Chapitre 3 : C'est la femme de ma vie et je ne la reverrai plus jamais.

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Un long silence suivit la visite de cette jeune russe dans le bureau de Madame Del Vecchio.

La brune s'enfonça dans le dossier de sa chaise ultra confortable en soupirant. Elle fronça les sourcils en se massant les tempes, geste qu'elle adoptait beaucoup trop souvent ces derniers temps. Par vieux réflexe, elle tira lentement l'un des tiroirs de son imposant bureau et y trouva avec bonheur un paquet de Vogue menthol et un briquet. Elle sortit une cigarette du paquet, la coinça entre ses lèvres alors que le filtre se colorait déjà d'un rouge sang et fit tourner le briquet entre ses doigts parfaitement manucurés.

Elle l'observa une seconde, comme si elle défiait le petit objet du regard. Elle le décortiqua des yeux. Ce n'était rien d'autre qu'un banal clipper vieux de plusieurs années. Fonctionnait-il encore ? Elle n'en savait même rien. Elle plissa les yeux en voyant le cœur rouge imprimé dessus. Et en dessous, d'une écriture jaune fluo et effroyablement kitch « Souvenir de Paris ». Elle roula des yeux. Mon dieu que ça pouvait être ridicule de se rattacher à si peu de chose.

Sentant sa migraine augmenter d'un cran, elle grogna et rangea la cigarette toujours éteinte avant de tout jeter dans le tiroir et de le refermer presque brutalement.

Enfin, elle se leva, effaça d'une main les plis pourtant inexistants de son pantalon et sortit d'un pas assuré de son bureau. Elle longea le couloir, et ralentit le pas près de la chambre de sa fille. Sa main allait se poser sur la poignée, mais resta en suspend quand elle entendit :

- Aless', tu sais que ta mère n'aime pas quand tu racontes ces histoires, disait Bob avec la bienveillance qui l'avait toujours caractérisé.

- Mais ce ne sont pas des histoires. Magda est une vraie sorcière. Tu veux du sucre ?

Del Vecchio roula des yeux en entendant les dires de sa fille.

- Oui, s'il te plaît. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Elle est beaucoup trop jolie pour n'être qu'une simple humaine. C'est pour ça que tout le monde tombe amoureux d'elle.

- Ah oui ? Tout le monde ? Même moi ? sourit le jeune majordome.

- Même toi, mais tu ne l'as pas vu assez longtemps, c'est pour ça que son pouvoir n'a pas eu d'effet sur toi, répondit Alessandra, sûre d'elle.

Del Vecchio plissa les yeux en souriant malgré tout face aux stupidités de sa fille poussée par son imagination débordante. Alors comme ça tout le monde tombait amoureux de cette jeune russe ? Peut-être, pensa-t-elle, si on aimait les jupes trop courtes et les airs de débauchés, même les allures de fille de joie si on poussait le jugement un peu plus loin. Elle admettait que c'était une belle femme. Une très belle femme à vrai dire. Une poupée russe quelque peu brisée au regard de loup solitaire. Cette pensée la fit sourire. Volkov... traduction de loup. Oui, elle devait avouer que ça collait bien au personnage. Et cet accent à couper au couteau, c'était amusant. Ça l'avait surprise, elle avait d'ailleurs eu toute la peine du monde à réprimer un sourire. Mais si on prenait en compte que ses sourires se comptaient sur les doigts d'une main, elle n'avait pas pour habitude de les offrir si facilement.

Sans tergiverser davantage, elle poussa la poignée et entra. Au moment où elle posa un regard sur sa fille, celle-ci se tut immédiatement. Ce silence, devenu une habitude depuis quelque temps, peina Madame Del Vecchio. Voilà ce qui la liait à sa fille à présent ? Des silences ? Elle ne voulait y croire.

Elle soupira intérieurement et posa un regard presque amusé sur Bob, qui pour cette séance de jeu avec la jeune Alessandra avait revêtit un très joli diadème brillant sur l'avant de sa tête.

Trois Mille Euros Net.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant