Chapitre 18

14 2 3
                                    

Il semblait que la Compagnie avait passé par quelque porte voûtée dans un espace noir et vide. Il y avait un grand courant d'air plus chaud derrière nous et par devant, les ténèbres étaient froides sur mon visage. 

La petite troupe s'arrêta, et se serra avec inquiétude les uns contre les autres. Gandalf paraissait content: 

- J'ai choisi la bonne voie, dit-il. Nous arrivons enfin dans les parties habitables, et je pense que nous ne devons plus être loin du côté est. Mais nous sommes hauts, passablement plus haut que la Porte des Rigoles Sombres, sauf erreur de ma part. A en juger par l'atmosphère, nous devons nous trouver dans une vaste salle. Je vais maintenant me risquer à faire un peu de véritable lumière. 

Il leva son bâton et, un bref instant, il y eut un flamboiement d'éclair. De grandes ombres se levèrent brusquement et s'enfuirent, et pendant une seconde, je vis, haut au-dessus de nos têtes, une vaste voûte soutenue par de nombreux et puissants piliers taillés dans la pierre. Devant nous, de part et d'autre, s'étendait une immense salle vide, les murs noirs, lisses et polis, étincelaient et scintillaient. Je vis trois autres entrées en forme d'arches noires: L'une droit devant nous, à l'est, et une de chaque côté. Puis la lumière s'éteignit. 

- C'est tout ce que je me permettrai pour le moment, dit Gandalf. Il y avait autrefois de grandes fenêtres au flanc de la montagne, et des puits menaient à la lumière dans les parties supérieures des Mines. Je crois que nous les avons atteintes à présent, mais il fait de nouveau nuit à l'extérieur, et on ne pourra le voir avant le matin. Si je ne me trompe, demain nous pourrons positivement voir pointer le matin. Mais en attendant, mieux vaut ne pas aller plus loin. Reposons-nous, si nous le pouvons. Les choses se sont bien passées jusqu'ici, et la plus grande partie de la route obscure est passée. Mais nous n'en avons pas encore fini, et il y a encore un long chemin pour descendre jusqu'aux Portes qui ouvrent sur le monde. 

Et nous passâmes cette nuit dans la grande salle caverneuse, serrés les uns contre les autres dans un coin pour échapper au courant d'air: Il semblait y avoir un afflux constant d'air froid par l'arche à l'est. Tout autour de nous pesaient les ténèbres, profondes et immenses, et j'étais étrangement plus oppressée encore par la vastitude solitaire des salles excavées et des escaliers et passages qui s'embranchaient sans fin.

- Il devait y avoir une grande foule de Nains ici à une certaine époque, dit Sam, et tous plus actifs que des blaireaux pendant cinq cents ans pour construire tout ceci, et la plus grande partie dans le roc dur, encore! Pourquoi ont-ils fait tout ça? Ils ne vivaient pas dans ces trous sombres, sûrement? 

- Ce ne sont pas des trous, dit Gimli. C'est ici le grand royaume et la cité de Cavenain. Et jadis ce n'était pas sombre, mais rempli de lumière et de splendeur, comme le célèbrent encore nos chansons. 

Il se leva et, debout dans l'obscurité, il se mit à chanter d'une voix profonde, tandis que l'écho se perdait dans la voûte. Legolas levait un sourcil, comme surprit que les nains savent chanter. Je sourie à sa réaction, amusée.

Le monde était jeune et les montagnes vertes. 

Aucune tache encore sur la Lune ne se voyait, 

Aucun mot n'était apposé sur les rivières ou les pierres, 

Quand Durin s'éveilla et marcha solitaire. 

Il nomma les collines et les combes sans nom 

Il but l'eau des puits jusqu'alors non goûtée, 

La Guerre de l'Anneau- Quand un personnage peut changer l'histoire. T.1: PertesWhere stories live. Discover now