Chapitre 10 - Le poussin, la pute et l'homme-pénis // 2

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Lorsque nous entrons dans l'internat, la fête bat déjà son plein. Une musique techno résonne très fort, à tel point que les patients des bâtiments autour peuvent sûrement l'entendre depuis leurs chambres, même si la porte étouffe le bruit. Une machine à fumée crée une ambiance brumeuse et des lasers de toutes les couleurs se promènent sur les plafonds. Les murs sont bariolés de dessins... assez obscènes. Une tradition dans les internats. Je n'y fais même plus attention tant j'ai l'habitude de voir ces fresques le midi.

Au centre de la pièce, une foule s'est rassemblée pour danser près des platines, mais il y a plus d'espace près des tables qui servent de buffet et nous tentons de nous en approcher. En chemin, nous croisons un Peter Pan, un poussin, un pharaon et un prêtre qui emmène avec lui une pom-pom girl vers un coin sombre. Arrivés devant les saladiers, Paul nous sert quatre verres d'un cocktail vert fluo aussi fortement alcoolisé qu'il en a l'air.

— Louise et moi on va faire la pièce principale et la piste de danse, hurle Francesca pour que nous puissions l'entendre. Sophia, tu couvres les extérieurs et Paul les étages. On reste en contact par messages !

Nous acquiesçons et nous dispersons dans la foule. En chemin vers la terrasse de l'autre côté du bâtiment, je croise un pingouin qui danse avec le petit chaperon rouge, plusieurs autres princesses et même le père Noël, la barbe toute tachée d'alcool et probablement de vomissures.

La terrasse est, comme d'habitude, occupée par les fumeurs. Je reconnais certains internes que j'ai pu rencontrer en liaison et me mêle à un groupe dans lequel un jeune homme pourrait correspondre physiquement à celui que je recherche. Malheureusement, dès que les présentations sont faites, j'apprends qu'il s'agit d'un interne de médecine générale.

Je profite que le groupe retourne à l'intérieur pour m'éclipser et continuer d'explorer la terrasse mais il commence à pleuvoir et bientôt, il ne reste plus que deux couples en tête à tête, abrités par le porche. Je préfère rentrer et envoie un message sur notre conversation WhatsApp.

« R.A.S. du côté de la terrasse, je rentre. »

Pas de réponse. Je finis mon verre et vais m'en resservir un autre, au coude à coude avec Monsieur Pierrafeu. Il me complimente sur mon costume et je le félicite également pour ses efforts d'imagination. Très vite, il me présente ses amis mais aucun ne ressemble à la description de Louise. D'ailleurs, Francesca et elle sont introuvables. J'ai beau parcourir la pièce du regard, je ne les vois nulle part. M. Pierrafeu m'invite à danser et m'entraine avec lui sur la piste. Nous nous déhanchons ensemble et je sens que ce drôle de cocktail commence à me monter à la tête, en plus des bières que j'ai bues plus tôt.

Trois chansons plus tard, je m'excuse auprès de mon cavalier improvisé et m'apprête à retourner à mes recherches. Il me fait une révérence grotesque et je pouffe, malgré moi.

— Dites-moi, Monsieur Pierrafeu, hurlé-je dans son oreille, réalisant que je ne connais toujours pas son prénom. Est-ce qu'il y a des internes de néphro, ce soir ?

— Je crois qu'il y en a un qui fait une contre-soirée dans sa chambre ! crie-t-il à son tour.

Je lève le pouce pour le remercier puis tente de m'extirper de la foule. Et toujours aucune trace des filles ni de réponse à mon message. Je décide de prendre les devants et de monter dans les étages. Dans la cage d'escalier, je croise un homme-pénis qui peine à monter les marches avec ses deux grosses bourses aux pieds.

— Un coup de main ? demandé-je en arrivant à sa hauteur.

— Non, je gère ! répond-il en haletant. Par contre, j'ai hyper chaud avec ce costume ! Je peux boire un peu de ton cocktail ?

À toi, corps et âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant