Chapitre 10

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Sophie sera là demain.
Une douce sensation m'envahit. Dire que j'avais hâte serait un mensonge. Je trépidais. Littéralement.

– Tu veux bien arrêter de sauter sur place ? souffla Fitz. Je ne veux pas que Romhilda me remarque.

Mon ami parlait bien évidemment de la plus folle de tous les surveillants. Enfin. Son caractère particulier s'accordait parfaitement au mien. Ro, comme je l'appelais, m'avait même un jour aidé à embaumer le bureau du directeur - mon père- de cette merveilleuse fragrance qu'est le pet. Bien sûr, quand il avait été temps de punir les coupables, j'avais été le seul réprimandé. Mon père n'aurait jamais pensé qu'une surveillante ait osé aider son idiot de fils.

Je poussai un soupir contrit. Dire que j'allais vivre sur son territoire. Je secouai la tête. C'était mon choix. Pas le sien. Le mien.

Les pensées sombres écartées, il était plus facile pour moi de savoir comment énerver mon ami. Des idées plus farfelues les unes que les autres défilèrent dans mon esprit. Mais je décidai de rester simple. Je garde les festivités pour l'arrivée de Sophie.

Je poussai un grand cri.

– Ro ! N'importe qui ! Fitz ne se sent pas bien ! Je vous en prie ! Aidez-le.

Le regard noir que m'adressa mon meilleur ami me combla. Et ma joie ne fit qu'augmenter lorsque je vis Ro arriver à grandes foulées. Ses cheveux rose bonbon ne faisait que mettre plus en valeur ses ongles manucurés, ses tatouages dont la signification restait, pour certains, incertaine et son percing au nez.

– Si tu pouvais ne pas crier dans les couloirs, mes tympans t'en seraient reconnaissants, cracha la surveillante.

Je haussai un sourcil moqueur.

– Je croyais que tu n'aimais pas ces couloirs, répliquai-je. Qu'est-ce que tu disais déjà ? Trop de paillettes ?

La nouvelle arrivante leva une main menaçante. Un raclement de gorge l'interrompit.

– Il est interdit de frapper les élèves. Même si certains le mériteraient, déclara Sandor, collègue de Ro.

Je ne fis pas attention à son regard insistant. On a compris que tu ne m'aimais pas, mon vieux.

– Ne lui en voulez pas. Il est nerveux aujourd'hui, déclara Fitz qui était resté silencieux.

Un sourire machiavélique étira les lèvres peintes de Ro. Sandor, quant à lui, se contenta de baisser les yeux sur moi. Étant donné qu'il faisait trois fois ma taille, je ne pus m'empêcher de me sentir intimidé. Énervé, je donnai un coup de coude à Fitz.

– De quoi tu parles ? demandai-je d'une voix loin d'être calme.

Mon soit-disant meilleur ami roula des yeux amusés. Et il m'ignora.

– Nous avons rencontré une fille. Sophie. Je crois bien que Keefe en est amour...

Le coup qu'il reçut fut si violent que sa respiration se coupa net. Malgré la douleur, ce traître réussit à rire. Ro, quant à elle, ouvrit de grands yeux ébahis. Puis, elle fut prise d'un si grand fou rire qu'elle aurait pu réveiller un volcan endormi. Sandor se contenta de lever les yeux au ciel.

– Je veux faire connaissance de l'heureuse élue, rigola Ro.

– Tu la verras demain... répondit Fitz.

Je m'enfuis avant de pouvoir entendre la suite.

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Je décidai de sécher. Les cours que j'avais cet après-midi étaient ennuyeux et les professeurs qui en avaient la charge, ennuyants. À la place, j'étais allongé dans l'herbe, contemplant la façade blanche de propreté du lycée Foxfire. Mon lycée. Enfin, celui de mon père. Mon regard dériva, s'arrêtant sur la partie pensionnat. Des portes s'alignaient, les unes à côté des autres, reproduisant un schéma bien peu original. Quelques bombes de peinture et je pourrais le rendre bien plus intéressant. Un soupir s'échappa de mes lèvres.

Je sortis mon téléphone et me rendis dans mes contacts. À la vue de la photo de profil de Sophie, je ne pus m'empêcher de me remémorer les événements survenus plus tôt.

Sophie s'avança vers la magnifique jument qui était apparue devant nous. Je voulus retenir mon amie mais elle continuait à soutenir le regard de l'équidé. Leurs yeux bruns semblaient parler entre eux. Je n'aimais pas me sentir exclu mais je devais bien avouer que j'étais en état d'admiration. Je reculai et laissai faire Sophie.

Fitz, resté en arrière, me cria un mot, peut-être deux. Je n'entendais pas. J'étais entièrement absorbé par la contemplation de la scène. Lorsque la main de Sophie toucha les naseaux de la jument, je m'arrêtai de respirer. Il se passait quelque chose. Quelque chose d'important. La jument hennit de joie. Des larmes dévalèrent les joues de Sophie. Fitz, rapide comme l'éclair, accourut pour la réconforter. Dans les bras l'un de l'autre, ils s'écroulèrent dans l'herbe.

Je serrai les poings. Je n'étais pas intervenu. Je n'avais pas pu. L'instant m'avait paru trop précieux, trop parfait. Je n'avais pas voulu tout gâcher. Je fermai les yeux et serrai fort les paupières. Je ne suis qu'un idiot.

Je n'entendis pas les bruits de pas de la personne qui approchait.

   Je n'entendis pas les bruits de pas de la personne qui approchait

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Blue Eyes - Une Histoire SokeefeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora