10 | Provocations

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« Nous avons un ennemi en commun Cardini, je ne suis pas venu pour qu'on s'entretue mais pour conjuguer nos forces »

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« Nous avons un ennemi en commun Cardini, je ne suis pas venu pour qu'on s'entretue mais pour conjuguer nos forces »

Drôle de méthode pour s'associer que de me contraindre avec une arme. Ce sera sans moi.

« Vous vous êtes trompé de destinataire, je n'ai pas d'ennemis. D'ailleurs vous devriez arrêter de me suivre si vous ne voulez pas être le premier à le devenir »

J'ai écrasé ma cigarette et me suis avancé prêt à partir pour lui faire comprendre que l'échange s'arrêtait là. Tel un uppercut sa réponse stoppa net ma respiration et mon élan.

« Ce n'est pas toi que je suivais, c'est elle, toi tu n'es qu'un heureux hasard, considère ça comme ton jour de chance »

L'afflux sanguin vint gonfler les veines de mes bras jusqu'au bout de mes doigts provoquant d'imperceptibles tremblements, un appel à cogner se fit sentie dans mes phalanges.

« Qu'est-ce que vous lui voulez ? » le questionnais-je faussement indifférent.

Le rire coincé qui s'échappe de sa gorge, sournois mais que je juge inoffensif pour la crevette, décrispe mes poings et ma mâchoire.

« Elle ? Rien. C'est son père qu'on veut »

Il fallait manœuvrer avec finesse dans ce poker verbal. Demander les raisons aurait été aussi inutile que de chercher à comprendre l'objectif de cette collaboration. Il est ici pour me persuader, pas pour m'éclairer.

« On ? Qui ça "on" ? »

« Disons que tu n'es pas le seul à qui ils ont pris quelqu'un, je pense que c'est un élément suffisant pour te faire réfléchir à la proposition »

Malgré le côté évasif qu'il feignait de prendre, les propos de l'homme étaient clairs comme de l'eau de roche ; pourtant j'avais peur de comprendre.

Ma respiration profonde et les battements précipités de mon cœur me donnaient l'impression de résonner bruyamment dans le silence. Pendant plusieurs secondes il n'y eut pas d'autres bruit, même le vent était tombé.

« Dans une semaine, même jour, même heure, si tu veux venger ta sœur je te conseille de répondre Cardini. Il n'y aura qu'un appel, pas deux »

Après avoir glissé un téléphone jetable dans la poche de mon manteau, il s'est évanoui dans la nuit d'encre, me laissant seul, sans réponses, le cœur cognant.

Depuis, l'aube s'est levée deux fois. Pourtant je demeurais dans le noir le plus épais qui soit, et les éclairs de lucidité qui me parvenaient n'avaient pour seule fonction que de noircir un peu plus le tableau de mon incompréhension.

Tournant et retournant dans mon lit durant des heures, dès que la fatigue m'emportait je me forçais à revenir sur terre pour réfléchir.

Comprendre, attraper le moindre élément de clarté qui viendrait fendre le brouillard dans lequel je suis plongé depuis que je suis sortie de ce bar. Parfois je réussi à faire un lien logique mais tout aussi vite le tourbillon de l'errance cognitive repartait.

Au pire, on meurtWhere stories live. Discover now