L'Etincelle { Noël }

15 Décembre

Je me suis peut-être trompée au sujet de Noël. Les faibles rayons du soleil disparaissent peu à peu sous notre enveloppe noire et pourtant toujours aucune nouvelle de lui. Je me surprends à être déçue. Déçue qu'il n'accepte pas mon aide, bien entendu.

Peut-être suis-je allée trop loin hier. Quelle idée de fondre en larmes dans ses bras ! C'est tout sauf professionnel.

Après cet incident, il ne m'a posé aucune question. Il faut dire que mon échange avec ma mère était assez explicite, même pour un regard extérieur. Il s'est contenté de me garder dans ses bras jusqu'à ce que je me calme. Sur l'instant, je m'y suis sentie bien, en sécurité, comme si rien ne pouvait m'atteindre. Comme si mes sens étaient dirigés vers lui.

Les battements de son cœur lent et bruyant.

Les muscles de son dos cachés sous un pull doux et confortable.

L'odeur d'ambre chatouillant mon nez

_ Merci, lui ai-je murmuré.

Noël a caressé maladroitement mes cheveux sans un mot. Une fois que nous nous sommes écartés l'un de l'autre, son regard peinait à soutenir le mien. J'aurais voulu m'y réfugier pour chasser tous mes doutes se ruant sur moi.

L'homme n'a attendu qu'une dizaine de minutes avant de prétexter avoir autre chose à faire.

Aujourd'hui, je me sens honteuse. J'aurais dû garder le contrôle de mes émotions. J'aurais dû me montrer forte comme toutes ces autres fois. J'aurais dû compter sur l'adolescente en moi que je sous-estime trop ; celle qui gardait la tête haute en toutes circonstances.

C'est idiot cette sensation. Lorsque le contact d'un homme vous fragilise autant qu'il vous rassure. Cette petite bulle incassable. Ce tout petit sentiment...

L'arrivée d'une jeune fille me coupe dans mes rêveries. Une longue et épaisse natte brune tombe le long de son visage basané. L'harmonie de celui-ci se ressent d'autant plus dans son regard qui me sonde d'une douceur inouïe. Ses rondeurs lui donnent une attitude d'autant plus chaleureuse. On dirait une princesse. Bien sûr, elle ne porte pas de majestueuse robe, juste un simple jogging noir.

Je la salue. Elle me répond par un sourire radieux.

_ Bonsoir, vous ne fermez pas déjà ?

_ Non, j'ai encore deux heures de service.

_ Cool ! J'ai une adoration pour les bougies, c'est presque une obsession, alors mon oncle m'a parlé de votre boutique. C'est vraiment adorable ici.

_ Merci. Vous souhaitez un renseignement ?

_ Mon oncle m'a expliqué le concept de vos bougies personnalisées et j'avoue que ça m'intrigue énormément.

_ Oui, c'est le format « Etincelle ».

Je lui résume le fonctionnement mis en place, avant de l'inviter à venir s'asseoir. Le soleil dehors s'est endormi et ma boutique est la seule source de lumière de la rue. Nous sommes mi-décembre et personne n'a le cœur à illuminer la ville. C'est atrocement triste.

_ Si vous commenciez pas me dire votre nom ? je demande en préparant deux chocolats chauds.

_ Victoire. Victoire Dumont.

_ Dumont ? je répète surprise. Vous êtes la nièce d'Olivier Dumont ?

_ C'est ça. Vous vous souvenez de tous vos clients ?