Chapitre 3

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Après avoir passé de longues semaines à apprendre à manier la dague, confectionner divers soins à base de plantes et soigner ses blessures, Olympe était enfin prête. La forme retrouvée, elle pouvait désormais partir à l'aventure. Mais avant cela, afin de mener à bien sa vengeance, elle devait trouver des informations sur ses poursuivants. Pour bien en apprendre sur les pirates, il fallait penser, parler, vivre comme eux et rien de mieux que de les côtoyer en devenant l'une des leurs.

Au petit matin elle termina d'ajuster sa nouvelle tenue qui lui changeait de l'ordinaire. Les jupons et les corsets étaient mis de côté et faisaient place à un pantalon sombre ainsi qu'une chemise bouffante, anciennement blanche, surplombée d'un gilet en cuir noir. Ses pieds étaient chaussés de bottes du même cuir. Pour terminer, elle enfila sa longue cape. Une femme dans cet accoutrement ne passerait sûrement pas inaperçue. En allant en ville elle croiserait des têtes connues, elle devrait alors faire preuve de discrétion. La société devait sûrement avoir déjà envisagé sa mort lors de l'incendie du manoir et ça resterait ainsi.

Olympe se regarda une dernière fois dans le petit miroir de la salle d'eau et rejoignit sa grand-mère à l'entrée de la cabane. Elle lui sourit mais ne résista pas à la prendre dans ses bras.

- Merci grand-mère. Je ne saurai comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi ces derniers temps.

- Eh bien... Reste en vie pour commencer, veux-tu ?

Odile eut un rictus maladroit mais tapota gentiment le dos de la jeune femme. Elle s'écarta presque à regret de l'étreinte. Olympe fit la grimace en l'entendant.

- Oui, je vais essayer.

- Surtout, reprit la vieille dame d'un ton sévère, n'oublies pas : les pirates sont mauvais, vils et cruels. Si tu veux pouvoir rejoindre leurs rangs, tu vas devoir faire preuve de détermination et de courage. Être une femme dans ce bas monde n'est pas une bénédiction. Appliques soigneusement tout ce que je t'ai enseigné et prends soin de toi. Je t'aime ma douce.

Sans hésiter la vieille femme reprit sa petite fille dans ses bras et la serra fort en fermant les yeux puis elle s'écarta, prit le visage d'Olympe en coupe et la contempla longuement comme pour mémoriser son visage.

- Nous ne nous reverrons peut-être pas, rajouta de plus belle Odile, les yeux brillants.

Le chagrin se lisant sur le visage de la jeune femme, elle prit les mains ridées et durcies de sa grand-mère et déposa un long baiser sur celles-ci.

- Je vous écrirai. Toutes les semaines.

- Au revoir mon ange.

Libre comme l'air, elle se détourna et quitta sa grand-mère après avoir adressé un dernier signe de la main, le cœur lourd. Son aventure commença et elle quitta les bois après une longue marche. Olympe n'était pas partie les mains vides, Odile lui avait confectionné un petit sac en toile de jute où se trouvait à l'intérieur quelques fruits secs, une boussole, une carte, une dague, une gourde et une bourse d'or. Cela lui permettrait de tenir quelques jours.

Son voyage débuta avec pour première destination le port de Londres. D'après les dires de sa grand-mère, souvent dans les tavernes se regroupaient beaucoup de pirates afin d'embarquer dans de nouveaux groupes. Ces moments étaient propices à l'intégration d'un nouvel équipage. Les capitaines pirates perdaient tellement d'hommes en mer qu'ils devaient souvent recruter. C'était là l'occasion idéale pour la jeune femme. Elle trouverait peut-être ses assaillants dans l'unes des nombreuses tavernes ou bien pourrait-elle se faire engager en tant que matelot pour retrouver leurs traces. Néanmoins la tâche pouvait s'avérer plus complexe. Les pirates n'ont aucune bonne réputation et, en tant que femme, l'intégration pourrait se révéler impossible. Elle pourrait également se faire attraper et attirer de force. Le viol est imaginable. Toutes ces possibilités ont bien entendu traversée l'esprit de la demoiselle mais elle préféra voir le positif et se dire que de toute façon, elle n'avait rien à perdre. Il fallait s'armer de courage même si elle pouvait se défendre à présent. Odile avait profité des dernières semaines pour lui apprendre à manier l'arme blanche et esquiver au maximum les coups. C'était une base pour devenir pirate. Comment lutter lorsqu'on est faible ? La grand-mère lui avait également montré quelques soins rapides à se prodiguer lors de blessures superficielles. Odile avait voulu lui donner toutes ses chances.

L'HorizonWhere stories live. Discover now