Chapitre 3

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 Pendant le trajet qui séparait la place d'où Wendy avait assisté à la projection d'énergie de l'île et la tour de Zuria, la dragonne aborda de façon amicale ce qui se trouvait au cœur de l'île. Elle insistait bien sur le fait qu'elle n'avait rien à cacher et que cette interdiction était purement là pour une raison de sécurité. La dirigeante confirma ainsi les impressions que l'apprentie mage avait eu. La grande majorité des symboles n'étaient pas utilisables par les humains car trop puissants et complexes pour eux.

Elle précisa d'ailleurs qu'il ne s'agissait pas de magie draconique comme l'avait supposé Wendy. Ce terme était un abus de langage qui ne reflétait pas la réalité. D'autres créatures autres que les dragons, mais tout aussi puissantes pouvaient les utiliser et il s'agissait d'une magie bien différente de celle utilisée par les dragons de cette époque, comme la famille de Lig par exemple.

En tant que potentielle prétendante à l'incarnation de la magie, Wendy se demandait si elle pourrait un jour pouvoir utiliser de telles runes. À cette question, Zuria se montra mitigée. Il y avait peu de chances qu'une simple prétendante ait assez de puissance en elle pour y arriver. Même tant que déesse, Siguir ne pouvait d'ailleurs pas faire fonctionner elle-même et sans assistance certaines parti de ce sort d'une complexité hors norme.

Ce fait paraissait des plus étranges pour Wendy. Pourquoi la déesse de la magie, celle qui pouvait en écrire les règles et les façonner comme elle le souhaitait, n'était pas capable d'utiliser un sort, aussi complexe soit-il ?

Là encore, Zuria y apporta une réponse. Les dieux actuels n'étaient pas ceux qui avaient tout bâti. Si les premiers, les originaux, étaient des créateurs, les suivants n'étaient que des administrateurs. Ils avaient une certaine marge de manœuvre, mais ne pouvaient pas réécrire toutes les règles à leur guise. Comme image pour illustrer son propos, Zuria lui dit que les premiers dieux avaient fait en sorte que le monde tourne et que ceux de ce temps-ci s'assuraient que cette rotation perdure.

Revenant sur les propriétés de l'incroyable sort du cœur de l'île, Wendy aborda le fait que les cercles magiques semblaient bien plus petits que ce qu'ils devaient être normalement. Zuria la félicita d'abord d'avoir remarqué une telle chose, puis admit que cela faisait aussi partie d'une magie bien trop avancée pour des mortels. Réduire la taille d'un cercle magique en écrivant les symboles en plus petit et plus fin ne fonctionnait que très rarement et menait, au mieux, à une réduction drastique de l'efficacité du sort voulu.

Certains habitants de Lutalica tentaient bien souvent de réduire la taille de leur cercle magique en le faisant à la bonne taille, puis en utilisant un nouveau sort pour faire rétrécir le support. Si la qualité du tracé restait inchangé, le reste n'était qu'un échec et le symbole perdait la grande majorité de sa puissance.

Ici, chaque trait avait été gravé à cette échelle sans qu'un tel artifice ne soit à l'œuvre. C'était un autre procédé qui était à l'œuvre pour garder une efficacité maximale. Cependant, Wendy était encore bien trop inexpérimentée pour comprendre ces différents concepts et même Siguir à l'époque où elle était une jeune déesse, avait dû attendre plusieurs centaines d'années avant d'avoir les connaissances nécessaires à la bonne compréhension de cet art des tracés réduits.

Alors qu'ils arrivaient au pied de la tour de la dirigeante, Wendy remarqua que Sixircun était resté bien silencieux. Il n'avait sans doute pas voulu les interrompre sachant qu'à part le goût qu'avait un sort, il se fichait plus ou moins de comment il était préparé.

Comme à son habitude, Zuria les fit monter sur la plateforme d'élévation et les invita à entrer dans ses appartements. À l'intérieur se trouvaient Siguir et Khéros, compagnon de la déesse et mange-magie, comme Sixircun.

Wendy tome 3 : le pilier des dragonsWhere stories live. Discover now