Chapitre 2

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Si la rentrée éloignait certaines personnes, un départ les rapprochait, n'ayant aucun ami, je n'avais jamais pu connaître cette sensation, je l'avais frôlée du bout des doigts.

Une sensation aussi étrange que plaisante. Un mot "amitié", et pourtant si précieux, un jeu dangereux, un jeu avec des répercussions.

Des répercussions beaucoup trop importantes pour avoir été ignorées, alors oui, l'amitié ne servait à rien, un sentiment bâclé qui n'apportait que du malheur pour quelques jours de bonheur.

Nous nous connaissions mieux que quiconque, il ne fallait jamais l'oublier.

Comment éprouver ce sentiment, je n'en savais rien, après tout, une personne inconnue est juste une personne.

Elle n'avait rien de spécial, pourtant tomber dans ses griffes était tellement simple.

Je haïssais ce sentiment d'impuissance, j'étais faible et je détestais ça.

La faible Irina.

Toujours, encore et encore, j'étais faible.

J'avais peur, et elle détestait ça.

J'étais tombée dans ses pièges.

Beaucoup trop naïve.

L'amitié ne servait à rien, elle était éphémère, et superflue.

Je me réveillai quelques heures plus tard, des cheveux dans la bouche et avec un mal de dos. L'avion était le pire endroit pour dormir. Les sièges n'étaient clairement pas fait pour se taper une sieste.

Il restait encore quelques heures de vol et j'étais assise à côté d'Alexandre, qui devait déjà regarder sa série depuis plusieurs minutes.

Je vis le nom de Stranger things s'afficher et je lui demandai si je pouvais regarder avec lui.

Il accepta et je cachai mon sourire naissant.

Stranger things était vraiment un chef-d'œuvre, Alex me prêtait un des écouteurs et nous regardâmes ensemble la série.

Ce n'était pas la première fois, nous passions souvent des samedis après-midi à regarder des séries.

Ce n'était pas mon ami. Il avait honte de moi. À la fac c'était le "populaire", il ne traînait jamais avec moi.

Quand sa mère avait le malheur de m'emmener à la fac, les gens pensaient que nous étions frères et sœurs.

C'était un grand blond aux yeux clairs, qui aimait draguer toutes les filles. C'était plus facile pour lui de dire que j'étais sa sœur et pas un bon partie.

Nous nous ressemblions énormément, à l'exception de nos yeux.

La série finissait et un message se fit entendre dans l'avion, nous allions atterrir dans quelques minutes.

Quand je récupérai ma valise, le froid se fit ressentir, la température de Moscou, au mois de Janvier atteignait les -10°c.

Ma doudoune sur moi ainsi que mes deux pulls me réchauffaient juste assez.

L'excitation se faisait ressentir dans les couloirs de l'aéroport. Il était 18h quand nous étions arrivés, mais le soleil était déjà couché depuis longtemps.

Un sentiment d'insécurité parcourait mon épiderme quand nous pénétrâmes dans notre nouvelle fac, pour les six mois à venir.

Les couloirs étaient tous plus longs les uns que les autres. Une phrase en Russe ornait la plupart des murs de la fraternité :

SokolovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant