Chapitre 1

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Je grimpai dans l'avion, puis j'attachai ma ceinture, j'avais horreur de l'avion. Tant de possibilités de mourir, mais c'était le seul moyen de parvenir en Russie. Mes mains étaient moites et j'avais la bouche pâteuse.

Le trajet allait être long. Ma paire d'écouteurs dans les oreilles et mon livre dans ma main gauche allaient bien m'aider pendant mon voyage...

Flashback, 9 jours avant le départ
Columbia

Je me réveillais péniblement. Mon sommeil était tout le temps agité, ne me laissant jamais en paix.

Quand je descendis les marches de notre petit appartement, je vis un mot posé sur la table, il venait de maman.

Bonjour ma chérie, toujours à l'hôpital, je rentre dans quelques semaines, j'espère que tu vas t'en sortir avec le travail, je suis très fière de toi.

Ma mère rentrerait dans quelques semaines de sa cure, j'étais fière d'elle, nous allions nous en sortir.

Ça avait toujours été elle et moi, et ce depuis la mort de mon père.

Je n'avais pratiquement aucun souvenir de lui, lorsqu'il nous avait quittées, j'avais tout juste quatre ans à l'époque. Il n'avait pas eu de chance.

Cet accident de voiture lui avait coûté la vie, il n'avait pas eu assez de temps, la vie lui avait tout pris. Un accident tellement banal. Un alcoolique au volant, il avait foncé sur mon père. Sa tête avait heurté le pare-brise, commotion cérébrale. Il n'avait pas tenu plus de cinq minutes avant de sombrer.

Je n'étais jamais vraiment triste par rapport à sa mort, et pour certaines personnes j'étais un monstre. Quand un parent meurt, d'après mes charmants camarades d'école, on devrait être dévastée. Mais je n'ai juste pas pu. Pour moi, cet homme était mon père, mais je n'avais aucun souvenir venant de lui.

C'est la vie, on y pouvait pas grand chose, et encore moins maintenant. Si pour moi cette mort n'avait pas été traumatisante, ma mère quant-à-elle l'avait très mal vécue.

Quand mes pensées se mirent en veille, je pris mon sac et partis. Je pédalais à toute vitesse sur mon vélo, car comme toujours j'étais en retard. Quand j'entrai dans la salle de classe, ma professeure de français me réprimanda.

J'allais m'installer au fond de la pièce, comme à mon habitude, près de la fenêtre qui donnait sur le parc.

Assis sur un banc, un vieux monsieur tenait son chien en laisse, cela devait être un berger australien, cette race de chien me fascinait, et les yeux de celui-ci étaient d'un bleu translucide.

Je me reconcentrais sur le cours, mordillant le bout de mon stylo, quand soudain, une annonce se fit entendre dans les hauts parleurs de ma fac :

- Tous les élèves faisant Russe en troisième langue, sont priés de quitter leur salle de cours pour se rendre dans le secrétariat.

Je rangeai la trousse que j'avais au préalablement sortie. Mon trieur et mon cahier de brouillon rejoignirent eux aussi mon sac, puis je sortis de la salle pour me diriger vers le secrétariat, comme l'avait annoncé le directeur.

Une fois arrivée, je retrouvai les élèves qui faisaient Russe avec moi, je recherchai Alexandre, un grand blond avec des origines russes. Je n'avais pratiquement aucun ami à la fac, je passais le plus clair de mon temps mon nez fourré dans des bouquins.

Alexandre était le fils de la meilleure amie de ma mère, nous nous entendions bien, mais nous n'avons jamais tissé des liens. Malgré tout, Alex était mon seul point de repère.

SokolovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant