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La solitude est un pouvoir, on ne s'en rend compte que plus tard

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La solitude est un pouvoir, on ne s'en rend compte que plus tard.

On ne le réalise pas lorsque bébé le regard des êtres qui nous sont chers refuse de se poser sur nous, lorsque leurs bras ne veulent pas nous. On ne le réalise pas non plus lorsque l'on reste enfermé dans notre chambre avec nous-même pour seule compagnie. On ne le réalise toujours pas lorsqu'a l'école on s'assoit seul dans un coin de la cour ou sur une chaise a part a la cantine.

Non, on ne se rend pas compte de l'armure qui se forme cellulles apres cellulles sur notre corps d'enfant. Cette limite invisible que l'on dessine autour de nous et qu'ils appellent « solitude ».

Pour nous c'est bien plus qu'une solitude, elle fait partie de nous, alors un jour elle devient notre refuge, notre chez-nous, l'endroit où l'on peut être soi-même pour le meilleur et pour le pire.

C'est ce qui m'angoisse le plus, l'idée de déménager avec lui, savoir que mon espace de solitude sera drastiquement restreint.

Tout est allé si vite.

Vivre avec lui je ne l'avais même pas envisagé.
Lui chez lui, moi chez moi, ça me convenait très bien.

Le deal avait l'air un peu farfelu mais c'était parfait, et puis César a estimé que ce n'était pas crédible de continuer ainsi, que je devais vivre avec son fils.

Il a accepté d'attendre la fin de mes examens, le lendemain j'étais mariée, au retour des vacances nous vivrons sous le même toit.

J'ai pu voir la mer pendant deux semaines, sans qu'elle ne soit submergée de vacanciers, elle et moi seule au monde avant de plonger dans cette nouvelle vie qui m'attend.

Un mari, un travail, un nouvel appartement.
Ces trois réalités qui m'attendent a Paris alors que je suis assise sur le sable de la côte d'Azur.

Dix-huit kilomètres, c'est la distance qui me sépare de l'Italie, si je le voulais je pourrais partir a cet instant précis. Fuir et vivre mon rêve.

Mes yeux se détachent lentement du bleu de l'horizon pour se poser par delà la frontière.

D'ici je peux déjà entendre les gens chanter en parlant avec leurs mains, sentir l'odeur du basilic et des orangers, voir les couleurs de la Toscane...

La chaleur d'une larme roule sur ma joue, j'efface immédiatement la preuve de ma lâcheté, récupère mes cloppes, et tourne le dos à la mer pour me diriger vers la gare.

C'est toujours comme ça à l'intérieur de moi, la tristesse se transforme immédiatement en colère car je ne peux pas me résigner à admettre que ma vie soit ainsi.

La tête posée contre la vitre, tandis que le décor se brouille et que défile un paysage que je ne vois pas, mes pensées s'enclenchent en accompagnant la vitesse du train.

Parmi l'immense désordre de réflexions qui me traversent, me revint en mémoire les événements qui ont ponctués mon années. Étranges circonstances qui se sont parfaitement assemblées pour m'emmener au présent. L'enquête, les examens, le serment, César, Eduardo...

C'est bizarre les souvenirs, leur capacité à resurgir sans prévenir.
J'augmente le volume de mes écouteurs à fond pour faire taire la réminiscence de ces événements.

Ce n'est pas le moment de réfléchir Kristina, c'est trop tard maintenant, tu as choisis, assume !

J'ai choisi de déménager en Septembre pour vivre avec Sacha, j'ai signé le contrat avec l'AAF plutôt que de me mettre directement à mon compte.

J'ai choisi en sachant pertinemment que tout ces choix échoueront. Je le sais d'avance parce que mes capacités d'adaptation envers ce qui ne me plait pas sont de l'ordre du zéro. Je peux feindre autant de concessions qu'on me le demandera, plus je me forcerais plus ça finira mal.

Jusqu'où peut me mener ma loyauté et mon entêtement ? Ce sacrifice de soi ? Combien de temps on peut éteindre un par un les signaux d'alarme avant que ça n'explose ?

Je n'ai pas le temps de réfléchir à une réponse car déjà le décor désolé de l'enclave parisienne remplace la verdure de la province, m'annonçant l'arrivée.

Gare de Lyon bondée de monde qui se bousculent aux postes de contrôle m'enfonce un peu plus dans le retour au réel. Paris étouffe sous le bitume brûlant de cette fin de Juillet. Je me faufile avec mon reste de soleil du Sud et mon regard rempli de Méditerranée refuse de se poser sur le cadre qui m'entoure.

J'ai besoin d'une période de transition alors, plutôt que de prendre le métro, je m'engouffre dans un taxi et ferme les yeux.

Je n'ai pas encore eu le courage de mettre mon appartement dans des cartons. Cet univers que j'ai créé pendant trois années allait disparaître simplement car j'ai accepté d'ouvrir la porte a la mauvaise personne.

A la pire personne, celle a qui je ne peux rien refuser.

Cette odeur, ces livres éparpillés par centaines...

J'allume les bougies et les encens, me débarrasse de mes vêtements, m'assois sur le matelas posé à même le sol et grille une cigarette.

1028 jours, soupirais-je en posant un regard affectueux sur chaque élément qui compose mon joyeux bazar.

Ça va être long, très long...

Pour une fois j'aurais quelque chose d'intéressant à écrire, souriais-je.

« Cette année je me suis mariée avec Sacha, le fils de César », l'ironie...

Merde, j'ai oublié d'ouvrir les volets !

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Au pire, on meurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant