Chapitre 20 : Que le jeu commence...

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Il semblait à Magda qu'elle n'avait jamais tant regretté une décision de sa vie. Un mois s'était écoulé depuis le lancement de la partie. Un soleil brûlant cuisait à présent les toits lyonnais et elle se remerciait de vivre dans un appartement climatisé. Alessandra était en vacances et passait une grande partie de son temps avec sa gouvernante qu'elle apprenait encore à connaître de jour en jour. De nouvelles habitudes se mettaient lentement en place sans les contraintes de l'école. C'était à présent Magda qui réveillait la petite fille après avoir pris un traditionnel petit-déjeuner avec Bob et sa patronne. La gouvernante ne la laissait généralement pas dormir après 10h, craignant que son rythme de sommeil ne soit chamboulé si elle se levait trop tard. Alors, elle entrait silencieusement dans sa chambre et frottait gentiment son dos, ayant remarqué que la gamine se plaisait à dormir sur le ventre. Alessandra grognait un peu tous les matins sans exception. La gouvernante, toujours extrêmement patiente, se couchait à ses côtés dans le petit lit, lui laissant le temps qu'il lui était nécessaire pour émerger, tout en lui caressant les cheveux. Et quand Alessandra se levait enfin, c'était pour trouver un chocolat chaud qui l'attendait déjà dans la cuisine, même si Magda n'avait jamais vraiment compris comment elle faisait pour boire ça par cette chaleur.

La jeune Russe était heureuse de voir sa protégée plus épanouie qu'à son arrivée. Il fallait avouer que Del Vecchio faisait des efforts. Terminé le travail tardif, la belle brune s'arrangeait maintenant pour être rentrée à 17h, comme elle l'avait promis au départ et, dans les cas d'extrême urgence, elle ne dépassait pas 20h au maximum. En même temps, Magda devait se rappeler qu'étant donné que sa patronne n'avait plus la charge de Gabriel Beaugrand, elle avait bien plus de temps libre. Enfin, du moins, autant de temps libre qu'en aurait une personne normale qui ne faisait pas passer sa carrière avant ses enfants. Le cas Beaugrand n'avait pas été remis sur la table. Giulia savait seulement qu'il n'avait eu droit à aucune poursuite judiciaire. Ça ne l'étonnait pas tant que ça. Après tout, depuis quand les hommes blancs et influents étaient-ils punis en France ? On donnait même, au contraire, des Césars à certains, alors qu'espérait-elle ? Cela dit, elle savait aussi que beaucoup de rôles lui étaient refusés. Les réalisateurs étaient à présent frileux de travailler avec lui, et ce n'était qu'une question de temps avant que sa carrière et sa belle gueule ne tombent aux oubliettes. Il était inutile de dire qu'elle en était absolument ravie.

Elle avait tout de même observé son petit monde de près durant les semaines qui avaient suivi l'agression. Alessandra, grâce à Magda, semblait n'avoir gardé aucune séquelle et rien dans son comportement n'avait changé. Pour Magda, cependant, le travail avait été plus long. Del Vecchio remarqua, malheureusement, qu'à présent, les soirs d'orage restaient quelque chose de compliqué à gérer pour elle, qu'elle sursautait au moindre bruit dans l'appartement, et qu'elle allumait systématiquement toutes les lumières partout où elle passait. Giulia n'avait rien relevé, restant discrète et patiente, et lui avait laissé le temps nécessaire pour s'en remettre. Au fil des semaines, elle avait pu constater une nette amélioration. La plaie cicatrisait bien, il ne restait maintenant qu'une légère marque quand elle était au soleil. L'orage était toujours un moment difficile, mais sa jolie gouvernante reprenait lentement ses marques dans l'appartement, ça la rassurait.

Les jours se ressemblaient et la belle brune se plaisait finalement dans ce quotidien qu'elle n'aurait jamais pu prévoir. Le soir, elles mangeaient donc toutes les trois, le plus souvent ce que Magda s'était plu à préparer. Giulia Del Vecchio pouvait à présent se vanter d'avoir une connaissance certaine de la gastronomie russe, et il était clair qu'elle avait depuis longtemps pris goût au fait que sa gouvernante cuisine pour elle. C'était elle qui couchait sa fille tous les soirs, et le mercredi, lorsque Magda faisait on ne savait quoi, elle laissait même l'agence à Bob pour aller chercher Alessandra à l'école, se baladant dans les rues lyonnaises en bonne compagnie avant de rentrer. Le lundi, Magda assurait toujours le rituel du goûter dans le bureau de la femme d'affaires. Et finalement, c'était Bob qui fondait littéralement pour cette habitude que sa collègue avait eu la judicieuse idée d'instaurer. Le majordome détestait les lundis et ce moment hors du temps, accompagné d'éclair au café en prime, coupait l'hystérie parfois intenable de ses journées souvent surchargées. En réalité, la vie était si douce à Saint-Jean, qu'Alessandra avait sauté le pas et avait invité son amie à passer un samedi chez elle. Giulia avait été surprise mais ravie par la demande. La femme d'affaires avait néanmoins laissé le soin à sa gouvernante de gérer cette journée.

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