Chapitre 1

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– Oui je comprends. La situation ne peut perdurer. Ça serait une honte pour mon établissement et une malédiction pour votre fille. Avez-vous songé à d'autres lycées ?

   Je me tortillais sur ma chaise depuis au moins une heure. Avez-vous déjà ressenti cette impression de malaise lorsque l'on parle de vous sans avoir l'air de se rendre compte que vous êtes dans la pièce ? Eh bien, c'était exactement ce qui était en train de m'arriver.

   J'aurais tout donné pour mettre mes écouteurs et me soustraire à la voix bizarrement aigüe de Mr Finch. Je changeai encore une fois de position et levai la main vers mes cils. À ce geste, ma mère me lança un regard réprobateur. Je poussai un faible soupir.

– Oui nous avons notamment pensé à Foxfire. Peut-être que, de cette manière, Sophie pourra se retrouver avec des gens comme elle, répondit ma mère, d'une voix calme et posée.

   Le directeur haussa un sourcil et se baissa. Pendant plusieurs minutes, je ne vis que son fessier se dandinant sur sa chaise de bureau. Cela me mit affreusement mal à l'aise. Mon calvaire s'acheva enfin lorsqu'il ressortit de dessous la table. Dans sa main, frémissait un énorme dossier où était inscrit mon nom. Sophie Foster.

   Mr Finch réajusta ses lunettes, se lécha l'index et ouvrit la première page de ce qui représentait toutes mes années scolaires. C'était légèrement effrayant. Le directeur commença à lire. Un silence gênant nous entourait. À défaut de pouvoir m'arracher un cil, je me tordais furieusement les doigts. Ma mère restait impassible. Elle ne bougeait pas et ses yeux exprimaient une assurance sans limite. Au bout d'un moment, le directeur leva les yeux pour les river dans le regard de ma mère.

– Hum. Hum. Je vois maintenant de qui Mlle Foster a hérité sa perspicacité. Effectivement, Foxfire se trouve être un lycée à hauteur des capacités de cette jeune fille.

  Un rire bref le secoua et il reprit :

– À travers les écrits de certains professeurs, la jalousie ne peut s'empêcher de transpercer.

   Les lèvres de ma mère se tordirent en un sourire de soulagement. Elle rajouta sa propre touche aux propos de Mr Finch :

– Cela lui permettra de ne plus s'ennuyer en cours et de se détacher de ces demoiselles qui la harcèlent au quotidien.

   Le directeur poussa un profond soupir avant de se renfoncer dans sa comfortable chaise.

– Ces "demoiselles", comme vous dîtes, écoperont d'une punition à la hauteur de leurs actes, n'ayez crainte. Je n'ai jamais toléré et ne tolérerai jamais le harcèlement au sein de mon établissement. Je me charge dès ce soir d'envoyer le dossier à Foxfire. Êtes-vous satisfaite ?

   Ma mère lui procura un sourire ravi qui eut lieu de réponse.

★★★

  Je pris place à côté de ma mère dans la voiture. Elle paraissait soulagée. Ainsi, sous son air impassible, son inquiétude à mon égard la rongeait. Mon cœur s'emplit de tendresse pour elle. Elle avait beau être ma mère adoptive, elle était plus ma petite maman qu'aucune autre sur cette terre.

– Eh bien. Ce Mr Finch est un sacré personnage à n'en point douter, déclara-t-elle en se tournant vers moi.

   Je ne pus m'empêcher de pouffer. Le souvenir de ses fesses gesticulant sur une chaise me hantera sûrement jusqu'à la fin de ma vie.

   Mon expression s'assombrit presque aussitôt. Ce n'était sûrement pas la seule chose qui me hanterait jusqu'à la fin de ma vie. Un souvenir naquit dans mon esprit...

    J'entrai paisiblement en salle de classe et allai m'asseoir à une chaise. Une fois installée, je sortis un à un mes cahiers de mon sac. J'étais heureuse. Hier encore, je soufflais sur les bougies de mon gâteau d'anniversaire. Mon euphorie ne dura pas longtemps. Lou Falson s'avança vers moi. Elle saisit un de mes cahiers sur la table et en déchira lentement les pages. Je réagis abruptement. J'essayai de lui arracher mes affaires des mains. «Non ! » je criais. Mais sa seule réaction fut de partir et de me déclarer avec un sourire satisfait « Joyeux anniversaire, Sophie».

   Je mis mes mains sur mes oreilles pour ne plus entendre les voix de mon esprit.

– Arrêtez ! criai-je.

   Mes yeux se chargèrent de larmes prêtes à ruisseler sur mes joues. J'apuyais tellement fort sur mes oreilles, que le voix de ma mère paraissait venir de très loin.

– Tout va bien se passer, mon ange. Tu vas enfin pouvoir rencontrer des gens qui te respecteront et éprouveront de l'amour ainsi que de l'amitié à ton égard. J'en suis sûre, mon amour. Repose-toi. Maman est là. Elle ne t'abandonnera pas. Repose-toi. Dors. Sèche ses larmes. Remplace-les par l'espoir. Tu veux bien faire ça pour moi ?

   J'obéis. Et m'endormis aussitôt. Mais, ce soir-là, ce ne furent pas les rêves qui m'accueillir dans leur étreinte mais les cauchemars.

★★★

Et voilà ! Petit chapitre pour commencer cette fanfiction. J'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez pas à voter, commenter et partager afin qu'un max de personnes puissent y accéder !

Blue Eyes - Une Histoire SokeefeWhere stories live. Discover now