CHAPITRE 3 (partie 2)

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Sous la marche, avait-il écrit. C’était une évidence pour moi. Je savais à quoi monsieur Belmonde faisait référence.

  Je dévalai les marches en m’arrêtant en plein milieu, vers celle qui grinçait. Il devait être midi puisque la majorité des policiers étaient sortis de l’endroit pour déjeuner, seuls quelques officiers vérifiaient que personne ne venait entrer sans autorisation. Sans connaître le réel but de ma manœuvre, je passais les doigts sur cette marche à la recherche d'une aspérité. Finalement, j’essayai d’exercer ma magie sur le bois. Rien, pas même un tremblement. Je passai à nouveau jusqu’à remarquer un creux, si fin que je ne l'aurais jamais trouvé sans le chercher consciemment. Étrange. J’utilisai mes ongles pour tirer et un morceau se dévissa, révélant une cachette. Alors c'était ça qui faisait grincer la marche depuis tout ce temps ?

   Je plongeai la main et sortis le journal de bord en question. Ses pages tordues et pliées rendaient l’ouvrage plus épais qu’il n'aurait dû l’être. La police avait manqué ce détail ? Mais comment ? Certes, en lisant les documents de la boîte, personne n'aurait deviné que la rature brouillone de monsieur Belmonde signifiait quelque chose. Cependant, la police avait la magie pour analyser la pièce. Ils auraient dû détecter la marche creuse avec !

    Le seul moyen de camoufler quelque chose, c’était d’avoir prévu à l’avance la fouille et de rendre la marche étanche à la magie. Dans ce cas là…

    Je pris le morceau de bois retiré et essayai de le faire léviter. L'énergie magique glissait dans mes bras comme un choc d'électricité statique. J'avais beau la concentrer dans mes doigts en visant le bout de bois, il restait obstiné et ne bougeait pas d'un pouce. Je devais me rendre à l'évidence, c'était bien ce que je croyais. Monsieur Belmonde avait trouvé un moyen de rendre cette partie étanche à la magie.

    Pour cela, il fallait trouver quelqu’un capable de contrer l’énergie magique et c’était rare. Cher, aussi. Ensuite, pour que cette marche reste étanche, il fallait repasser dessus de manière fréquente et le charme anti-magie ne fonctionnait que sur une petite zone. Pourquoi se donner autant de mal pour un journal de bord ? Qu’est-ce qu’il cachait avec autant d’application ?

   Et pourquoi gardait-il le secret ?

   Je reposais le bout de bois à sa place, les mains tremblantes.

— Est-ce que ça va ?

   L’officier venait d’arriver au bas des marches. Je balbutiai des mots sans aucun sens avant de dire :

— Une partie de la marche s’est cassée. Je… je suis fatiguée, je crois. Je vous reverrai plus tard.

     Il me raccompagna à la porte après m'avoir répété de prendre soin de moi. Le journal bien à l’abri dans la boîte, je faisais le chemin du retour vers la maison en sentant le sang qui cognait contre mes tempes. Aurais-je dû prévenir la police ? Monsieur Belmonde ne le voulait apparemment pas. Dans quel pétrin était-il parti se mettre ? C’était quoi, ce journal ?

    J’évitais avec soin les membres de ma fratrie pour m’enfermer dans ma chambre. Elle avait été laissée en état même après que je sois partie. C’était bizarre d’y retourner. Je me sentais étrangère après tout ce temps... mais au moins, j’étais sûre de ne pas être dérangée pendant ma lecture. Me laissant tomber sur le matelas du lit étroit, j’entrepris de lire la première page.

     Pour mon futur assistant,

     J’ai dissimulé un artefact derrière moi. Je ne peux pas le laisser aux mains de n’importe qui. Dans les endroits mentionnés dans le carnet, tu trouveras trois clés qu’il te faudra reprendre. Ensuite, tu devineras l’adresse de l’artefact. Il est primordial de le retrouver sans attirer l’attention de qui que ce soit. Je ne peux pas révéler son utilité, mais je peux affirmer que tu pourras découvrir sa méthode d’utilisation.

Le toucher du Temps | TOME 1 : les secrets de l'horlogerजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें