Chapitre 3

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«

Ça ne vas pas ? demanda Marion. »

Lucien venait de passer une journée qu'il jugeait « dégueulasse ». Il avait eut neuf sur vingt pour son poème sans intérêt. Mais la présence de Marion lui avait, comme par magie, redonné le sourire.

- C'est gentil de ta part de te soucier de moi, répondit-il.

Il venait de se rendre compte qu'il avait osé, osé lui parler, sans réfléchir, sans asperger une énième fois son cerveau de remarques philosophiques sans importance.

- Allez, explique-moi ! dit-elle.

Lucien fut très agréablement surpris de l'intérêt qu'elle portait à des choses le concernant. C'était une occasion à ne pas gâcher. Il devait y avoir une étincelle poétique dans son propos qui la séduirait. Lucien avait compris que c'était son intellectualité qui ferait la différence.

- J'ai obtenu une mauvaise note pour mon poème, dit-il.

- De quoi parle-t-il ? demanda-t-elle, curieuse.

- D'amour.

Il l'avait dit d'une manière ni sèche ni douce, c'était entre les deux. Il ne savait donc pas comment cela allait être pris par son interlocutrice.

- Je vois, dit-elle en rougissant.

- Qu'y-a-t-il ?

- Non, rien.

- Je t'ai dit, tu dois me dire.

Lucien se rendit compte qu'il avait parlé avec trop d'assurance, et il le regrettait. Il craignait la réponse.

- Le sujet me concerne.

Il reçut un pincement au cœur. C'était très dur à accepter. Il se doutait très largement qu'elle était amoureuse de Martin. Ces quatre mots l'avaient fait basculer dans une phase de désespoir. Il ne savait plus où il en était, il avait mal à la tête. Et il perdit connaissance.

Il se réveilla un peu plus tard dans une salle de classe vide. Un immense silence y régnait. C'était très apaisant pour lui. Puis, il constata qu'une feuille de papier était posée sur la table devant lui. Il y avait écrit dessus :

01 heure de retenue pour Lucien Populi, étudiant en classe A.

Motif : dort en classe.

Il s'agissait là du plus grand quiproquo dont il fut l'objet dans sa jeune vie. Il sentait son déclin approcher. Cette fois, il en était persuadé, ce serait lui qui aura la misère de descendre en classe B. Il faut comprendre qu'avoir une heure de retenue lorsque l'on est en A, c'est tout simplement impossible, surtout pour Lucien !

Et maintenant, où aller ? Il regarda l'heure : la petite aiguille indiquait le chiffre 4. Il se décida à sortir de la pièce. Il lui fallait se relever, dans ce genre d'épreuve, mais les sentiments qu'il éprouvait pour Marion l'en empêchait.

Il arriva dans un long couloir mal éclairé. Il y marcha longuement puis s'arrêta alors qu'il en atteignait la fin. Il s'accroupit, et pleura. Il était complètement impuissant face à la dureté des évènements de sa vie. Lucien était accablé par le destin. Tout allait mal, et il comprenait que cela ne s'arrangerait pas. 

AmoureuxWhere stories live. Discover now