Prologue

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Angleterre, 1720.

Et elle courait, courait, courait... Ses larmes inondaient ses joues mordues par le froid glacial. Ses pieds nus s'enfonçaient dans la terre molle et humide, ses bras débattaient le long des branches épineuses qui lacéraient sa peau. Sa robe se déchiquetaient au fur et à mesure de sa course. La Lune l'observait fuir son destin sans vraiment croire à un miracle.

Des bruits de coups de feu et de chevaux au galop se firent entendre au loin. Ils la pourchassaient. Ils voulaient en finir.

La proie continuait de courir sans jamais s'arrêter, regardant de temps à autre derrière elle avec un air désemparé. Bientôt elle manquerait de souffle et d'énergie, elle devait trouver un moyen de se sortir de cette emprise.

La peur l'empêchait de réfléchir, sa vue était devenue floue et son corps menaçait de l'abandonner ; mais elle savait où courir. Elle était toute proche, son refuge n'était plus très loin.

Rassemblant ses dernières forces elle se jeta dans les buissons et se mit instinctivement en boule. Son corps commença à rouler le long d'une pente. Cela dura quelques secondes qui parurent une éternité... Elle se heurta violemment à un tronc d'arbre qui la sonna. Le coup sur la tête avait été violent. Mais l'adrénaline ne lui laissa pas de répit ; elle se releva aussitôt et courut de nouveau vers une faible lumière, non sans laisser une petite trainée de sang derrière elle.

Les sabots des chevaux se faisaient de moins en moins entendre... Tout devenait silencieux.  Presque paisible. Elle avait réussi à s'éloigner de ces poursuivants.

La jeune femme calma son allure et en boitant, se mit à marcher vers une bicoque qui lui faisait désormais face. Une fois devant, elle toqua à trois reprises sur l'épaisse porte en bois.

Quelques secondes plus tard celle-ci s'ouvrit dans un grincement sourd et une vielle âme fit apparaitre la moitié de sa tête, sûrement méfiante vu l'heure qui sonnait à l'horloge.

Mais la vieille âme se décomposa en voyant la jeune femme recouverte de blessures.

-         Olympe ! Mon enfant ! Que t'est-il arrivé ?! A cette heure-ci de la nuit ! Hurla presque la vielle femme en agitant ses bras dans tous les sens.

Devant se reprendre face à la situation auquel elle était confrontée, la vieille dame tenta de garder son sang-froid et prit avec délicatesse le bras de la jeune femme, l'invitant à la suivre à l'intérieur de la baraque. Olympe ne répondit pas. Essoufflée, elle n'arrivait pas à prononcer un seul mot. Elle s'était relâchée inconsciemment en arrivant dans cet endroit familier et à présent elle se sentait vide.

Elle suivit néanmoins la grand-mère qui la guida doucement vers la cheminée où les flammes faisaient rage pour réchauffer la petite pièce. Son hôte l'installa sur un petit fauteuil et s'assied à ses côtés sans la lâcher du regard. Un long silence s'était installé, et puis finalement la jeune blessée tourna la tête vers la vieille dame et souffla, le timbre de voix cassée ;

-         Ils ont assassiné Père. Ils ont brulé le manoir. Je n'ai plus rien, Grand-Mère.



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