink Editions]Where stories live. Discover now