Chapitre 42

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On m'avait jetée en prison. C'était horrifiant. J'entendais des créatures hurler en-dehors de ma cellule. Le sol était humide, le mur imprégné de sang séché et de sueur. J'avais envie de vomir un peu plus à chaque minute qui s'écoulait. Il faisait si sombre que je ne pouvais rien apercevoir.

J'avais envie de retrouver Niam, la maison. Mon père me manquait terriblement. Il n'était plus là aujourd'hui. Mes vieilles blessures se rouvraient. J'étais seule et ce cauchemar se refermait doucement sur moi comme une mélodie de terreur.

La porte grinça. Une lumière s'alluma et un visage apparut. C'était celui d'une femme qui ressemblait étrangement à Zoria. Elle n'ouvrit pas la porte mais me fixait de ses yeux perçants.

— Tu ne lui ressembles pas.

Sa voix était grinçante. Elle tenait fermement les barreaux et me parlait d'un ton vide.

— Elle était aussi blonde que les blés. Et elle était toute menue. On aurait dit une enfant. Mais toi, toi non, tu ne lui ressembles pas.

— À qui ?

Ma voix était rauque. J'avais faim, j'avais soif. Cela faisait un jour que je n'avais rien avalé. Et cela commençait à se faire ressentir.

— Laure. Personne ne lui ressemblait. Elle était la plus puissante de notre monde. Je peine à croire que tu viens d'elle. Enfin bon, ce sont des choses que je ne suis pas censée te dire.

Encore cette Laure !

— Quitte à mourir, vous pouvez tout m'avouer. Je serai morte avant de revoir le soleil. Ne mériterais-je pas la vérité ?

La femme éclata d'un rire sans joie.

— Si c'était moi, je te dirais tout. Juste pour voir la souffrance animer ton visage. Malheureusement, nos secrets sont tenus par un pacte que l'on ne peut rompre.

Un pacte ? Alors personne ne pouvait parler de ce qui s'était réellement passé avec cette Laure ?

— Et les Savantes ? Elles doivent savoir, elles.

— Elles seront bientôt mortes. Une fois que nous aurons ton âme, Ace ira les tuer une par une.

— Il ne peut pas, répliquai-je. Elles vivent sur les Terres Sacrées. Aucune atrocité n'est possible là-bas.

Je ne savais même s'il y avait une barrière magique ou autre là-bas. M'enfin, on n'appelait pas ces terres « sacrées » pour rien !

— Ace trouvera toujours un moyen. Il est inarrêtable quand il veut. Comme il l'a été avec elle. Tu suivras le même chemin et tu sais le pire dans toute cette histoire ? Il n'aura aucun remords.

Ma gorge me nouait. Mais je tentais de maintenir cette peur qui hurlait en moi. Ace était capable de tout, je l'avais bien vu.

— Qui est cette Laure ?

Mais ma question resta sans réponse. Un bruit résonna dans le couloir et la femme se volatilisa. Je devinai sans peine qu'elle devait être la mère de Zoria. À quoi avait servi cette discussion entre nous ? Et si le but était seulement de m'effrayer ? Elle ne m'avait apporté aucune information nécessaire. Elle voulait seulement me voir crouler.

Mon dos se colla contre le mur. C'est un autre visage qui apparut. Ace.

Je redoutais le pire. J'avais peur qu'il use de sa magie une nouvelle fois sur moi. Mais non. Il resta devant moi, les yeux accrochés aux miens. Ses mains se rejoignaient dans son dos et il me fixait comme un maître envers son esclave.

— La cellule te plaît ?

Son ton ne montait même pas. Il était froid, plein de sarcasmes.

Je me remis sur pieds. Et je m'avançai lentement vers lui. Je voulais une réaction sur son visage de monstre. Je voulais un éclat dans ses yeux, une émotion, un signe, n'importe quoi, mais je voulais quelque chose.

The Last Soul | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant