07 | Répit éphémère

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"Sauvages", César vient vraiment d'utiliser ce mot pour décrire les habitants de l'enclave Sud et ça me reste en travers de la gorge

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"Sauvages", César vient vraiment d'utiliser ce mot pour décrire les habitants de l'enclave Sud et ça me reste en travers de la gorge.

Je conçois que du haut de sa tour d'ivoire il les méprise, qu'il les considère comme des êtres inférieurs dont l'horizon indépassable se résume à une vie de chien.

Mais c'est avant tout des êtres humains qui vivent dans des conditions précaires voire d'abandon social, et il a besoin d'eux.

Eduardo prend des risques inconsidérés depuis des mois pour mettre en place sa future mainmise sur ce quartier, et lui il les traites de "sauvages".

Il ne perd rien pour attendre !
Vendredi en lui remettant les documents je lui dirais ma façon de penser et ne mâcherais certainement pas mes mots.

J'avais envie de mordre, et je me promis de le faire. Mordre fort.

Le pirate fait la tête.
Il faut dire que les événements ont pris une tournure imprévue et visiblement il n'a pas apprécié la surprise.

Derrière le volant, les yeux rivés sur le pare-brise, son esprit sombre avec force dans des méandres de colère qui froncent ses sourcils.

L'énergie qui se dégage de lui m'inquiète alors je scrute ce qui pourrait potentiellement me servir pour l'assommer en cas de problème.

Déjà que la dernière fois ça c'était très mal passé, le trajet s'annonce loin d'être agréable tant il est évident qu'il n'est pas enchanté de devoir me raccompagner.

Assise à sa droite, j'attache ma ceinture en essayant de me faire aussi discrète que possible, pressentant que la moindre étincelle fera sauter le baril de poudre.

- Je te dépose où ? Articule-t-il froidement la mâchoire serrée sans un regard.

- Pourquoi tu me demandes si c'est pour faire comme la dernière fois ? Ne pus-je m'empêcher de répliquer sarcastique.

C'est toujours pareil, même quand je veux y aller avec des pincettes, j'y vais à la pelle, et son regard sombre qui transperce soudain mes pupilles est là pour me rappeler qu'il n'apprécie pas, mais alors pas du tout, la plaisanterie.

- Contente toi donner une réponse, rétorque-t-il sèchement.

Jamais jusque-là il n'avait usé d'une voix si autoritaire. Une partie de moi veut se braquer et lui rentrer dedans pour lui intimer le respect, l'autre décèle dans son regard une profonde lassitude et préfère la désescalade.

Un sourire forcé s'étire sur mon visage, masquant mes craintes intérieures, tandis que je garde un œil vigilant sur le moindre signe qui me mettrait en danger.

- T'es fâché ? Demandais-je

Pour toute réponse, il se contente d'expirer son exaspération par les narines en fermant les paupières.

Au pire, on meurtWhere stories live. Discover now