Chapitre 9

23 4 0
                                    

"- Zongzhu ? Boya Daren est libéré de l'infirmerie. Il peut reprendre une activité normale. La seule restriction est sur un retour d'activité mesuré. Qu'il n'aille pas faire quatre-vingt kilomètres au sprint alors qu'il n'a pas trotté depuis des semaines."

Zhong Xing remercia les guérisseurs puis invita Boya à s'asseoir en face de lui mais il ne l'aida pas à se diriger. Boya resta perdu un instant avant de se souvenir qu'il était capable de "voir" quelque peu son environnement. Il concentra son qi autour de lui pour se repérer. Ce fut plus laborieux qu'à JingYun parce qu'il ne connaissait pas cet environnement mais comme dans l'infirmerie, il ne mit pas longtemps à repérer les objets autour de lui. Il s'installa comme un chaton sur son coussin sans voir le large sourire de Zhong Xing qui poussa une tasse de thé vers lui.

"- Alors, comment trouvez-vous le Yin Yang pour le peu que vous en avez vu jusque-là ?"

Boya faillit faire une remarque acide mais réalisa soudain qu'on ne prendrait pas soin de ses sensibilités ici. Pas comme à JingYun en tout cas. Là-bas, personne ne parlait de son infirmité, mais on le jetait dehors pour avoir un handicap. Ici, "voir" était une tournure de phrase. Pas une insulte ni une moquerie.

Il n'allait pas pleurnicher pour ça !

"- Je suis un peu perdu, je vous avoue. Je ne sais pas comment m'integrer. Ni même si j'ai le droit. Je ne sais même pas... Quelle est ma place." Finit Boya sur un murmure. "Je ne suis qu'un esclave à présent."

Zhong Xing hocha la tête. Boya le sentit faire grâce au qi ambiant dont il commençait à légèrement prendre la mesure. A JingYun, c'était instinctif. Ici... Il lui faudrait du temps.

"- Je comprends. Votre situation est complexe mais elle n'est ni réellement difficile, ni dangereuse. Je sais que pour l'instant, vous avez l'impression d'être submergé mais vous vous y ferez. Vous avez le temps." Rappela le chef de secte.

"- Pour ma dette..."

"- Nous ne pratiquons pas le Remboursement de Dette ici contrairement au reste de l'Empire. Pas alors que la vie est si dure dans le nord. Ici, on dit que sauver la vie d'un homme vous rends responsable de lui pour le reste de votre vie. Et c'est quelque chose dont nous sommes très fiers. Mais je peux comprendre que vous puissiez vous sentir encombré par ce que vous percevez encore comme une dette. Alors sachez que vous me devez pour votre rachat la coquette somme de deux milles taels d'or."

Boya faillit s'étrangler. Alors il n'avait pas mal entendu lors de la vente. Comment allait-il rembourser une somme pareille ? Et sous quel délais ? Il n'y arriverait jamais. C'était impossible.

"- Je sais." Continua Zhong Xing. "C'est une somme colossale. Pourtant, j'ai attendu le dernier moment avant de vous acheter justement pour que votre "dette" soit la plus faible possible. Je n'ai pas voulu vous manquer de respect en diminuant votre valeur, mais je suis profondément contre cette manie de JingYun de vendre ses disciples pour s'en débarrasser. Je ne voulais pas leur laisser le moindre bénéfice dans cette lamentable histoire. Je ne m'attendais pas à ce que finalement un autre acheteur potentiel montre le bout du nez. Et encore moins que d'autres s'en mêlent à leur tour. Mais je ne pouvais en aucun cas vous laisser acheter par un autre. Votre place est ici. Avec nous."

Boya hocha la tête, une boule dans la gorge. Il comprenait. Mais... deux mille tael d'or ? ce n'était pas une histoire de quelques talismans dessinés et revendus sous le manteau pour être libre ! Comment obtenir cette somme ? Il y avait là de quoi construire un village !!!

La question qui restait était moins de comment les obtenir, que si c'était même possible un jour.

Et puis, il restait l'esclave de Zhong Xing. Quoi qu'il fasse, tout lui revenait. Peu importait que la somme soit ridicule ou colossale s'il ne pouvait plus gagner la moindre rognure de cuivre pour lui-même.

Le Maitre-ChanteurWhere stories live. Discover now