Chapitre 10

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Je passai le reste de ma semaine à me morfondre. Tout était de ma faute. C'était la phrase qui tournait en boucle dans ma tête, la phrase que je n'arrivais pas à me sortir de l'esprit. Peut-être que les choses auraient été différentes si je n'avais pas emmené Drea au bar la nuit dernière ? Son père avait les yeux rougis dès que je le voyais en compagnie de mon père. Il gardait le regard baissé mais je devinais sa colère à des kilomètres.

Peut-être que les choses auraient été différentes si je lui avais donné ce qu'il voulait. Mon âme. C'est ce qu'il disait désirer. Mais dans quel but ? Et qui était cet homme ? Pourquoi avait-il mentionné le nom de ma mère ? Un marché qu'elle n'avait pas respecté... Quoiqu'il en soit, cet homme était originaire d'Arkana. Il ne pouvait qu'être malfaisant.

Mais Drea... Oh, par tous les Dieux. Elle était morte à cause de moi ! Je ne pourrais jamais oublier son corps gisant au sol dans une mare de sang. Ma meilleure amie n'était plus là. Je n'aurais plus jamais l'occasion de lui dire à quel point elle comptait pour moi. Et à quel point j'étais désolée de l'avoir emmenée contre sa volonté...

Les larmes me montèrent aux yeux rapidement et je sanglotais en ramenant mes draps contre moi. Il devait être plus de dix heures, sa cérémonie se tiendrait cette après-midi et je n'avais aucunement le courage d'y aller. Affronter ses proches, leur présenter mes condoléances, supporter ces maudits signes de respects, paraître neutre en toute circonstance... C'était trop pour moi. Et j'osais ramener la situation à moi alors que ma meilleure amie s'était faite assassinée !

Mon père a fait passer cela pour un suicide afin de ne pas alarmer la population d'Eternera mais je sentais à quel point il était préoccupé. Ses yeux étaient cernés et son teint blanchâtre à chaque fois que je le voyais. Il m'adressait à peine la parole et restait enfermé dans ses salles de réunions en permanence comme si nous étions en crise. Et nous le sommes. Ma meilleure amie a été tuée par un vaurien d'Arkana, qui plus est le meurtrier de ma mère !

Et mon père n'est même pas au courant de cette information. Une part de moi refuse de le lui dire. Cela pourrait le mettre en danger. Mais d'un autre côté, il est mon père, le roi de cette nation... Il saurait sans doute mieux quoi faire ?

Je poussai un soupir de frustration et me redressai brusquement lorsque la porte de ma chambre se mit à grincer. Je plissai les yeux.

— Que faites vous-là ?

Mon ton était sec mais ma voix éraillée. Dacian le remarqua alors qu'il fit un pas dans ma chambre sans aucune gêne. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu m'offusquer mais je n'avais pas la tête à cela aujourd'hui.

— Il est dix heures, c'est l'heure de vous entraîner. Votre bon et aimant père m'a donné son accord.

— Et moi, je ne suis pas d'accord, répliquai-je. Allez-vous-en.

— Personne ne vous a demandé votre accord.

Je le dévisageai. Il portait une de ces cuirasses de soldat, tout de noir vêtu. De la tête aux pieds. Ses grosses boots noires allaient salir mon tapis s'il continuait d'avancer !

— Reculez et partez d'ici, sifflai-je. Je ne veux pas m'entraîner avec vous.

— Quelle impolitesse ! Debout.

Il s'approcha encore, tira sur mes draps d'un coup sec alors que je poussai un petit cri d'étonnement. Quand ma peau nue entra en contact avec l'air frais, je grinçai des dents. Un sourire moqueur s'étira sur ses lèvres alors qu'il me lorgnait sans aucune gêne.

J'allais le frapper. Si je l'avais voulu, j'aurais pu. La façon dont il m'observait me rendait... faible. Et vulnérable. J'avais l'impression d'être mise à nue devant lui, comme si d'un regard il pouvait transpercer mon âme.

The Last Soul | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant