Chapitre 40

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— Quelle est la probabilité pour que mon frère, qui, je précise, est d'une débilité affolante, puisse être liée à une aussi jolie créature que Caeta ? Mais autre question à se poser : quelle est la probabilité pour que son âme sœur soit celui qui tentait de nous tuer il y a à peine vingt minutes ?

Hedwin se massait le front en plissant les lèvres. Je retins un ricanement. Il était vrai que c'était... absurde.

— Vous ne vous connaissez pas ? demandai-je.

Nous avancions en file indienne dans les montagnes. D'ici une heure, nous atteindrions les Terres Sacrées.

— Je ne l'ai jamais vu de ma vie, soupira Caeta. Quelle poisse !

— La poisse d'être lié à un aussi beau mec que moi ? s'offusqua Helias.

Caeta ne se retourna même pas mais je sentais son exaspération de là où je me trouvais.

— Je ne comprends pas très bien. Vous ne vous êtes pas rencontrés pendant le Jour d'Or ?

— J'y étais, murmura Caeta. Mais cet idiot n'est pas venu. J'ai cru qu'aucune âme ne voulait de moi. Pendant tout ce temps, je me suis crue maudite par les dieux.

Sa voix laissait paraître une douleur plus profonde. Helias s'avança et hésita à la toucher. Il se jeta à l'eau et posa sa main sur son épaule. Caeta sursauta et leva les yeux vers lui.

— Je devais venir, mais j'étais pourchassé par des vauriens ce jour-là. Je m'étais mêlé dans des affaires trop lourdes à supporter. C'est à ce moment-là que des gardes de la membre royale de Glerys m'ont trouvé. J'étais en sang, en larmes aussi. Je ne m'étais jamais battu de toute ma vie ! Ils m'ont proposé de rejoindre leur rang la semaine d'après. Mais je n'ai pas pu me rendre au Jour d'Or, j'en suis profondément navré, Caeta.

Elle hocha lentement la tête en reniflant. Je l'imaginais, seule, au bord des rangs, dans l'attente de trouver son promis. J'imaginais la déception animer son visage et cela me rendait profondément triste.

Mes cheveux se soulevèrent sans que je ne décide quoi que ce soit. Une vague d'effluves de magie s'échappa de mon corps et traversa les leurs. Ils s'arrêtèrent dans leur marche alors que moi, je m'en voulais. Qu'avais-je fait ?

Les trois se tournèrent vers moi, surpris.

— Je suis désolée, m'empressai-je de dire, je n'ai pas fait exprès.

— C'était... commença Hedwin.

— Agréable, termina son frère.

— Leysa, c'était comme une vague de chaud emplie de bonheur, ajouta Caeta. Comment as-tu fait ?

Je haussai les épaules. Je ne contrôlais rien et c'était déroutant.

Mais...

Et si, je contrôlais tout ?

Caeta m'avait bien dit d'accepter mes émotions. Je ne cherchais plus à les enfouir, à mettre un nom dessus. Ma magie se débloquait à présent. Et si j'étais en train d'acquérir une technique ?

Enfin, bon. Avec le Prince des Ténèbres rôdant, je ferais mieux de ne pas considérer mes pouvoirs comme acquis.

Caeta me souriait toujours d'un air ravi. Ses joues étaient teintées de rose alors qu'Helias avait les yeux posés sur elle. Je me posais un milliard de questions. Étaient-ils... amoureux ? Ou ressentaient-ils seulement de la compassion l'un pour l'autre ? Avait-il conscience de ce lien entre eux ou, au contraire, ne ressentaient-ils rien du tout ?

— Nous ferions mieux de nous remettre en route. Nous sommes bientôt arrivés.

C'est ainsi que les quarante prochaines minutes se déroulèrent sans encombre. Hedwin chantait à tue-tête comme un âne, Helias lui rabâchait toutes les cinq minutes de la boucler et Caeta, elle, riait à chaque fois que sa prétendue âme sœur ouvrait la bouche.

The Last Soul | TOME 1Where stories live. Discover now