Chapitre 6

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Ma première journée chez EMC se passa bien mieux que je n'aurais pu l'imaginer. Certes, cela n'avait pourtant pas bien commencé, puisque j'étais arrivée avec près d'un quart d'heure de retard : mais M.Edwards n'avait heureusement rien remarqué puisqu'il était en réunion.

Je l'avais alors attendu en compagnie de Maya, à l'accueil. Bien qu'elle ait 35ans, elle semblait avoir mon âge : elle était particulièrement amusante, et je dus avouer qu'elle me fit agréablement passer le temps.

Le directeur de EMC me fit ensuite visiter les locaux, qui n'étaient pas si grands que je l'imaginais, avant de me présenter « ma salle de travail » : je compris très vite qu'il s'agissait de l'endroit où les employés ne possédant pas de bureau personnel passaient leurs journées. Heureusement, l'endroit était spacieux et bien équipé.

Pour mon premier jour, il me demanda de traduire en français des factures de la société, ainsi que quelques mails concernant les projets à venir, afin d'envoyer le tout aux investisseurs à Paris.

La tâche n'était pas des plus réjouissantes pour l'instant, mais je n'étais qu'à l'essai ; de plus, ce travail serait pour moi signe de tranquillité. Il n'y avait qu'une vingtaine d'employés au sein de cette société de production, et tout le long de la journée, je n'en vis que très peu, et ne fis qu'échanger quelques amabilités. Malgré tout, j'espérais tout de même que cette tranquillité apparente ne se transformerait pas en ennui.

Dans le courant de l'après-midi, alors que je m'apprêtais à me connecter sur ma nouvelle messagerie professionnelle, une page de publicité s'ouvrit sans que je le veuille. Je comptais la fermer, agacée, sauf que j'en abstins.

Il s'agissait de la bande-annonce d'un film, qui sortait apparemment dans quelques semaines ; mais ce qui attira véritablement mon attention, au point de me paralyser, ce fut d'apercevoir son nom. Jared Evans.

J'hésitais quelques instants à regarder la vidéo, avant de faire rapidement disparaître la page. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi ? Ma sœur travaillait peut-être pour lui, mais notre rencontre avait été calamiteuse. Cet acteur était méprisant, arrogant, et je ne devais plus m'intéresser à lui.

Dans ce cas, pourquoi repensais-je sans arrêt au moment où il avait posé les yeux sur moi ? Pourquoi est-ce que je visualisais encore si nettement son regard et les traits de son visage ?

Cette fascination complètement inexplicable était absurde, voire ridicule. En soupirant, j'essayai de l'oublier et m'attelait de nouveau au travail demandé.

***

-Je pense qu'il commence par te donner les tâches les plus ennuyantes pour voir ce que tu vaux, tenta de me rassurer Alex, tout en me tendant un café par dessus son bureau.

Juste après le travail, je m'étais directement rendue à son agence, afin de lui raconter ma journée.

-EMC est une super société de production, peu connue mais qui produit des œuvres de qualités, des œuvres françaises notamment. Tu vas voir, sans t'en rendre compte, tu seras amenée à traduire des scénarios ou à donner ton avis sur le choix des productions !

-Oui, et dans une semaine, Edwards me laisse sa place ! Tu exagères un peu, là, Alex, commentai-je, tout en portant la tasse de café à mes lèvres.

-Jamais vu une râleuse pareille.

Lorsque le téléphone sonna, elle le décrocha rapidement.

-C'est l'hôpital qui se fout de la charité, dis-je tout bas en souriant, mais elle m'entendit et me fit un charmant doigt d'honneur.

A mon avis, Alex essayait surtout de me prouver que ce job était aussi passionnant qu'elle me l'avait promis au téléphone.

L'agence d'Alex et Julian se trouvait dans le même quartier que celui de EMC, un peu plus loin sur le boulevard. J'étais déjà venue à plusieurs reprises lors de mon ancien voyage à Los Angeles, il y a quelques années, et leurs bureaux n'avaient pas changé.

Ils se trouvaient au sein d'un immeuble d'une dizaine d'étages, qui abritait également plusieurs start-up, et ils n'étaient composés que de quelques pièces étroites.

Ils avaient sous leur ordres cinq employés, que je n'avais jamais rencontrés : selon les dires de ma sœur, ils étaient tellement affairés à courir à droite et à gauche pour satisfaire leur client que cela était tout à fait normal.

Alex était toujours au téléphone, et vu son ton autoritaire, il devait justement s'agir de l'un d'eux.

Ce fut à ce moment-là que Julian rentra dans le bureau, en me faisant un grand sourire.

-Alors Charlie, ta première journée ?

Je lui racontai encore une fois ce qu'il s'était passé, bien que cela ne soit pas particulièrement passionnant.

Quand ma sœur raccrocha, il lui lança :

-Tu lui as proposé de venir samedi ?

-Non mais j'allais le faire, lui répondit Alex, en se tournant ensuite vers moi. Il y a un gala de charité samedi soir, afin de recueillir des fonds pour la recherche contre les maladies orphelines. On a réussi à dégoter plusieurs invitations, tu te joins à nous ? Il y aura le gratin.

-Comme Jared Evans ?

Ces mots sortirent si spontanément de ma bouche que je m'étonnai moi-même.

-C'est surtout une soirée pour des riches entrepreneurs, me répondit Alex. Mais comme souvent, ils demandent à un acteur de venir afin d'attirer l'attention, comme parrain de la soirée, si tu veux. Et j'ai par miracle réussi à convaincre Jared, donc en effet, il viendra.

-Enfin, rien n'est sûr avec lui, commenta Julian, qui pendant qu'Alex parlait, s'était assis nonchalamment sur son bureau.

-J'ai laissé tombé pour la promotion, je ne laisserai pas tomber pour ça ! Mais il ne nous a toujours pas dit s'il venait avec Elena, continua-t-elle, songeuse.

-Elena Guttiérez ? Demandai-je. C'est sa copine, c'est ça ?

Je feintais l'ignorance, tout en essayant d'employer un ton anodin. Je ne voulais en aucun qu'un qu'ils remarquent que je m'intéressais un peu trop à sa personne.

-Oui, enfin pour la presse. Les choses sont plus compliquées dans le milieu, tu sais, me répondit Julian. Alors t'es partante ?

-Je ne pense pas non, je ne serai pas à ma place.

Je me voyais déjà dans un coin, telle une potiche, à observer les autres s'amuser. Mais surtout, j'étais effrayé à l'idée de revoir Jared Evans.

-Allez Charlie, ne me dis pas que la bourgeoisie de Los Angeles t'effraie ? Je te pensais plus sûre de toi, me lança Alex.

-Je ne suis pas effrayée, je n'ai juste pas envie de passer toute ma soirée à m'ennuyer.

-Tu ne t'ennuieras pas, me rassura Julian, on ne te lâchera pas d'une semelle.

-Je ne suis pas une gamine, et je n'ai...

-Alors comporte-toi comme une adulte et pointe toi à la soirée, coupa sèchement Alex.

-Pourquoi voulez-vous tant que je vienne ?

-Si tu ne viens pas, on s'en remettra vite, reprit ma sœur, en me fixant attentivement de ses yeux bleus. C'est juste gênant de te voir débarquer à Los Angeles et refuser de nous suivre à des soirées branchées. On ne te le proposera pas tout le temps, mais là, ça serait bien pour toi que tu nous accompagnes.

-Et pourquoi ? Insistai-je.

-A ton avis ? Pour te trouver un mari américain millionnaire !

Elle me sourit brièvement pendant que Julian rigolait.

Je n'avais aucune envie d'aller à ce gala. Malgré tout, je savais parfaitement que je m'y rendrai. Et surtout, que je le verrai.


De toi à moi (with love) - [Sous contrat Black Ink Editions]Where stories live. Discover now