Chapitre 55

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Dacian brandit son épée, laissant la foule se scinder en deux devant nous. Éberluée de son audace, j'en oubliai presque de le suivre. Je tentai de me reprendre, et repoussai ma capuche en arrière. Il fut le premier à atteindre les grilles royales.

Des patrouilleurs le menaçaient de leur arme, mais cela ne sembla pas le perturber. Au lieu de cela, il me prit par le poignet pour me montrer à ma propre garde royale.

— Sa Majesté Leysana d'Eternera ordonne qu'on lui ouvre les grilles.

Les gardes ne surent comment réagir. L'un regarda l'autre, interloqué, avant de reporter son attention sur moi. Mes cheveux auburn ne trompaient pas : j'étais toujours la même qu'il y a quelques semaines. Alors pourquoi hésitait-il ?

J'avais parlé trop vite. Les grilles s'ouvrirent d'un seul coup. Mais au lieu de me laisser entrer, un soldat me hurla de poser les genoux à terre, les mains levées, tout en me menaçant de son arme.

Dacian dut faire la même chose que moi. La foule dans mon dos était toujours aussi hyperactive. Du coin de l'œil, je les vis lever le poing, satisfaits de mon arrestation. Le patrouilleur s'abaissa pour me menotter, et je notai dans un coin de mon esprit que ce n'étaient pas des menottes bloquant la magie.

On me tourna face à la foule. Je reçus un projectile en plein dans l'abdomen et luttai pour ne pas me plier en deux de douleur.

— À mort la traîtresse!

Je les regardai, eux, et leurs visages pleins de haine. C'était mon père qu'ils aimaient, pas moi. On m'avait fait passer pour une traîtresse. Je n'étais rien de plus qu'une ennemie à leurs yeux.

La patrouilleur me tira par le bras pour me ramener à l'intérieur du palais. Dacian fut emmené à ma suite mais il se débattait. Moi, je ne bougeais pas d'un iota. J'ignorais où l'on comptait nous emmener mais une chose était sûre : je n'étais pas la bienvenue dans mon royaume.

Dacian réussit à s'extirper de la poigne du patrouilleur et brisa ses menottes dans un grognement guttural. Il envoya valser son poing dans la figure d'un autre soldat qui approchait. Il était rapide, fort. Impossible à capturer. Il usa de sa magie pour repousser celui qui me retenait.

Le soldat me relâcha. Il n'y avait plus que lui et moi.

— Enfuis-toi ! lui criai-je.

Il s'arrêta dans ses mouvements, hésitant, mais je l'encourageai du regard.

— Ne t'en fais pas pour moi. On se reverra sur les terres sacrées !

Il me fixa, un air penaud au visage. D'autres soldats allaient se pointer à tout moment.

— Si je survis jusque-là. Je ne suis qu'un pantin, Leysa. Mais mes sentiments sont bien réels. Promets-moi que tu t'en rappeleras. Promets-moi que quand moi, je ne serai plus là, tu l'aimeras lui.

Je ne comprenais pas ses mots. Il ne me laissa pas le temps de répondre, prit son élan et fonça dans la fenêtre. Le cœur au bord du gouffre, je me précipitai jusqu'à la fenêtre. Il ne pouvait pas survivre à une chute d'une dizaine de mètres.

Je poussai un cri d'horreur en voyant un corbeau s'envoler sous mon nez. Dacian ne pouvait tout de même pas...

— Mains en l'air ! beugla un soldat dans mon dos.

Je fis volte-face et obtempérai.

— Pas la peine de lui mettre les menottes, ajouta un autre. Elle n'a aucune magie.

Je le laissai parler alors qu'il me poussait de sa main dans mon dos.

— Avance.

— Vous serez les premiers à mourir quand je reprendrai mon titre.

The Last Soul | TOME 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora