Chapitre 15 : Vous avé mangé aujourdui ?

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Le deuxième jour se passa sans encombre, que ce soit du côté de Magda où de Del Vecchio. La belle femme d'affaire enchaînait les rendez-vous pour trouver la perle rare qui conviendrait à Gabriel Beaugrand malgré le fait que le jeune acteur était au coeur d'un scandale médiatique. Giulia devait user de son bagou professionnel et de ses charmes pour convaincre ses confrères de se charger du cas de son protégé.

Elle n'avait volontairement donné aucune de ses nouvelles à Magda. Malgré elle, elle savait que si elle laissait son esprit divaguer vers la jeune russe, en prenant en compte les paroles d'Edgar qui la poussait dans ses bras, la tentation de rentrer à Lyon serait trop forte. Pour autant, sa mission parisienne n'était pas terminée. Il fallait donc qu'elle se fasse violence et qu'elle laisse Magda Volkov et ses jolis yeux où elle était.

Mon dieu si ce n'était la faute que de ses yeux... pensa-t-elle, excédée alors qu'elle profitait d'un café à la terrasse d'un bar peu fréquenté en cette fin de journée. Évidemment ça ne pouvait pas être que ça. Ça ne se limitait pas qu'à ça. Qui était-elle ? Elle, Giulia Del Vecchio pour tomber face à un simple regard. Et d'un autre côté, était-elle différente ? Miss Volkov, comme Giulia aimait le répéter, pourrait faire tomber n'importe qui... Et elle avouait maintenant qu'elle n'y était pas étrangère. Elle se sentait défaillir pour elle. Se faisait anéantir par ses sourires criminels, sa bonne humeur horripilante, son sens de l'humour pitoyable, et ses jambes... mon dieu ses si longues jambes. Et tout ceci en quoi ? Quelques semaines ? La belle brune avait envie de se gifler rien que d'y penser.

Et sa mauvaise humeur ne fit qu'augmenter quand son téléphone vibra sur la table et qu'une photo absolument sublime s'afficha sur son écran. Elle haussa un sourcil et ses lèvres s'étirèrent en un sourire impossible à retenir quand elle vit les trois visages des personnes qui étaient à présent les plus proches d'elle. D'abord Bob, grimaçant légèrement, affichant une rangée de dents parfaitement blanches, puis Alessandra tirant la langue avec tant de malice qu'elle aurait pu le lui reprocher, et enfin Magda, éternellement souriante, s'amusant à faire des oreilles de lapin à son majordome. Et accompagné de cette même photo, un message, sans surprise dans un français absolument effroyable :

Journé au parc. Tou va bien. Vous nous avé manqué. Vous avé mangé aujourdui ?

Del Vecchio se laissa happer par l'image une seconde, ou devrait-elle avouer par le sublime regard gris qui s'y présentait. Enfin, elle entama une réponse :

Miss Volkov, je ne suis jamais morte de faim avant de vous connaître.

Son pouce resta en suspend au-dessus de la touche "envoyer" de son écran. Non, elle ne pouvait pas répondre de manière aussi cassante. C'est sans doute ce que la Giulia d'il y a une semaine aurait fait, mais elle avait promis à Edgar de réfléchir à ce qu'il lui avait dit et de ne pas fermer toutes les portes à ses sentiments. Ses sentiments... depuis combien de temps n'y avait-elle pas fait attention ? Sa vie se composait depuis tant d'années de dossiers, tournages, contrats, négociations, mais sûrement pas de sentiments... C'était quelque chose qu'elle devait réapprendre à faire alors qu'elle avait parfois l'impression que son ex-femme était partie en emportant avec elle sa capacité à ressentir.

Elle se devait de se montrer plus douce, plus ouverte, c'est ce qu'elle avait dit à Edgar : Je vais faire des efforts pour être plus agréable avec elle.

Elle effaça donc sa première réponse, et réfléchit quelques longues secondes. D'autant plus que Miss Volkov n'avait pas tout à fait tort. Elle avait tendance à oublier de manger quand personne n'était là pour le lui rappeler. Et étant donné que sa gouvernante n'était pas là pour lui cuisiner quoi que ce soit, elle se contentait d'un repas rapide quand son ventre commençait à lui faire mal. Elle soupira et écrivit :

Trois Mille Euros Net.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant