Chapitre 15

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 Avec la foule qui les entourait, le boulanger qui criait au voleur et le marchand qui demandait à ce qu'on se saisisse de Sixircun, le groupe avait rapidement été catalogué comme fauteur de troubles et arrêté. Même Wendy, qui n'avait pourtant rien à se reprocher personnellement, avait été menottée.

Si Agabir et Fréone prenaient ça avec le sourire comme étant une nouvelle expérience à vivre, l'adolescente, elle, vivait très mal le fait d'être ainsi entravée. Ces chaînes à ses poignets lui rappelaient bien trop de mauvais souvenirs.

Même en protestant et en affirmant que tout ceci n'était qu'un malentendu et qu'elle n'avait rien fait, les gardes ne voulurent rien entendre et l'emmenèrent comme les autres. Opposer une quelconque résistance ne servait à rien. Elle n'était de toute façon pas une combattante et était certaine que ces soldats la maîtriseraient avant même qu'elle n'ait fini son sort.

Les poings serrés et bouillonnante de rage, elle se laissa donc être emmenée au poste de garde qui se trouvait à quelques rues de la place du marché. En plus de cette colère, la honte la prenait à chaque fois qu'elle croisait un habitant qui la dévisageait. C'était un comportement normal, se dit-elle, alors pourquoi deux des trois imbéciles qui l'accompagnaient marchaient gaiement et disaient bonjour avec le sourire à toutes les personnes qu'ils croisaient ? Ces chaînes étaient finalement les bienvenues, autrement elle en aurait sans doute frappé un.

Une fois arrivés au poste de garde, ceux qui avaient procédé à l'arrestation les firent traverser le bâtiment jusqu'à arriver aux cellules. Ils ouvrirent d'abord l'une d'entre elle, mais, alors qu'ils allaient pour les faire entrer, un homme qui semblait être leur supérieur les interrompit. Quelqu'un avec qui parler ? Peut-être que celui-ci l'écouterait !

— Pas dans celle-là, dit-il d'une voix grave. Enfermez-les dans celle du fond.

Peut-être pas finalement... L'entendre parler lui avait enlevé toute envie de s'expliquer. D'ailleurs, pourquoi celle du fond et pas celle-ci ? Il y avait quelque chose de spécial dans l'autre ? Son imagination travaillant bien plus qu'elle ne l'aurait voulu, l'adolescente s'imagina rapidement que la cellule du fond était dédiée aux interrogatoires, mais surtout à la torture.

Finalement, elle ne put que pousser un soupir de soulagement lorsqu'elle vit que cette autre cellule était en tout point identique aux autres. Cela ne répondait cependant pas à sa question. Pourquoi les mettre dans celle-là ?

Avant de les faire entrer, les gardes retirèrent leurs menottes, chose pour laquelle ils reçurent des remerciements de la part des Lutaliciens. Exaspérée, Wendy entra la dernière et vit, lorsqu'ils verrouillèrent la porte faite de barreaux, qu'un champ de force apparut et engloba toute la pièce.

— N'oubliez pas. Si ça ressemble de près ou de loin à un mage, si vous avez le moindre doute, vous les mettez dans celle-là, expliqua le gradé à ses recrues.

— Mais c'est... De l'anti-magie ! s'exclama Sixircun.

— Bravo gamin ! Avec ça, vous ne nous filerez pas entre les doigts.

— De l'anti-magie ? À quoi bon créer un sort qui empêche les autres sorts ? Questionna Agabir qui ne comprenait pas le concept.

— Tu ne m'en avais jamais préparé des comme ça, continua le mange-magie avec enthousiasme.

— Sixir, n...

Trop tard. Le familier catastrophique avait encore frappé. À peine avait-il effleuré les barreaux que le champ de force faiblit, puis disparut l'instant d'après. Les gardes, surpris et inquiets, portèrent instantanément leur main à leurs épées, prêts à dégainer au moindre murmure d'un sort.

Wendy tome 3 : le pilier des dragonsWhere stories live. Discover now