Chapitre 17

184 5 4
                                    

Lorsque le moteur s'éteignit, un lourd silence s'installa. Mon père, encore les mains sur le volant, se racla la gorge. Il amorça une phrase mais je le coupai net.

- Vivement que ça se termine.

Il baissa les yeux et soupira, d'un soupir empli de tristesse et de regret. Si on avait été la veille, je ne l'aurais pas cru. Nous descendîmes donc de la voiture, les portes claquant derrière nous. Les passants dans la rue nous regardaient avec dégoût nous avancer vers la prison. J'allai baisser les yeux avant que je ne me rappelle à l'ordre. J'étais Keefe Sencen. J'allais affronter la situation à ma manière. Sur cette pensée, je levai la main pour saluer les gens qui nous dévisageaient. Mon sourire devait les faire se demander si je n'étais pas malade. Mon père, bien évidemment embarrassé par la situation, me saisit par l'épaule avant de presque me jeter sur l'interphone de l'entrée. Je m'écartai avec souplesse pour laisser mon cher paternel parler. Il murmura quelques phrases dont je ne saisis pas le sens avant de montrer nos pièces d'identité à la caméra. Nous fûmes autorisés à entrer.

Pousser la porte fut un calvaire. J'avais l'impression de pousser la porte des Enfers. Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Je ne savais même plus pourquoi j'étais là. Je dois avouer que je n'eus pas l'occasion d'observer le décor. L'homme trapu - un garde de la sécurité - qui nous conduisit jusqu'au parloir me gâchait la vue. Arrivés à destination, il nous désigna deux chaises faisant face à une vitre en plexiglas. Nous regardant avec insistance, il s'éloigna de quelques pas. Il se racla la gorge avant de nous rappeler quelques règles.

- Pas d'échange de documents. En langue vernaculaire car je dois vous comprendre. Durée de quarante-cinq minutes. Vous ne mangerez pas, ne fumerez pas et ne consommerez aucune substance.

Une fois cela fait, le silence se fit un nouveau. Un silence si pesant que je courbai un peu les épaules. Nous étions les seuls visiteurs, ce que je trouvais étrange. Mon père chuchota :

- Nous avons été spécialement autorisés à rendre visite à ta mère. Elle arrivera dans quinze minutes.

Ce furent les quinze minutes les plus longues de ma vie. Mes pensée s'étaient transformées en tic tac incessant. Un véritable enfer. Je sentais même le regard du garde me brûler le dos. Un peu plus et je finissais avec un trou dans la colonne vertébrale. Heureusement - ou malheureusement - ma mère arriva.

Ses cheveux blonds lâchés rebondissaient sur sa taille, ses longs doigts vicieux pianotant sur ses hanches. Ses yeux aussi bleus que les miens se braquèrent sur mon père et moi. Nous reconnaissant, ses lèvres s'écartèrent en un rictus empli de haine. Elle s'assit derrière la vitre pour nous faire face avant de décrocher le téléphone (visiblement ancien) de son support. Mon père en fit de même. Mais ce ne fut pas lui qui s'exprima en premier.

- Tiens, tiens, tiens. Ma famille vient me rendre visite en prison maintenant ? susurra ma mère.

Elle était surveillée et elle le savait. Mais cela ne semblait pas l'intimider. Bien au contraire.

- Espèce de criminelle ! Comment ai-je pu te faire confiance ? Tu es une menteuse d'une telle couardise que... , cracha mon père, ne trouvant pas les mots pour continuer.

Un rire s'empara de « Lady Gisela ».

- Menteuse ? Je suis la menteuse maintenant ? Tu veux parler de toi ? rétorqua-t-elle.

Mon père rougit de fureur.

- Tu te rends bien compte que tu me compares à toi, criminelle ? Je n'ai jamais ni tué ni volé contrairement à certains ! s'étrangla-t-il.

L'expression de la criminelle s'assombrit.

- Au moins, moi, j'ai essayé d'aider notre fils.

Je m'étouffai. M'emparant du second téléphone, je m'écriai :

- Qu'ai-je à voir là-dedans ? Quoi que tu aies fait, j'aurais préféré que tu t'abstiennes.

Les yeux de ma mère devinrent fous.

- Tu es livré à un grand avenir, Keefe. Tu ne le sais pas mais tu peux me faire confiance. J'ai déjà tracé ton chemin. Tu n'as qu'à le suivre maintenant.

- Un chemin tracé au prix d'une cinquantaine d'innocents et de sang sur les mains ? Non merci. Tu peux te le mettre là où je pense. Je n'ai pas besoin de toi pour vivre. C'est même plutôt l'inverse.

Ma mère fut saisie d'un rire à glacer le sang. Mais pour qui se prenait-elle bon sang ? Qui était-elle ? Mon père intervint.

- Pour une fois, je suis d'accord avec notre fils, déclara-t-il avant de continuer. Pourquoi as-tu fait ça ?

- Ça ? Qu'entends-tu par là ? Tuer ? Voler ? Cambrioler ? Battre ? Insulter ? Tu ne sais vraiment pas t'exprimer.

- Pourquoi es-tu devenue une criminelle ?

- J'avoue ne pas avoir réfléchi. L'occasion était trop belle.

Mon père soupira, désespéré.

- Depuis quand alors ?

Le rictus de Lady Gisela s'élargit.

- Bien avant la naissance de Keefe. En fait, tu étais plus un cobaye que mon mari. Te souviens-tu de l'histoire que je t'avais racontée ? Celle de la scientifique qui avait tout perdu ? J'étais le personnage principal. Lorsque tout m'a été retiré, j'ai dû recourir à des moyens extrêmes pour avoir du matériel. Toi, Cassius, tu n'en es qu'une infime partie. Quant à toi, Keefe, tu en es la pièce centrale.

Ses yeux glaciales se posèrent sur moi. Je frissonnai de terreur et de dégoût.

- Tu nous menaces ? s'enquit mon père.

La criminelle haussa seulement les épaules.

- Seul le temps nous le dira. Mais je vous garantie que je ne resterai pas ici pour toujours.

Mon père se tourna vers le garde qui fit un bref mouvement de tête. La visite était finie avant l'heure. Me levant, je ne regardai même pas en arrière. Je savais que ma mère nous menaçait, là, dans notre dos. Je n'en avais que faire. Je ne voulais plus jamais la voir, elle et son attitude de folle.

Sortant enfin du bâtiment, je pris une grande bouffée d'air. J'allais me battre moi-même pour ma vie. C'était décidé.

***********************

Bonjour ! Ne me détestez pas s'il vous plaît ! J'avais, comme qui dirait, oublier de publier des chapitres. 😓😓😓

J'espère que vous avez aimé le retour de Keefe ! J'avoue que, au début, je ne savais pas du tout comment écrire cette scène 😅. Après tout, ce n'est pas une chose dont j'ai l'habitude.

Enfin bref. Je vous souhaite à tous de très bonnes vacances ! Un nouveau chapitre arrive bientôt !

~ RAYLA~

VOTE AND COMMENT

Blue Eyes - Une Histoire SokeefeWhere stories live. Discover now