Chapitre 7

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🎵: Arcade- Duncan Laurence 

La pluie battante me sort lentement de ma torpeur. Je m'étire, bâille ostensiblement avant d'ouvrir les paupières. Malgré une soirée catastrophe, j'ai passé une excellente nuit, je me sens reposée et d'attaque pour la suite de la journée.

- Salut chérie !

Hum... j'avais oublié.

- Hey, murmurais-je, encore endormie, mais pleine d'amour.

- Café ?

Il me montre la carafe qu'il tient dans sa main du menton, mais je secoue la tête pour refuser. Il retourne dans la cuisine avant de réapparaître et de s'asseoir sur le fauteuil à mes côtés.

- Tu devrais rester te reposer ici... tout roule au bureau, prend du temps pour toi et surtout, il hésite un instant avant d'ajouter, Pour être en forme demain.

Demain ? Le mariage. Putain. Pendant un instant, j'avais oublié. Je plaque un sourire radieux sur mon visage et rétorque spontanément :

- Non, je ne veux pas louper mon dernier jour à l'agen...

Je m'interromps lorsque je me rends compte de mes paroles. Will fronce les sourcils, je me rattrape comme je peux :

- En tant que June Bennet... Je ne peux pas louper ce jour si important !

L'enthousiasme que je mets dans mes paroles paraît enlever ce trouble dans son regard et je retrouve le Will sûr de lui et enjôleur. Celui qui m'avait séduite à une époque qui s'avère révolue.

Il se lève et s'installe à mes côtés dans le canapé pendant que je m'assois.

- Tu ne te sens plus malade ? il demande, sa main remontant le long de mon bras.

Je secoue la tête en guise de réponse. Je garde le regard fixe devant moi, les yeux rivés sur notre reflet dans la télé. Je le vois se pencher vers mon cou, l'embrasser, pourtant, je ne ressens rien, pas le moindre frisson. Il tente d'y mettre plus d'entrain, mais je ne bouge pas.

June, réveille-toi bon sang, ne crame pas ton plan.

Alors je feins un soupir d'aise et il entreprend de me presser les seins, malheureusement ceux-ci sont... Inactif aussi. Lorsqu'il tente de passer la main sous ma culotte, je me dégage de son étreinte, l'embrasse fiévreusement pour le convaincre et lui lance avec amour :

- Désolée bébé, mais n'oublie pas que nous devons aller travailler... Je veux avoir l'esprit tranquille pour le grand jour !

Je sautille dans le couloir, toute guillerette, et hésite entre exploser de rire ou pleurer en me voyant dans le miroir. Mon visage parait rayonnant de joie tandis qu'à l'intérieur, se déchaîne une tempête que j'ai hâte de déverser sur lui.

Nous arrivons au bureau une demi-heure plus tard -demi-heure durant laquelle j'ai dû éviter Will et sa queue bandante- et je fonce à l'étage conception pour retrouver Alice, ma seule bouffée d'air dans ce nid de serpent. Will m'appelle, mais je lui fais signe que je passerais le voir plus tard et il n'insiste pas. Mon Dieu, j'ai cru ne jamais m'en sortir et ne pas pouvoir échapper à sa baise matinale.

J'ouvre la porte à la voler et m'avachis dans son siège ultra confortable. Alice me regarde, soucieuse.

- T'as couché avec lui ? m'interroge-t-elle de sa voix des mauvais jours.

- Quoi ? Non, ça ne va pas ! Et puis on ne couchait pas tous les matins ensemble... ajoutais-je d'une petite voix tandis qu'elle arque un sourcil.

- June... ta vie sexuelle se lit comme un livre ouvert sur toi.

Je chasse sa réflexion d'une main.

- Bref, non, je n'ai pas couché avec lui, et ce n'est pas faute d'avoir essayé ! J'te jure, il est si...

- Collant ? Obsédé ? Pervers ? Démoniaque ? Fou ?

- J'allais dire chiant. Rétorquais-je dans un sourire.

- Hum.

Je tournoie sur sa chaise et observe la pièce, cherchant les mots pour oser lui demander si elle a récupéré le dossier.

- June, tu me donnes le tournis. Je vais t'épargner ton remue-méninge, elle commence en relevant la tête de son ordinateur, Oui j'ai récupéré le dossier sans grande difficulté, tu me connais.

Je m'arrête de tourner.

- Trop forte, lançais-je avec une voix de fan girl.

- J'ai réussi à t'avoir un délai... tu penses pouvoir y arriver ?

- Je l'espère.

Elle hoche la tête imperceptiblement et me tend le dossier. Mon but ultime est entre mes mains. Hors de question que j'abandonne le plus gros contrat de ma vie pour ce connard de Will. Après lui avoir demandé de récupérer le contrat avec la Maison de couture, elle m'a proposé un arrangement :

Je vais faire cette scénographie de A à Z, Alice à mes côtés pour être sur les bonnes pistes. J'aurais un mois pour finaliser le dossier. Un mois qui sera décisif pour le restant de ma carrière.

Alors c'est avec la musique dans les oreilles que je passe l'entièreté de ma journée a travailler sur la scénographie Mugler. Tout le monde pense que je suis au bout du rouleau d'avoir perdu le contrat de ma vie, mais ils ne se doutent pas un seul instant que je continue de travailler dessus.

Alors oui, mon ancienne équipe bosse aussi sur le défilé, mais fictivement... ce qu'ils ne sont pas censés savoir. Ils seront certainement en colère à l'idée de s'être fait chiper le contrat, mais ils ne pourront pas m'en vouloir. Je suis à l'origine de l'idée et du contrat. Je ne fais que récupérer ce qui m'appartient. Alice n'aurait jamais appuyé ma demande si elle ne savait pas que la plupart du travail venait de moi. J'ai passé des nuits entières à m'épuiser pour leur proposer une idée vraiment atypique. Oui, nous avons travaillé en équipe, c'est pour cette raison que tous les noms de mes coéquipiers seront annotés dans le nouvel accord. Je ne suis pas vache au point de tous les laisser tomber et puis... c'était une des conditions d'Alice pour m'avoir le dossier. Alors on s'est mise d'accord : Alice, et les quatre autres scénographes de notre équipe travaille de leur côté pendant que je travaille du mien. Alice me transmettra toutes leurs idées pendant que je tenterai de faire le meilleur compromis possible pour notre scénographie finale. Et puis... tout ça fait partie du plan...

Mes doigts se crispent sur mon feutre noir et je gribouille le croquis que je viens de faire. Lors de ma présentation face à la maison Mugler, notre idée était vraiment bien avancée, mais il reste quelques petits détails d'importance capitale à régler avant de leur proposer notre projet final. Bien que le défilé soit pour le printemps prochain, les grandes maisons de couture s'y prennent toujours des mois à l'avance, surtout pour faciliter le travail aux agences qui bossent avec plusieurs maisons comme Atelier Paris. Dans un mois, je vais devoir rendre notre projet dans les mains du directeur artistique. Dans un mois, mon ancienne équipe découvrira que je leur ai menti. Mais je sais que la pilule passera, car tout le travail qu'ils auront fourni sera inclus dans la scénographie. C'est donnant-donnant. 

The Honeymoon's rematch (Find It #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant