Chapitre 19

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— Je peux parfaitement marcher. Laissez-moi.

— Non.

Je grognai. Voilà maintenant vingt minutes que je m'étais réveillée et Dacian me portait dans les couloirs du palais, jusqu'à ma chambre. La salle de Conseil était tombée en ruines. Ses membres s'étaient enfuis pour la plupart, seule Lianys était restée à Eternera. Dacian lui avait indiqué une chambre où se reposer en attendant que les choses se calment.

— Reposez-moi maintenant. Ou j'ordonne votre exécution pour demain matin.

Il éclata de rire et mon cœur se mit à battre plus fort dans ma poitrine. Ses cheveux de jais étaient désordonnés, ses joues rougies sous l'effet du froid, et sa peau, pleine de poussières. Il restait cependant d'une beauté éclatante dans son uniforme. Le décor était parfait. Trop parfait.

— Je ne vous lâcherai pas.

— Vous me devez cependant des explications.

Mon ton le surprit. Ses yeux s'accrochèrent aux miens et je jurerais lire une flamme au fond de sa pupille. Son corps était chaud contre le mien.

— Quelles explications ?

— Reposez-moi.

Nous arrivions dans ma chambre. Il me relâcha doucement, et bien trop lentement. Ses mains avaient eu le temps de toucher mon corps un peu trop longtemps à mon goût. Mais aucun mot ne sortit de ma bouche. Une boule se forma dans mon ventre. Ce n'était pas de la peur. C'était du désir.

Il dut le ressentir car ses doigts s'aggripèrent au tissu de ma robe. Il était si proche que je sentais son souffle contre moi. Il n'avait qu'à avancer d'un pas pour que nos poitrines se touchent. J'étais terrifiée. Le désir que j'éprouvais pour cet homme me terrifiait.

Je reculai d'un pas, comme pour reprendre mon souffle. Mais c'était peine perdue. J'étais en pleine asphyxie en sa présence, en permanence. Il me faisait ressentir des choses nouvelles, mon estomac se tordait, mes poumons semblaient se bloquer.

Il s'avança d'un pas. Mon dos heurta le mur. Il leva la main, remit une mèche de mes cheveux en place. Je levai la mienne, et mes doigts s'attardèrent sur sa joue. Je le vis se figer et ses paupières se fermèrent pendant quelques secondes. J'eus le souffle coupé devant sa beauté. Il y avait quelque chose de magique chez lui. Cet homme ne pouvait pas être un simple humain. J'avais l'impression... J'avais l'impression que nos âmes se retrouvaient.

Mais il n'était pas mon âme sœur.

Il ne rouvrit pas les yeux mais son autre main retrouva la mienne. Je me hissai sur la pointe des pieds pour l'atteindre. Mon cœur battait tellement fort, tellement vite. C'était impensable. Et pourtant, mes lèvres vinrent effleurer les siennes dans une tentative désespérée.

Nous ne nous embrassions pas, et pourtant, c'était comme si. Je sentais qu'il se contenait, que pour lui aussi, son cœur battait fort. Je savais qu'il ressentait exactement la même chose que moi. J'aurais pu ouvrir les lèvres pour accueillir les siennes. Je désirais tellement le goûter que j'en avais mal partout.

Mais ce n'est pas ce que je fis. Je me détachai de lui et lui chuchotai à l'oreille, comme des paroles interdites :

— Cela aurait dû être vous. Au Jour d'Or. Pas le Prince des Ténèbres. Seulement vous.

Je reculai. Son torse se soulevait difficilement. Ses yeux étaient tellement noirs... Aussi noirs que les ténèbres. Je crevais de désir pour lui. Alors que je le connaissais à peine. J'avais pourtant l'impression de le connaître depuis toujours.

The Last Soul | TOME 1Where stories live. Discover now