Chapitre 1

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L'Ainée regarda sa petite avec de grands yeux, sous le choc. Elle ne réalisa pas tout de suite ce qu'elle venait d'entendre et surtout, ne voulut pas en croire un traite mot mais la réalité était là et elle la frappait de plein fouet.

Sa petite fille devenait orpheline et son cœur était meurtri. Qu'allait-elle faire désormais, qu'allait-elle devenir à présent ? La personne âgée n'avait pas la capacité de s'occuper de ce bout de femme. C'est pour ça qu'elle vivait dans cette vieille baraque depuis des années. Elle n'avait plus assez d'énergie pour se confronter au monde.

- J-je vais te faire une tisane, répliqua Odile, la grand-mère de la jeune femme.

Odile s'était éloignée de sa petite fille afin de confectionner un petit remontant à base d'herbes tandis qu'Olympe était resté devant la cheminée, observant les flammes se déchainer.

Le drame tournait en boucle dans sa tête. Elle revoyait tout ce sang, entendait tous ces cris, sentait la peur. Son père était le Comte Fiennes et possédait de l'or ainsi que plusieurs biens. Il faisait déjà nuit lorsque trois individus avaient pénétré le manoir des Fiennes alors que la jeune femme était couchée, son père isolé dans son bureau. Aussitôt ils avaient commis un massacre, plusieurs domestiques avaient déjà péri sous leurs coups. Olympe s'était réveillée en entendant tout ce grabuge. Les hommes avaient gagné du terrain et s'était dirigés vers le bureau du Comte, sans doute à la recherche d'un butin. Un face à face illégal s'était produit, mettant le Comte en mauvaise posture. Olympe avait arpenter les couloirs avant de distinguer de la lumière. Elle ne comprenait pas bien ce qu'il se passait et blêmit alors en voyant ces trois hommes dans un accoutrement particulier. Elle les reconnu directement : c'étaient des pirates avec leurs vêtements crasseux, une épée dans chaque main et les visages dégoulinants de sang. Ses yeux s'écarquillèrent et elle poussa un cri strident en voyant son père se faire embrocher par l'un d'eux. Mortifiée, elle se laissa tomber à genoux. Elle qui avait toujours vécu une vie paisible se retrouvait en plein cauchemar.

Le Comte tomba sous l'assaut et cracha un peu de sang, le regard dirigé vers sa fille. La vie s'évapora de ses yeux. Une domestique arriva en courant et désirant protéger sa maitresse, empoigna vivement son bras et la tira. Celle-ci du se lever de force, une main sur la bouche alors que des larmes ruisselaient déjà sur son visage.

- Berthe... I-Il est mort..., avait-elle soufflé entre deux sanglots.

Berthe ne pipa mot et ignora la scène macabre. Malgré leur présence, les pirates étaient bien trop occupés à dévaliser les buffets à la recherche de bien précieux. La domestique en profita pour s'enfuir en compagnie de sa jeune maitresse. Elle la força à la suivre et à courir, dévalant les escaliers. Olympe était livide et semblait sur le point de s'évanouir à tout moment. Bien trop sous le choc, elle se laissa entrainer et les deux femmes atterrirent rapidement à l'extérieur du manoir. Pendant leur brève course, elles avaient pu remarquer quelques corps inertes sur le sol, des meubles renversés et certains objets brisés.

- Attends, attends ! Il y a peut-être encore des survivants, il faut aller les chercher, sanglota à demi-mot la jeune femme.

- Ils sont tous morts.

Olympe se liquéfia à sa sentence et redoubla ses pleurs. Elle leva la tête vers le ciel : noir, sans nuage, où même les étoiles étaient absentes. La douleur avait un gout amer, sa gorge se serra et elle s'écarta pour vomir. Fatiguée, elle s'agenouilla et posa une main sur sa bouche. Berthe lui rattrapa vivement le bras.

- Mademoiselle, nous ne pouvons pas rester là. Il faut partir, vite !

- Je reste, souffla doucement Olympe, les yeux rivés au sol.

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