Chapitre 11

180 6 9
                                    

Mon réveil fit correctement son travail ce matin : au moment où il sonna, j'étais déjà prête à partir. Malheureusement, il fallait s'habiller avant. Étouffant un bâillement rebelle, j'ouvris mon placard et saisis l'uniforme de Foxfire. Mon uniforme. Un agréable frisson me parcourut. L'ensemble était simple : une assez longue jupe, des collants bien chauds, une chemise blanche brodée d'un yéti (choix que je trouvais d'ailleurs étrange) et une longue veste noire.

J'enfilai la tenue avant de descendre les escaliers au pas de course pour prendre mon petit-déjeuner. La bonne odeur de gaufre m'avait comme appelée. Dès que je vis la délicieuse pâtisserie posée sur la table, mon estomac se mit à gargouiller de plus belle. Une deuxième odeur envahit alors mon odorat : celle de ma mère. Cette dernière se plaça derrière moi et m'enlaça tendrement.

– J'ai bien cru que je ne verrais plus jamais ce merveilleux sourire éclairer ton visage, murmura-t-elle.

Je sentis quelque chose d'humide dans mon cou. Les larmes de ma mère. J'eus grande peine à retenir mes propos soubresauts. Ce moment d'émotion fut brisé par l'arrivée de ma sœur. Celle-ci, visiblement impatiente, lâcha :

– Contente de te voir revenue à la vie, sœurette, mais j'ai faim. Alors, si on pouvait se mettre à table...

Je fus prise d'un fou rire. Agacée, Amy s'empressa de s'asseoir pour engloutir une gaufre. Véritablement heureuse, j'allai la rejoindre un grand sourire aux lèvres.

————

Lorsque le rire de Keefe résonna dans l'entrée, mon cœur rata un battement. Je ne pus m'empêcher de remarquer que ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. À cette pensée, je me sentis rougir jusqu'aux orteils. C'est donc cramoisie que j'allai saluer mon ami. Ma mère, qui lui avait ouvert la porte, arqua un sourcil moqueur. Pas de ça maintenant maman, s'il te plaît. Keefe, qui n'avait pas suivi l'échange silencieux, me sourit.

– Salut Foster ! Prête pour ta première journée ?

Ma voix sortit de ma bouche avant même que j'en prenne conscience :

– Absolument prête !

Mon sac lourd comme du plomb sur les épaules, je suivais Keefe à travers les ruelles de la ville. Étant donné que le lycée ne se trouvait pas trop loin, il avait été décidé que Keefe m'y accompagnerait. D'ailleurs, le garçon ne cessait de me lancer des coups d'œils furtifs par-dessus son épaule. Il finit par s'éclaircir la gorge et déclara :

– Tu veux que je porte ton sac ?

Surprise, je marquai un temps d'arrêt. Puis, embarrassée, je m'empressai de répondre en balbutiant :

– N...Non. Je... Je gère !

Un sourire moqueur étira les lèvres de mon ami. Il s'avança vers moi. Je dois bien avouer que je retins mon souffle. Raide comme une statue, voilà ce que j'étais. Keefe n'eut aucun mal à s'emparer de mon sac. Il le soupesa un peu avant de réprimer une grimace.

– T'as des épaules en acier Foster, je dois bien avouer. Mais je prends la relève.

C'est donc avec un sac sur chaque épaule qu'il repartit. Pour la deuxième fois ce matin, je devins rouge comme une tomate.

———

La façade de Foxfire était impressionnante. Ornée d'un grand F en or, elle me surplombait de plusieurs mètres. Les élèves s'engouffraient à l'intérieur par une porte en son centre. De ce que j'entrevoyais, l'intérieur semblait tout aussi impressionnant que l'extérieur. Je déglutis péniblement. Allais-je vraiment trouver ma place dans cet établissement ? Une tape sur l'épaule, assénée par Keefe, m'affirma que oui. À nouveau confiante, je passai moi-aussi la porte.

Blue Eyes - Une Histoire SokeefeNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ