Chapitre 15

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Dimanche 24 Janvier 2015 - 11h15.
Loft de Derek Hale.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé, le soir de mon euh ... accident, Derek ?

Derek se tourna sur le dos en soupirant doucement. Il avaient entendu le coeur de son humain accélérer légèrement, montrant l'éveil du garçon. Mais il avait espéré encore un peu de répit, de silence. Il aurait aimé profiter encore de sa présence, de sa chaleur, de son odeur.

- Bonjour, d'abord.
- Bonjour. Qu'est-ce qu'il s'est passé, le soir de mon accident ?
- Tu veux vraiment en parler maintenant ?

Stiles s'assit et observa Derek, allongé près de lui.

- Tu préfère qu'on descende voir la meute pour en parler tous ensemble ?
- J'aime autant que ça se passe entre nous.
- Je me disais, aussi. Alors ?

Le loup-garou se redressa pour s'asseoir à son tour. Il cherchait ses mots, ne savait pas comment formuler les choses. Il avait peur de la réaction de Stiles. Il l'avait rejeté une première fois, et Derek n'était définitivement pas prêt à vivre un second rejet.

- C'est que, tu vois, je t'aime. C'est quelque chose dont je suis euh ... certain, depuis que je me suis réveillé. C'est genre, la seule chose pour laquelle je n'ai pas douté une seconde. Alors je n'arrive pas à comprendre pourquoi j'ai pu te repousser, si tu m'as avoué tes sentiments. Qu'est-ce qu'il s'est ... passé ?
- J'avais quelqu'un.
- Quelqu'un ?
- Tu te rappelle de Braeden ?

Stiles plissa les yeux, cherchant dans sa mémoire. Il avait envie de se rappeler. Mais il avait beau forcer ses souvenirs, aucun visage ne lui venait. Il ne se souvenait que d'une sensation désagréable. Un sentiment étrange qu'il avait plutôt envie de refouler.

- Je ne l'aimais pas.
- Je pense que tu étais surtout jaloux.

Stiles pouffa d'indignation.

- Jaloux ? Je ne suis pas jaloux, Derek.

Le loup sourit doucement, posa une main sur la joue de Stiles et caressa sa lèvre inférieure du bout du pouce. Il mourait d'envie de l'embrasser, là, tout de suite. Il craignait qu'après avoir entendu la vérité, Stiles ne veuille plus jamais lui parler.

- J'étais avec elle et je savais que tu m'aimais.
- Comment ?
- On a l'ouïe fine. Je peux entendre quand tu mens, et aussi quand tu es bouleversé. J'ai appris à différencier ton rythme cardiaque, à force de te côtoyer. Ca faisait un moment que tu n'avais plus peur quand je te menaçais. Au lieu de ça, tu ...
- Je quoi ?
- Eh bien, je crois que ça t'excitait.
- Pff ! N'importe quoi ! Impossible !
- Stiles ...
- Quoi !?
- J'entends quand tu mens, je te rappelle.

Stiles grommela mais n'ajouta rien. Lui, jaloux ? Et excité par les menaces ? Et puis quoi, encore ? Derek était fou, voilà tout.

- Je savais qu'il y avait quelque chose, mais j'ai mis du temps à me rendre compte qu'en fait, je trouvais tous les prétextes possibles pour t'engueuler parce que j'adorais l'odeur de ton excitation.
- Je n'étais pas excité !
- Le soir où je suis venu te chercher au lycée, je venais de quitter Braeden. Quand je te l'ai dit, ça t'as rendu furieux. Tu m'as mis un coup de poing et tu t'es enfui.

Stiles resta silencieux longtemps. Il se souvenait de la douleur qu'il avait ressentie lorsque son poing avait frappé le visage de Derek. Il se rappelait le bruit sourd que ça avait fait, et la mine défaite du loup-garou. Mais il se souvenait surtout de la douleur qu'il avait ressenti, dans son coeur, quand Derek lui avait annoncé avoir quitté Braeden pour lui. Il s'était senti mal, et coupable. Il avait tout fait pendant des mois pour cacher ses sentiments. Derek était heureux avec Braeden et pour rien au monde, Stiles n'aurait cherché à s'immiscer entre eux. Voilà, pourquoi il avait eu son accident. Il n'avait pas rejeté le loup. Il avait voulu le préserver d'une relation problématique avec lui.

- Stiles ?

Derek sentait l'angoisse planer autour de son humain et les battements de son coeur n'étaient pas ceux d'un garçon serein. Il tendit une main vers la joue de Stiles, qu'il caressa doucement pour essayer de le ramener dans la réalité. Peu importe où il était parti, il ne passait visiblement pas un bon moment.

- Stiles, est-ce que ça va ?
- Tu n'es pas gay, Derek.
- Quoi ?
- Tu es euh ... hétéro. Tu aimais Braeden. C'est pour ça, que je suis parti. Tu l'as quittée pour de mauvaises raisons et je ne voulais pas en faire partie.
- Stiles ...

Stiles posa sa main sur celle de Derek et la retira de sa joue. Il n'avait pas quitté la couverture des yeux, incapable de regarder le loup en face. Il avait honte. Honte de l'avoir forcé à quitter la femme qu'il aimait. Honte d'avoir agi comme un enfant en se sauvant. Honte d'être un simple humain alors que Braeden était si forte, si vaillante. Elle ressemblait tellement à Derek.

- Stiles, regarde-moi. Tout de suite.

L'adolescent ne releva pas les yeux, les mâchoires crispées et le coeur en miettes. Il ne méritait pas Derek et ne l'avait jamais mérité. Voilà pourquoi il l'avait repoussé.
Mais Derek refusa cette fois de laisser son humain prendre la fuite. Il passa deux doigts sous le menton de Stiles et l'obligea à relever la tête vers lui.

- Regarde-moi.

Stiles ne broncha pas. Il essaya d'abord de regarder ailleurs, mais la position de sa tête n'avait rien de confortable et il battit finalement en retraite, posant ses yeux whisky dans ceux de son vis-à-vis.

- Je t'aime. Tu m'entends, Stiles ? Je t'aime de toute mon âme. Braeden était cool et je te mentirais si je disais n'avoir rien ressenti pour elle. Mais ce n'était rien, comparé à ce que je ressens pour toi. Rien comparé à l'effet que m'a fait ton rejet, ce soir-là. Je me suis senti anéanti de t'avoir perdu. Et encore maintenant, je ne pourrais pas l'accepter, d'accord ? Alors s'il te plait, ne me repousse pas une seconde fois.
- Je suis juste humain.
- Je n'ai pas besoin d'autre chose, tant que tu es toi.
- Je ne suis même plus moi, Derek.
- Tu l'es. Quoi qu'il te soit arrivé et quoi qu'il se passe à l'avenir. Je ne veux rien d'autre que toi tout entier.

Stiles esquissa un maigre sourire. Il n'était pas sûr de partager l'avis de Derek, mais il était certain de l'aimer profondément. Il soupira doucement, et lorsque les lèvres de Derek se posèrent sur les siennes, un soulagement si intense le prit, qu'il se sentit chavirer. Il répondit à l'étreinte du loup, se redressa et enjamba son corps pour le chevaucher. Ses mains remontèrent lentement sur le torse musclé du brun, grimpèrent jusqu'à sa nuque et ses doigts se perdirent en une douce étreinte, dans les mèches sombres qui tombaient dans son cou.
Derek recula légèrement, colla son front à celui de Stiles et lui sourit. Enfin. Il avait attendu ce moment durant d'interminables mois et ils y étaient enfin.
Il pressa ses mains sur les hanches de l'adolescent, pinça doucement sa peau à travers son t-shirt et le remonta sur son buste dans une demande muette à laquelle Stiles répondit positivement. Il ne lui fallut que peu de temps pour déshabiller son humain, et pas beaucoup plus pour se déshabiller à son tour. Ils en étaient là, désormais. Ils s'autorisaient à s'aimer. Enfin.

[Sterek] Un monde de brumeWhere stories live. Discover now