Chapitre 18

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ne quantité de sang abondante coulait le long de ses cuisses poilues, ses yeux étaient fermés et sa bouche grande ouverte. Lucien était tout recroquevillé contre lui-même et des passants commencèrent à s'approcher de son corps pâle. Quelqu'un, après maintes observations, finit par appeler une ambulance qui arriva très peu de temps plus tard. On l'embarqua à bord du véhicule. Et pour son grand déplaisir, Lucien se réveilla sur son lit d'hôpital.

« Qu'est-ce que je fous ici ? Ça ressemble à ça le paradis ? Et bah dis-donc ! »

Les draps où il se trouvait étaient d'une blancheur incomparable, tout comme les murs. Ils avaient quelque chose d'apaisant mais aussi de maladif et d'écœurant. Il se regarda lui-même et vit qu'il était plein de bandages eux-aussi blancs mais tachés par-ci par-là de fines gouttes de sang. Il y en avait surtout autour de sa jambe gauche. Soudain, quelqu'un frappa à la porte.

« Entrez ! dit-il. »

Une jeune femme entra en blouse blanche. Elle s'approcha de lui.

« Oh mon Dieu ! s'écria-t-il. Qu'elle est belle ! »
- Pardon ? demanda-t-elle.

- Non, je viens simplement de réaliser que j'ai oublié de sortir les poubelles.

- Ah, d'accord.

Lucien prit le temps de l'observer. Elle avait de fines lèvres roses, qui paraissaient enfantines, et son visage esquissait un sourire chaleureux. Elle avait de longs cheveux châtains. Il tombait soudain fol amoureux. Elle était ravissante. Il en oublia qui était Marion. Il ressentait cet espoir naissant le remplir de joie. Il l'aimait profondément, et, sans la connaître, il savait qu'il serait prêt à lui donner sa vie. Lucien n'avait plus envie de mourir, non, il avait envie de vivre, de vivre avec cette femme merveilleuse. Il lui semblait que la différence d'âge entre eux n'était pas flagrante et cela le rassura.

- Je peux vous poser une question ? Qu'est-ce que je fais là ?

- Vous ne vous en souvenez pas ? dit-elle avec douceur. Vous vous êtes défenestré.

- Et je ne suis pas mort ?

- Heureusement que non ! Nous vous avons embarqué dans notre ambulance et on vous a emmené ici.

- Mais il y a des risques que je meurs des suites de mes blessures ?

- Non, pas vraiment. Par contre, il y a un très grand risque que vous deveniez aveugle. Il y a un nerf optique qui a été touché. Mais je ne l'espère pas.

- Vous êtes gentille.

- C'est mon travail, Monsieur.

- Appelez-moi Lucien, dit-il. Après tout, nous avons à peu près le même âge !

- C'est entendu.

Il s'arrêta un instant.

- Je peux vous demander votre nom ?

La jeune femme lui sourit.

- Je m'appelle Victoire.

- Très joli.

- Merci.

- Mais je vous en prie, c'est la vérité.

Elle esquissa une petite moue et alla ranger du linge dans une armoire derrière son lit. Il fut soudain prit d'une énorme démangeaison. Quelque chose en lui avait envie de lui avouer ses sentiments. Lucien tenta alors une lutte inespérée pour garder le contrôle de lui-même.

« Je deviens fou, pensa-t-il. »

Mais il n'y arrivait plus et il cria avec toute son âme deux mots qui sont sans aucun doute les plus beaux qui puissent exister :

- Je vous aime !

AmoureuxWo Geschichten leben. Entdecke jetzt