Chapitre 4

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— Non, non, Ley ! C'est une très mauvaise idée.

Je savais qu'elle dirait cela. Assise sur mon lit, il faisait bientôt nuit et j'avais déjà mangé. Dans un silence accablant, mon père avait rouspété sur la qualité de ses légumes verts avant de me disputer quant à ma petite échappade d'aujourd'hui. J'avais hoché la tête tout le long du repas puis j'étais partie dans ma chambre. Cela faisait bientôt une heure quand Drea était venue me rendre visite.

Et nous voilà maintenant en train de discuter de mon futur projet. Que je compte bien réaliser !

— Écoute, ces idiots ne connaissaient même pas les règles. Ils doivent sûrement être ivres à l'heure qu'il est.

— Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu veux aller récupérer un maudit cheval pour un jeu gagné et où tu as failli te faire étriper ? Non, Ley, je ne t'accompagnerai pas là-dedans.

Je soupirai. Elle avait raison. Récupérer le cheval était sûrement idiot et insensé. Je la dévisageai quelques secondes. Ses longs cheveux auburn lui arrivaient jusqu'à la taille et ses grands yeux bleus me fixaient avec une certaine incompréhension.

— D'accord, pas de cheval. Mais on peut au moins sortir ?

— Non plus. Il est tard et les patrouilleurs vont nous attraper. Écoute, déjà que ton père t'a sermonnée aujourd'hui, il ne manquerait plus qu'il t'arrive quelque chose là-bas !

— Tu sais qu'après le Jour d'Or, rien ne sera plus jamais comme avant ?

Elle se crispa. Drea était ma meilleure amie depuis toute petite. Nous allions dans la même école, on s'entendait à merveille même si parfois j'agissais stupidement. Mais depuis un an... les choses avaient changé. Il me manquait quelque chose. J'avais le sentiment que mon cœur s'était fissuré le soir où ma mère avait été assassinée. Mais malheureusement pour moi, mes souvenirs étaient flous et m'empêchaient donc de comprendre l'origine du problème.

— Je sais, Ley...

— Alors viens avec moi. Pour les quelques jours qu'il nous reste, s'il te plaît. Rappelle-toi comment nous nous étions amusés la dernière fois !

Et je ne mentais même pas. Nous étions sortis en ville toute la nuit, avions traîné dans les bars où nous avions sympathisé avec des filles un peu plus âgées que nous. Nous avions joué aux cartes, bu jusqu'à en devenir idiotes puis nous étions parties saoûles en riant aux éclats dans les rues, les têtes levées vers le ciel. Comme si plus aucun lendemain n'existait.

— Bon, d'accord. Mais c'est la dernière fois. On trouvera un autre moyen de s'amuser les prochains jours.

Excitée, je la serrai dans mes bras. Ma meilleure amie était incroyable.

— Viens, je connais un passage secret pour éviter les gardes.

• • •

Je m'étais changée. J'avais revêtu mon corset noir, mon favori. Mon père le détestait parce qu'il disait que je ressemblais à une « voleuse d'Arkana » avec. J'ignorais à quoi elles pouvaient ressembler mais j'estimais qu'il disait cela juste pour la couleur. À Eternera, les gens s'habillaient simplement avec des couleurs ordinaires. Après tout, nous étions un pays de sagesse et de liberté. Prôner la simplicité et aimer son prochain étaient des valeurs primordiales.

Même après le meurtre de ma mère, personne n'a protesté. Un hommage avait été fait et la vie avait repris son cours. Je ne savais même pas ce que devenaient les autres royaumes. Avaient-ils eux aussi perdu leur reine ? Ou l'un deux avait-il ordonné l'assassinat de ma mère ? Tant de questions qui restaient sans réponses.

The Last Soul | TOME 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora